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ProRussiaTV : les journalistes sont-ils des « collabos » ?

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8 mars 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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ProRussiaTV : les journalistes sont-ils des « collabos » ?

Temps de lecture : 3 minutes

C’est la question provocatrice que pose un reportage de ProRussiaTV. Si l’adjectif utilisé est certainement excessif, il n’en reste pas moins que la question est pertinente : ne serait-ce pas une certaine proximité idéologique avec le pouvoir en place, voire un manque total d’indépendance dans le traitement de l’information, qui expliquerait cette hostilité croissante de la population à l’égard des journalistes ?

Citant la grande enquête sur les médias que La Croix effectue depuis dix ans, Claude Chol­let, prési­dent de l’Ojim, rap­pelle que l’image des médias et des jour­nal­istes se dégrade d’année en année. Voilà pour les faits, con­fir­mé par les images désor­mais habituelles de jour­nal­istes molestés par des man­i­fes­tants de tout bord politique.

Quant à l’explication de ce « désamour », le jour­nal­iste Dim­itri de Kochko y voit la con­séquence de la pen­sée unique et l’absence de var­iété dans les opin­ions et les analy­ses pro­posées, même s’il souligne que le méti­er con­tin­ue par ailleurs para­doxale­ment de fascin­er les jeunes. Pour Jean-Yves Le Gal­lou, prési­dent de la fon­da­tion Polémia, il y a certes une pen­sée unique mais il y a surtout le fait que cer­tains jour­nal­istes se font car­ré­ment les « com­plices » du pou­voir. Et de citer la manière dont Claire Chaz­al a récem­ment « mis en scène » une inter­view de Jean-Luc Mélen­chon bat­tant le pavé parisien, don­nant à penser qu’il y avait une foule der­rière lui quand une pho­to au plan élar­gi révélait que la claque n’était con­sti­tuée que d’une ving­taine de per­son­nes

Claude Chol­let pointe de son côté un « même air de famille » entre jour­nal­istes et poli­tiques et estime que ce désamour entre les médias et la pop­u­la­tion pour­rait bien venir d’une con­tra­dic­tion entre une indépen­dance théorique fière­ment revendiquée et l’exercice con­cret du méti­er, dont il appa­raît de plus en plus évi­dent qu’il est de con­nivence avec les poli­tiques. « C’est cette con­tra­dic­tion qui est très fer­me­ment con­damné par l’opinion publique et qui peut aller jusqu’à des ter­mes extrêmes comme jour­nal­istes col­la­bos par exem­ple… »

Un jeune jour­nal­iste de Sud Radio, Louis Morin, réfute quant à lui cette con­nivence, allant jusqu’à estimer que les ami­tiés journalistes/politiques « tirent vers le haut » la pro­fes­sion… Selon lui, la véri­ta­ble con­nivence con­sis­terait à « cacher » une infor­ma­tion, ce qui est selon lui impos­si­ble aujourd’hui avec Inter­net. C’est oubli­er un peu vite que la télévi­sion demeure la source d’information prin­ci­pale, pour ne pas dire exclu­sive, d’une majorité de nos conci­toyens. Si l’on ne peut en effet pas « cacher » totale­ment une infor­ma­tion à l’ensemble de la pop­u­la­tion, le choix de la met­tre en ouver­ture de JT ou de ne pas même l’évoquer déter­mine évidem­ment son impact sur la pop­u­la­tion. Imag­i­nons un instant cette scène : il est 20 heures, le jin­gle du JT de France 2 défile sur votre écran, la voix off de Pujadas récite : « Séisme poli­tique en Europe. L’agence européenne pour la ges­tion de la coopéra­tion opéra­tionnelle aux fron­tières extérieures (Fron­tex) annonce que l’immigration clan­des­tine dans l’Union européenne a bon­di de 48% en 2013 ». Voilà pour la séquence sci­ence-fic­tion. Dans la réal­ité, votre JT n’a évidem­ment pas dit un seul mot de cette infor­ma­tion tout à fait réelle… Priv­ilégi­er les con­séquences poli­tiques pos­si­bles d’une infor­ma­tion sur l’information elle-même : voilà peut-être égale­ment ce que les Français ne sup­por­t­ent plus.