Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
[Dossier] Presstalis : Les dérives suicidaires du syndicalisme

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

15 mars 2013

Temps de lecture : 14 minutes
Accueil | Dossiers | [Dossier] Presstalis : Les dérives suicidaires du syndicalisme

[Dossier] Presstalis : Les dérives suicidaires du syndicalisme

Temps de lecture : 14 minutes

Si le monde de la presse écrite française regorge d’insolites existences, celle de Presstalis est peut-être la plus mystérieuse de toutes. C’est la longue histoire de la dérive du syndicalisme français qui est tout entière ramassée dans le fonctionnement absurde de cette entreprise aux accents monopolistiques.

Tout com­mence en 1947 quand, au lende­main de la Libéra­tion, la loi Bichet 1, désireuse d’octroyer une capac­ité de dif­fu­sion équitable aux jour­naux nationaux dit « jour­naux parisiens » dans le jar­gon, ordonne la créa­tion des Nou­velles Mes­sageries de la Presse Parisi­enne (NMPP). Il faut dire que la presse française, qui fut la pre­mière au monde, aus­si bien pour la qual­ité, le tirage que la var­iété au début du XXème siè­cle, est sor­tie lam­inée de cinq ans de guerre, d’Occupation et de Col­lab­o­ra­tion. Il s’agit de la recréer sur de nou­velles bases et de lui con­fér­er un élan neuf.

Orig­inelle­ment, la loi Bichet prévoit ain­si que l’éditeur de presse aura le choix de la dis­tri­b­u­tion ; elle ajoute que dès que deux édi­teurs au moins met­tront en com­mun des moyens pour assur­er la dis­tri­b­u­tion de leurs titres, ils ne pour­ront refuser à un troisième édi­teur de les rejoin­dre, ce qu’on appelle la lib­erté d’ac­cès au réseau. Les édi­teurs sont ain­si poussés à se rassem­bler en coopéra­tives pour la dis­tri­b­u­tion, afin de dimin­uer les coûts. Noble pro­jet. Les NMPP sont donc struc­turées dès le début en une SARL détenue à 51 % par les édi­teurs de presse, regroupés en deux coopéra­tives, et à 49 % par Hachette SA, pro­priété du groupe Lagardère, qui assume un rôle d’opéra­teur. Il en sera ain­si jusqu’en 2011.

Un rôle d’intermédiaire entre les éditeurs et les diffuseurs

Les NMPP se van­tent donc de répar­tir et dis­tribuer les titres sur l’ensemble du ter­ri­toire nation­al et à l’étranger, jouant le rôle d’intermédiaire entre les édi­teurs et les dif­fuseurs – c’est-à-dire les points de vente et les kiosquiers. Ce sont aujourd’hui plus de 100 quo­ti­di­ens et 3 500 mag­a­zines français et étrangers ain­si que 4 000 pro­duits ency­clopédiques et DVD, qui sont con­fiés à Presstal­is — le nou­veau nom des NMPP.

Au total, la société dis­tribue tous les quo­ti­di­ens nationaux et près de 80 % des mag­a­zines et des pro­duits mul­ti­mé­dias par l’intermédiaire de déposi­taires et de fil­iales ou dis­trib­u­teurs locaux indépen­dants. Presstal­is appro­vi­sionne 28 000 points de vente, et dis­tribue en out­re la presse française dans plus de 100 pays étrangers. Le rôle est cru­cial, et les moyens énormes. Si l’idée sem­ble intel­li­gente et généreuse au départ, et apte à aider à la recon­struc­tion d’une grande presse après la péri­ode funeste de l’Occupation, elle a pour­tant dérapé très vite dans le trust.

Sous la coupe du SGLCE-CGT

Car 1947, l’année de sa créa­tion, est un moment cri­tique pour la France : le « péril » com­mu­niste y est plus que réel, c’est le temps où la France risque de bas­culer sous une dic­tature des sovi­ets. Les dif­férents gou­verne­ments qui se suc­cè­dent sont tous tenus de don­ner des gages au pre­mier par­ti de France qu’est le PCF pour éviter des grèves à répéti­tion et une guerre civile. C’est ain­si que les NMPP vont tomber dans l’escarcelle du puis­sant Syn­di­cat général du livre et de la com­mu­ni­ca­tion écrite (SGLCE-CGT) qui imposera sa loi au secteur entier de la presse quo­ti­di­enne nationale, et ce, jusqu’aujourd’hui. L’histoire de ce syn­di­cat est anci­enne : il est l’héritier du Comité syn­di­cal du livre créé dans les années 30 par la réu­nion des syn­di­cats des typographes, des cor­recteurs, des mécani­ciens-linos, des fondeurs et du livre-papier.

