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Accueil | Portraits | Michel Field

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15 mars 2022

Temps de lecture : 11 minutes

15 mars 2022

Accueil | Portraits | Michel Field

Michel Field

Temps de lecture : 11 minutes

Du trotskysme à la superclasse mondiale

Michel Field (pseudonyme) est né le 17 juillet 1954 à Saint-Saturnin-lès-Apt (Vaucluse). Il est le fils de Jacqueline Lévy et d’Erwin Feldschuh, un ouvrier autrichien réfugié en France après l’Anschluss. Protégé de Delphine Ernotte, le Monsieur Culture de France Télévisions est plus installé que jamais.

Formation universitaire

Agrégé de philoso­phie. Pro­fesseur à l’É­cole nor­male d’in­sti­tutri­ces de Douai puis à l’É­cole nor­male d’in­sti­tu­teurs de Ver­sailles. Enseignant dans les uni­ver­sités de Nan­terre et Vin­cennes à Saint-Denis.

Parcours professionnel

2021

Suite aux révéla­tions du com­porte­ment inces­tueux d’Olivier Duhamel, Europe1 prend la déci­sion d’arrêter l’émission « Medi­apo­lis » qu’il avait lancé avec Michel Field en 2007. Ce dernier n’animait plus l’émission depuis 2015, même s’il était resté proche de son influ­ent ami. En effet, il est occupé à lancer la chaîne éphémère Cul­ture­box, éma­na­tion de France Télévi­sions. Selon son directeur, « l’idée, c’est d’ou­vrir une grande salle de spec­ta­cle où les Français pour­ront pal­li­er l’ab­sence de pos­si­bil­ité d’aller dans les vraies. D’ou­vrir une chaîne éphémère, car son des­tin est de fer­mer le plus rapi­de­ment pos­si­ble : on le souhaite, parce que ça voudra dire que les salles de spec­ta­cles et les lieux cul­turels rou­vrent ».

2018

Passé par la porte, l’inoxydable revient par la fenêtre. A la faveur de la volon­té de Del­phine Ernotte de liq­uider les direc­tions des chaînes au prof­it de pôles thé­ma­tiques trans­ver­saux, Field hérite de la cul­ture et du spec­ta­cle vivant.

Mai 2017

La cam­pagne prési­den­tielle sera fatale à Field, qui paie son man­age­ment bru­tal (ses rela­tions avec Elise Lucet et David Pujadas furent pour le moins exécrables) et des accu­sa­tions de com­plai­sance dans une rédac­tion qui n’aime pas être bous­culée. Il donne sa démis­sion avant une sec­onde motion de défi­ance s’apprêtait à être votée con­tre lui et peu de temps après la pub­li­ca­tion d’une tri­bune dans Libéra­tion où il tente de défendre vaine­ment son action à la tête de l’information de l’audiovisuel public.

Décembre 2015

Il est nom­mé directeur exé­cu­tif de l’in­for­ma­tion de France Télévi­sions par Del­phine Ernotte, en rem­place­ment de Pas­cal Golom­er. Michel Field a fait con­sen­sus, il fal­lait selon Le Monde, « une fig­ure nou­velle, non mar­quée par les rival­ités entre France 2 et France 3, ni par les affron­te­ments avec les syn­di­cats sur le pro­jet de fusion. » Car cet « homme de réseaux, agi­ta­teur d’idées » est une « pièce impor­tante de l’équipe Ernotte [la prési­dente de France Télévi­sions] depuis sa con­sti­tu­tion. » Et en vue de l’élection prési­den­tielle de 2017, Michel Field a l’avantage de réc­on­cili­er la droite et la gauche, avec une image de gauche auprès du grand pub­lic il cul­tive une ami­tié avec l’ancien prési­dent de la République, Nico­las Sarkozy.

