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Publication d’écoutes : Pierre Péan blâme les journalistes

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2 avril 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Publication d’écoutes : Pierre Péan blâme les journalistes

Temps de lecture : 3 minutes

Profitant d’un long entretien accordé au Figaro, Pierre Péan n’a pas été très tendre avec ses confrères au sujet de leur traditionnelle tendance à la divulgation d’écoutes judiciaires.

Pour ce jour­nal­iste d’en­quête réputé, « ces affaires témoignent d’une évo­lu­tion du méti­er qui existe depuis des années. Les principes qui guident la pro­fes­sion de jour­nal­iste sem­blent avoir pro­fondé­ment changé. (…) La Déc­la­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen avait mis la pré­somp­tion d’in­no­cence au 9ème arti­cle, la lib­erté de la presse, deux arti­cles plus loin, à l’ar­ti­cle 11. Aujour­d’hui, la lib­erté de presse prime, dans les faits, sur la pré­somp­tion d’in­no­cence. » Et de pour­suiv­re : « Ces affaires témoignent du fait qu’on assiste de plus en plus à l’as­so­ci­a­tion de deux pou­voirs: le pou­voir judi­ci­aire et le pou­voir médi­a­tique. Cela n’est pas sain dans une démoc­ra­tie d’avoir deux pou­voirs qui font alliance. »

Visant claire­ment Médi­a­part, et faisant référence à la pub­li­ca­tion d’ex­traits des écoutes de Nico­las Sarkozy dans l’af­faire Bet­ten­court, Péan accuse : « Aujour­d’hui, un cer­tain jour­nal­isme se fonde sur la vio­la­tion de la loi. Toutes les grandes affaires que vous évo­quez sont basées sur la vio­la­tion du secret de l’in­struc­tion. Le jour­nal­iste dit ‘d’in­ves­ti­ga­tion’ a des pou­voirs et des moyens exor­bi­tants du droit com­mun. En pub­liant une écoute, c’est comme s’il avait la pos­si­bil­ité d’é­couter, de perqui­si­tion­ner. Cela pose le prob­lème de la défense du jus­ti­cia­ble. Les poli­tiques ne sont pas des sous-citoyens, ils méri­tent une pro­tec­tion de leur intim­ité, comme tout le monde. »

Et celui-ci de faire le par­al­lèle entre l’Ed­wy Plenel des années 80, se plaig­nant des écoutes dont il était la vic­time, et l’Ed­wy Plenel d’au­jour­d’hui qui vio­le le secret d’in­struc­tion tout sourire. Car pour Péan, la pub­li­ca­tion d’é­coutes « met en pâture » les per­son­nes con­cernées. « Si le juge­ment inno­cente la cible des jour­nal­istes, celle-ci n’au­ra droit qu’à quelques lignes dans les jour­naux. Et cette inno­cence judi­ci­aire ne rééquili­br­era pas la cul­pa­bil­ité instal­lée dans l’opin­ion publique », explique-t-il.

Et le jour­nal­iste de con­clure : « Pour que les écoutes atter­ris­sent sur le bureau d’un jour­nal­iste, il faut qu’il y ait une volon­té des deux côtés. (…) Le point d’o­rig­ine est for­cé­ment l’au­torité judi­ci­aire. Soit c’est l’au­torité judi­ci­aire qui estime dans sa stratégie d’in­struc­tion qu’il est utile que les écoutes soient con­nues publique­ment, soit il s’ag­it d’un acte mil­i­tant, des­tiné à nuire”, rap­pelle-t-il en appelant cepen­dant ses con­frères à pren­dre du recul face à ses “fuites”. “Atten­dre sur son bureau les PV des juges, ce n’est pas ce que j’ap­pelle de l’en­quête, mais de la sim­ple ges­tion de fuites. Le jour­nal­iste devient un pion, ren­trant dans les objec­tifs des uns et des autres, devenant l’outil de vengeances ou de straté­gies judiciaires. »

Lire aussi notre portrait d’Edwy Plenel

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Gorgui Ndoye via Youtube (DR)