A l’origine, il représente un gage de qual­ité pour les édi­teurs, qui sont assurés de dis­pos­er ain­si des meilleurs ouvri­ers : à l’in­star des syn­di­cats anglais et améri­cains, son label était apposé au-dessous du nom de l’im­primeur sur chaque exem­plaire du jour­nal… à con­di­tion que l’en­tre­prise s’en­gageât à n’embaucher que des ouvri­ers syn­diqués. Ce label demeu­ra jusqu’à la sec­onde guerre mon­di­ale une forme par­faite­ment régulière de con­trat d’usage de la mar­que syn­di­cale, libre­ment souscrit par les édi­teurs et imprimeurs. Il garan­tis­sait l’exé­cu­tion d’un tra­vail dans les règles de l’art par un per­son­nel haute­ment qual­i­fié. Cette pra­tique avait d’ailleurs été légal­isée par la loi du 25 févri­er 1927 com­plé­tant le code du travail.

Monopole de recrutement

Mais le ton du syn­di­cat se durcit peu à peu, dans la ligne de la mon­tée en puis­sance du PCF en France, et les con­di­tions qu’il impose, notam­ment à de Gaulle en 1944, sont dra­coni­ennes. Pour s’employer dans les imprimeries du Livre (c’est-à-dire celles qui impri­ment les quo­ti­di­ens et mag­a­zines nationaux), l’ouvrier est tenu d’adhérer au syn­di­cat. De même, pour les NMPP, tous les salariés sont tenus de pren­dre leur carte dans ce seul syn­di­cat. Dans la mesure où cette pra­tique con­duit à sup­primer la lib­erté d’embauche de l’employeur — le syn­di­cat choi­sis­sant à sa place les ouvri­ers néces­saires à l’en­tre­prise — elle est con­damnée par la loi du 27 avril 1956, dite loi Moisan, inter­dis­ant à tout employeur de pren­dre en con­sid­éra­tion l’ap­par­te­nance à un syn­di­cat ou l’ex­er­ci­ce d’une activ­ité syn­di­cale dans les déci­sions rel­a­tives au per­son­nel — notam­ment l’embauche. Les dis­po­si­tions de ce texte prononçaient en out­re la nul­lité de tout accord ou dis­po­si­tion ten­dant à oblig­er l’employeur à n’embaucher ou à ne con­serv­er à son ser­vice que les adhérents du syn­di­cat pro­prié­taire de la mar­que ou label.

Un symbole du poids de la CGT

Dans les faits, cette loi ne fut jamais appliquée au secteur de la presse quo­ti­di­enne nationale. La CGT avait obtenu en effet en août 1944 du secré­taire général à l’in­for­ma­tion, Fran­cisque Gay, le mono­pole du recrute­ment de toutes les caté­gories de per­son­nels néces­saires à l’im­pres­sion de la presse. Par ailleurs, la plu­part des édi­teurs con­sen­tirent à se lier les mains afin de dis­pos­er d’une organ­i­sa­tion du tra­vail per­me­t­tant de faire face aux fréquentes et impor­tantes vari­a­tions de pag­i­na­tions liées à l’actualité.

A compter de cette date, le label perdit son car­ac­tère de con­sen­te­ment mutuel pour devenir le sym­bole du poids de la CGT au sein de la presse parisi­enne. La respon­s­abil­ité et l’indépen­dance d’embauche des entre­pris­es dis­parais­sant au prof­it de l’or­gan­i­sa­tion syn­di­cale qui désor­mais gère la struc­ture chargée de désign­er les ouvri­ers et de les rem­plac­er, fixe les tar­ifs syn­di­caux et les con­di­tions de tra­vail, super­vise la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, égalise les salaires par rota­tion du per­son­nel sur tous les postes de tra­vail et à toutes les heures.