Depuis son arrivée sur­prise décem­bre 2015, selon Le Parisien, « le nou­veau patron de l’in­fo de France Télévi­sions, a réus­si à s’at­tir­er les foudres de ses rédac­tions. » Les jour­nal­istes de la rédac­tion dénon­cent pêle-mêle, l’arrêt du mag­a­zine « Des paroles et des actes », la refonte d’« Envoyé spé­cial » et une nou­velle émis­sion poli­tique pro­duite en externe à la ren­trée. Pour un jour­nal­iste « on n’a jamais vu un man­age­ment aus­si désinvolte. »

2015

Il prend la direc­tion de France 5. Il quitte Europe 1, LCI et la chaîne His­toire. Le cour­riel de Michel Field aux salariés de LCI : « Avant de quit­ter LCI la semaine prochaine, je voulais vous adress­er ces quelques mots. Je n’ai pas souhaité faire de ” pot de départ ” : ce rit­uel a pu être joyeux, mais sa répéti­tion ces derniers temps, dans le con­texte qu’on sait, laisse à chacun(e), je crois, un goût plus amer que savoureux. (…) Vous dire que j’ai passé dix ans avec vous, et que cette décen­nie restera comme une des plus belles expéri­ences pro­fes­sion­nelles que j’ai pu vivre, mal­gré les men­aces sur l’avenir encore incer­tain de la chaîne. » (lien)

Ani­me l’émis­sion His­torique­ment show sur la chaîne de télévi­sion His­toire.

2008 à 2015

Il ani­me sur TF1 « Au Field de la nuit », un mag­a­zine cul­turel de 52 min­utes dif­fusé en troisième par­tie de soirée

2011 à 2012

Ren­dez-vous à l’hô­tel en direct de l’hô­tel Costes sur Europe 1.

2010 à 2011
  • Émis­sion quo­ti­di­enne Café décou­vertes sur Europe 1.
  • En 2005, il intè­gre LCI pour « Oui/Non », « Le Ring », « Le 17/20 ».
  • Depuis 1995, sur Europe 1, il ani­me la tranche 18h/20h, Écolo­gra­phie. Depuis sep­tem­bre 2007, il pro­pose avec Olivi­er Duhamel Médi­apo­lis, un mag­a­zine heb­do­madaire d’une heure où ils décor­tiquent les nou­velles rela­tions dans les médias et le monde poli­tique. Présen­ta­teur de Ren­dez-vous à l’hô­tel en direct de l’hô­tel Costes.
  • En 2000, Michel Field s’as­so­cie à Serge Kraïf, indus­triel dans le tex­tile (La Com­pag­nie de Cal­i­fornie), pour créer une des pre­mières télévi­sions sur le net, Alatele.com.
  • Il lance en 1997 sa pro­pre société de pro­duc­tion « Field Com­pag­nie SA » pro­duisant : « Pub­lic » pour TF1 (1997–1999), « Prise directe » (2000) France 3, « Ce qui fait débat » (2000), « Chante la vie chante » (2000), « Ban­des à part » TF6.
  • Ani­ma­teur « Généra­tion Europe 1 » (1995–1997).
  • Ani­ma­teur de « Décou­vertes » (1994–1995).
  • Présen­ta­teur de « Pas si vite », « L’Hebdo » (1994–1997), Canal+.
  • Présen­ta­teur de « La grande famille », Canal+.
  • Présen­ta­teur de « Le cer­cle de minu­it » (1992–1994), TF1.
  • Chroniqueur à « Ciel mon Mar­di ! » (1989–1992).
  • « Panora­ma » sur France Cul­ture (1984–1992).
  • Col­la­bore aux Nou­velles lit­téraires (1984–1985), Le matin de Paris, L’Autre jour­nal.

Parcours militant

Leader du mouvement lycéen contre la Loi Debré (1973)

« Le 14 mars [1973] se tient à Jussieu, amphi Guy de la Brosse,la pre­mière coor­di­na­tion nationale des comités con­tre la Loi Debré. Le mot d’ordre adop­té est celui de «rétab­lisse­ment et exten­sion des sur­sis», alors que l’AJS préfère ne s’en tenir qu’au sim­ple «rétab­lisse­ment», fidèle à sa ligne de «défense des acquis». La coor­di­na­tion parisi­enne est chargée de l’exécution des déci­sions, et un col­lec­tif de cinq per­son­nes est désigné en son sein. Il y a Pierre Morville pour Révo­lu­tion, Marc Rosen­blat pour l’AJS, et trois de la LC : Michel Field, Isabelle Alleton et moi-même. La LC [Ligue Com­mu­niste] impose Michel Field comme porte-parole médi­a­tique. » (germe-inform.fr)

Rouge

Col­la­bore à « Rouge » (en com­pag­nie d’Edwy Plenel, Patrick Rot­man et Hen­ri Weber) ten­ant la rubrique lycéenne sous les pseu­do­nymes de Beauchamp et Sat­urnin. Fonde la revue « Quel corps ! » avec Char­ly Naj­man et Jean-Marie Brohm en 1973.

Ligue Communiste Révolutionnaire

Adhérent à la « Ligue Com­mu­niste », au « Front Com­mu­niste » puis à la « Ligue Com­mu­niste Révo­lu­tion­naire ». Il a pour cama­rade de lutte le futur haut fonc­tion­naire Denis Olivennes, ancien directeur du Nou­v­el Obs et actuel directeur général de Libéra­tion.  En 1997, lors de son pas­sage à la chaine privée TF1, Alain Kriv­ine, alors porte-parole de la Ligue com­mu­niste révo­lu­tion­naire depuis sa créa­tion en 1969 et ami de Michel Field, expri­mait toute son admi­ra­tion à son ancien cama­rade trot­skyste : « Le par­cours de Michel Field prou­ve que la Ligue sert à quelque chose… (…) Out­re “L’Heb­do” sur Canal, je retiendrai surtout son émis­sion-forum con­sacrée au CIP sur France 2, qui, selon moi, est le type même de la télévi­sion citoyenne et un grand moment de démoc­ra­tie. N’im­porte quel jour­nal­iste n’au­rait pas pu réalis­er cela. Il faut avoir mil­ité et géré des assem­blées générales pour maîtris­er une telle émis­sion. (…) Même s’il n’est plus mil­i­tant de la Ligue, Field con­tin­ue à cul­tiv­er un fond de mil­i­tan­tisme de gauche, qu’il a traduit par exem­ple dans “L’Heb­do” en don­nant la parole aux sans-papiers. Je crois qu’il se bat pour des valeurs, et c’est sans aucun doute sa con­tri­bu­tion au débat démoc­ra­tique. C’est un très bon jour­nal­iste de télévi­sion, et je crois qu’en la matière ce devrait être la règle et non pas l’ex­cep­tion. » « Alain Kriv­ine : “un jour­nal­iste citoyen” (Le Monde, 01/09/1997).

Respon­s­able des Comités d’actions lycéens.

Publications

  • L’É­cole dans la rue, Gras­set, 1973
  • Le Passeur de Les­bos, Robert Laf­font, 1984
  • Impasse de la nuit, éd. Bernard Bar­rault, 1986
  • Excen­triques, Bernard Bar­rault, 1987
  • L’Homme aux pâtes, Bernard Bar­rault, 1989
  • Con­tes cru­els pour Anaëlle, Robert Laf­font, 1995
  • Le Livre des ren­con­tres, Robert Laf­font, 2002
  • Le Grand Débat, Robert Laf­font, 2006
  • Le Starkozysme, édi­tions du Seuil, 2008
  • Le Sol­deur, éd. Jul­liard, 2014
  • Le Vieux Blanc d’Abidjan dans sa prison de Yopougon, Jul­liard, 2016
  • Paris-émois, éd. Mialet-Bar­rault, 2021

Collaborations

En 2012, par­ticipe à un clip con­tre l’abstention aux élec­tions prési­den­tielles, à l’initiative du mou­ve­ment Pluric­i­toyen lancé par l’historien François Durpaire.

En 2005, il accepte « par fidél­ité et par ami­tié » d’animer un meet­ing de Nico­las Sarkozy en sou­tien au Traité con­sti­tu­tion­nel européen. (Serge Hal­i­mi, Les nou­veaux chiens de garde, nou­velle édi­tion actu­al­isée et aug­men­tée, p. 24)

En 2004, Michel Field assur­ait ses fins de mois « en se livrant à des ménages, moments de pro­mo­tions télévi­suels sur­réal­istes où un ani­ma­teur télé, ancien trot­skyste et agrégé de phi­lo se livre à un éloge incroy­able d’une bis­cotte de super­marché et des nou­velles modal­ités de pas­sage en caisse mis­es en place par l’en­seigne Casi­no ».

En 1996, il sera l’un des qua­tre jour­nal­istes sélec­tion­nés par Claude Chirac, con­seil­lère en com­mu­ni­ca­tion de l’Élysée, pour inter­roger le prési­dent Jacques Chirac.