Le SGLCE-CGT se retrou­ve bien­tôt syn­di­cat unique dans tout le secteur de la presse nationale – imprimerie comme dis­tri­b­u­tion — et sa capac­ité à diriger des grèves des semaines durant, qui blo­quent la paru­tion et la dis­tri­b­u­tion des quo­ti­di­ens et mag­a­zines, paral­yse les patrons de presse. Le qua­trième pou­voir, celui qui est cen­sé dénon­cer les injus­tices, est réduit au silence. La sit­u­a­tion inique dure plusieurs décennies.

Les éditeurs résistent à dix jours de grève

Rare sont les groupes de presse qui essaieront, tar­di­ve­ment, de con­tourn­er les NMPP, ou du moins de rené­goci­er les con­di­tions de dis­tri­b­u­tion : de 1975 à 1977, Emi­lien Amau­ry, fon­da­teur du groupe de presse éponyme, et notam­ment pro­prié­taire du Parisien et de L’Équipe, mène un bras de fer con­tre le syn­di­cat, sans suc­cès. Mais en 1989, pour la pre­mière fois, les grands édi­teurs de presse coal­isés, soucieux de la baisse des ventes au numéro, résis­tent à dix jours de grève totale et ne cèdent pas à la récla­ma­tion d’une aug­men­ta­tion de salaire. En 2010, rebe­lote, les ouvri­ers du livre blo­quent la dis­tri­b­u­tion trois semaines durant pour pro­test­er con­tre la réforme de leur statut. Car c’est ici que se trou­ve le nœud du prob­lème : au fur et à mesure des décen­nies, le SGLCE-CGT, en tant que syn­di­cat unique et fort de sa fonc­tion de bureau de place­ment exclusif des ouvri­ers du livre, a réus­si à obtenir pour eux un statut salar­i­al excep­tion­nel qui grève la com­péti­tiv­ité de la presse nationale.

Statut exceptionnel

Créé par la com­mis­sion des affaires cul­turelles du Sénat le 23 jan­vi­er 2007, le « groupe de tra­vail sur la crise de la presse quo­ti­di­enne d’in­for­ma­tion poli­tique et générale », mené sous la direc­tion de Louis de Brois­sia, con­clu­ait en effet que les coûts d’impression et de dis­tri­b­u­tion de la presse en France était les plus élevés du con­ti­nent : « La plu­part des études pub­liées sur la presse au cours des dernières années ont souligné, pour le regret­ter, le niveau élevé des coûts fix­es d’im­pres­sion et de dis­tri­b­u­tion imposés à la presse quo­ti­di­enne. Ils représen­tent en effet près de la moitié du prix de vente d’un titre français. En matière d’impres­sion, la France se car­ac­térise tou­jours par des coûts de pro­duc­tion plus élevés que la moyenne européenne. Cette sit­u­a­tion résulte moins du niveau des salaires indi­vidu­els que des sur­ef­fec­tifs négo­ciés par le syn­di­cat de Livre au cours des dif­férents con­flits soci­aux ayant accom­pa­g­né la mod­erni­sa­tion du secteur. »

Des salaires confortables…

La spé­ci­ficité des ouvri­ers du Livre tient d’abord à la rémunéra­tion con­fort­able de ses mem­bres, avan­tage orig­inelle­ment jus­ti­fié par la durée et la péni­bil­ité des tâch­es effec­tuées. En 2002, M. Yves Sabouret, directeur général des NMPP, évo­quait « un per­son­nel ouvri­er [qui] gagne 15 à 18 000 francs nets par mois pour moins de trente heures de tra­vail effec­tif par semaine ». Les coûts salari­aux présen­tent égale­ment un écart énorme vis-à-vis des autres entre­pris­es de logis­tique. Grâce aux dif­férentes primes et avan­tages, les salaires des ouvri­ers de l’en­tre­prise se situent aujourd’hui entre 4200 à 5000 euros par mois. La san­té économique de Presstal­is pâtit égale­ment d’un taux d’en­cadrement par­ti­c­ulière­ment élevé, encadrement qui est payé entre 5700 à 7100 euros en moyenne. Ces coûts salari­aux ont pour con­séquence que « le coût d’un employé de Presstal­is équiv­aut à net­te­ment plus du dou­ble de celui des employés d’un autre logis­ti­cien, et son temps de tra­vail est net­te­ment inférieur de moitié » (Renault Enguérand, Le Figaro, 7 févri­er 2013).

Le développe­ment du recours aux pigistes et la réduc­tion des effec­tifs des rédac­tions trou­vent cer­taine­ment dans cette sit­u­a­tion une par­tie de leur expli­ca­tion. C’est donc toute la presse qui souf­fre de ce mono­pole absurde.

Une situation ubuesque

Aujourd’hui, en dépit de la diminu­tion de son influ­ence dans les imprimeries et au sein des NMPP, en dépit de la mod­erni­sa­tion du secteur, le « Livre » préserve sa capac­ité de nui­sance. Il sait encore se faire enten­dre en ordon­nant le blocage de la paru­tion des titres, pri­vant ain­si les lecteurs de l’ensem­ble des quo­ti­di­ens nationaux, comme le début de l’année 2013 l’a montré.

Cette sit­u­a­tion est ubuesque, en ce que, décourageant les lecteurs et les con­duisant à recourir à des médias de sub­sti­tu­tion, elle risque de porter un coup fatal sup­plé­men­taire à l’é­conomie de la presse parisi­enne, et par rebond aux syn­di­cal­istes eux-mêmes qui ne veu­lent pas voir qu’ils sci­ent la branche sur laque­lle ils sont assis.

Il faut ajouter à cela que, pour des raisons his­toriques, géo­graphiques et démo­graphiques, la France s’est dotée d’un sys­tème de dis­tri­b­u­tion car­ac­térisé par un faible niveau de dis­tri­b­u­tion adressée – appelé « portage ». Bien qu’il assure la fidél­ité du lecteur et garan­tisse la tré­sorerie des titres, l’abon­nement non plus n’a jamais réus­si à sup­planter la vente au numéro.

60 000 parutions à l’année…

Dans ces con­di­tions, le réseau de dis­tri­b­u­tion et de dif­fu­sion joue un rôle stratégique pour les édi­teurs français : assur­ant le lien entre l’im­primerie et le lecteur, il lui appar­tient d’a­chem­iner et d’ex­pos­er dans les meilleures con­di­tions un pro­duit éminem­ment périss­able. Mal­heureuse­ment, l’his­toire et la pro­fes­sion ont dévoyé le sys­tème : les pra­tiques ont provo­qué la déliques­cence d’un réseau encom­bré qui peine à con­serv­er son indis­pens­able efficacité.

Cer­taines con­séquences découlant d’une inter­pré­ta­tion lax­iste du texte par les coopéra­tives, et donc par les édi­teurs de presse, étaient prévis­i­bles. La pre­mière de ces con­séquences est l’en­com­bre­ment des linéaires des dif­fuseurs de presse lié à l’ab­sence de véri­ta­ble régu­la­tion des flux. En inter­pré­tant de manière exten­sive les dis­po­si­tions d’une loi des­tinée, à l’o­rig­ine, à garan­tir le plu­ral­isme de la presse d’opin­ion, les édi­teurs ont ain­si con­tribué à favoris­er les abus de toutes sortes et à noy­er le pro­duit presse.

Gérard Proust, prési­dent de l’U­nion nationale des dif­fuseurs de presse, rap­pelait ain­si aux mem­bres du groupe de tra­vail que les coopéra­tives de presse injec­taient dans le réseau près de 4 500 références de presse soit 60 000 paru­tions à l’an­née. La mul­ti­pli­ca­tion des inven­dus est un autre signe évi­dent du dys­fonc­tion­nement du sys­tème actuel : loin de garan­tir le plu­ral­isme, les pra­tiques actuelles favorisent plutôt les com­porte­ments oppor­tunistes et les coups ponctuels en ouvrant le réseau de dis­tri­b­u­tion au tout venant.