Ce qu’il gagne

-

Il l’a dit

« Il y a deux penseurs qui m’ont énor­mé­ment mar­qué, c’est Gilles Deleuze et Edouard Glis­sant qui avait com­mencé à dire : “Non, il vaut mieux une iden­tité plurielle”. Moi, j’aimerais avoir été cette sorte d’i­den­tité plurielle, à la fois masculin/féminin, sérieux/joueur, un peu le dieu Her­mès », France Info, 07/04/2021.

« En tant que mil­i­tant révo­lu­tion­naire, nous pen­sons que nous chang­erons cette société, effec­tive­ment, parce que nous y serons con­traints par les gens d’en face par la force. Et nous pen­sons que la lutte armée n’est pas à exclure, à pri­ori. » Les Nou­veaux chiens de gardeDai­ly­mo­tion

Sa nébuleuse

Mem­bre du Club Le Siè­cleBakchich — Din­er du club “Le Siècle”

Les anciens trotkystes : Alain Kriv­ine, porte-parole de la Ligue com­mu­niste révo­lu­tion­naire depuis sa créa­tion en 1969, a bien con­nu Michel Field lorsque ce dernier était mil­i­tant de cette organ­i­sa­tion : « Le par­cours de Michel Field prou­ve que la Ligue sert à quelque chose… A part son pas­sage chez Decha­vanne, où il fai­sait le guig­nol, et où il m’a forte­ment déçu, j’es­time qu’il s’est bien rat­trapé depuis sur France 2 et Canal Plus. Mais faire le clown est peut-être un pas­sage obligé pour faire de la télévi­sion… Ses mag­a­zines sont très intel­li­gents et pas du tout dégradants. Out­re “L’Heb­do” sur Canal, je retiendrai surtout son émis­sion-forum con­sacrée au CIP sur France 2, qui, selon moi, est le type même de la télévi­sion citoyenne et un grand moment de démoc­ra­tie. N’im­porte quel jour­nal­iste n’au­rait pas pu réalis­er cela. Il faut avoir mil­ité et géré des assem­blées générales pour maîtris­er une telle émis­sion. Quant à son pas­sage sur TF 1, je crois que tout le monde est au pied du mur. Le prob­lème est de savoir si Field va pou­voir con­tin­uer à tra­vailler comme il l’en­tend, et si TF 1 va le tolér­er. Quoi qu’il en soit, rem­plac­er Anne Sin­clair est sans doute la meilleure des choses car “7 sur 7” était la car­i­ca­ture du débat poli­tique. Même s’il n’est plus mil­i­tant de la Ligue, Field con­tin­ue à cul­tiv­er un fond de mil­i­tan­tisme de gauche, qu’il a traduit par exem­ple dans “L’Heb­do” en don­nant la parole aux sans-papiers. Je crois qu’il se bat pour des valeurs, et c’est sans aucun doute sa con­tri­bu­tion au débat démoc­ra­tique. C’est un très bon jour­nal­iste de télévi­sion, et je crois qu’en la matière ce devrait être la règle et non pas l’ex­cep­tion. » Le Monde — 31 août 1997, « Michel Field au pied du mur TF1 Alain Kriv­ine : un jour­nal­iste citoyen ».

C’est aus­si par le biais de la Ligue qu’il fait la ren­con­tre de Del­phine Ernotte. Denis Pin­gaud, ancien cama­rade et chef d’orchestre de la cam­pagne de Del­phine Ernotte, est l’homme Field dès le print­emps 2015 dans le pre­mier cer­cle de l’ex-numéro deux d’Orange.

Ami de Patrick Buis­son, le con­seiller de Nico­las Sarkozy et ancien co-ani­ma­teur avec ce dernier de « Ques­tions qui fâchent » sur LCI : « Patrick Buis­son est un des rares intel­lectuels de droite. Un intel­lectuel organique de droite » Le Figaro — 29 mars 2012

Sonia Djal­lali : Pour le quo­ti­di­en Le Parisien, cette coor­di­na­trice auprès du directeur de l’in­for­ma­tion, Michel Field, est « surnom­mée la Régente ». Selon un jour­nal­iste anonyme, « elle est présente à toutes les réu­nions. C’est son émi­nence grise et elle a son oreille, mais on ne sait pas qui c’est. » Sonia Djal­lali est sa proche col­lab­o­ra­trice depuis plusieurs années, d’abord à LCI, puis à France 5 et main­tenant à France Télévisions.

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo ONPC/France 2 via Youtube

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