Les pra­tiques actuelles par­ticipent enfin à la dis­pari­tion des points de vente. Asso­ciée aux prob­lèmes de rémunéra­tion des dif­fuseurs et à la flam­bée du prix des baux com­mer­ci­aux, la péni­bil­ité engen­drée par l’af­flux quo­ti­di­en de cen­taines de titres a sans doute accéléré le mou­ve­ment de fer­me­ture des points de vente. C’est comme si la presse payante s’éloignait pro­gres­sive­ment du lecteur en lais­sant le mail­lage du ter­ri­toire se dégrad­er pro­gres­sive­ment. Il y a aujourd’hui, en France, moins de 28 000 points de vente alors que l’Allemagne en recense 120 000…

250 millions d’aide de l’État

Aujourd’hui, Presstal­is est dev­enue une SAS. Lagardère ayant reven­du ses parts pour un euro sym­bol­ique, elle est pos­sédée par une coopéra­tive de mag­a­zines qui détient 75% et une coopéra­tive de quo­ti­di­ens qui pos­sède les 25% restants. Mais, mal­gré les divers­es réformes, rien n’a changé dans le fond : l’entreprise accu­sait en 2011 encore une perte de 15 mil­lions d’euros. Elle a en con­séquence béné­fi­cié en 2012 de 250 mil­lions d’euros d’aides à la presse de la part de l’État. Comme le rap­pelle le min­istre Jérôme Cahuzac, chez Presstal­is, « il y a eu un pre­mier plan de mod­erni­sa­tion en 2002, un deux­ième en 2004, un troisième en 2007 pour 150 mil­lions d’euros, un qua­trième en 2010 pour 130 à 135 mil­lions d’euros. En 2011, on repart sur un nou­veau plan avec, cette fois, un effort de près de 250 mil­lions d’euros ». Le plan de restruc­tura­tion de Presstal­is prévoit la sup­pres­sion de 1250 postes sur 2500. Avec comme con­séquence, pas moins de trente actions de blocage total ou par­tiel depuis octo­bre dernier…

Plan social

Le plan social est pour­tant par­ti­c­ulière­ment humain : « Il y a des reclasse­ments pro­posés, notam­ment à la Poste, prob­a­ble­ment à la RATP et dans d’autres entre­pris­es publiques. Les con­di­tions sociales de tra­vail des ouvri­ers du Livre sont extrême­ment favor­ables. Les salaires sont élevés et les indem­nités de départ sont excep­tion­nelles », a ajouté Marc Feuil­lée, directeur général du Figaro et prési­dent du Syn­di­cat de la presse quo­ti­di­enne nationale (SPQN, patronat). De plus, en cas de licen­ciement, la con­ven­tion col­lec­tive de la presse prévoit des indem­nités de départ au min­i­mum dix fois supérieures à celles qui sont inscrites dans le Code du travail…

Compte tenu du niveau des salaires chez Presstal­is, un salarié avec 30 ans d’ancienneté quit­terait l’entreprise avec, au min­i­mum, 100 000 euros d’indemnités. Il faut not­er que le plan social touche au cœur du sys­tème Presstal­is, le secteur des cen­tres de dis­tri­b­u­tion en région parisi­enne. Il s’ag­it de l’en­droit où les emplois sont sou­vent les moins qual­i­fiés et où le salaire moyen est élevé, pour un temps de tra­vail réduit.

Secouer le cocotier

Au 6 févri­er 2013, les grèves à répéti­tion com­mençaient à peser dra­ma­tique­ment sur les comptes de l’en­tre­prise, qui affiche une perte éval­uée entre 2 et 3 mil­lions d’eu­ros. Quant au nom­bre d’ex­em­plaires de quo­ti­di­ens inven­dus, il se chiffr­erait, à ce jour, entre 1 et 1,5 mil­lions d’ex­em­plaires. Tout sem­ble indi­quer que, devant la men­ace d’internet, des gra­tu­its, et la chute con­stante des ventes aux numéros, l’agitation des syn­di­cal­istes de Presstal­is ne se résume à des moulinets de bras. Les édi­teurs de presse sem­blent enfin, en ce début d’année 2013, décidés à sec­ouer le cocoti­er et à bris­er l’héritage sovié­toïde des ouvri­ers du Livre.

RP


1 Robert Bichet, député MRP de Seine et Oise, a été aupar­a­vant à la tête des ser­vices de l’information sous de Gaulle puis sous Bidault.