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Accueil | Portraits | Jonathan Bouchet-Petersen

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5 février 2022

Temps de lecture : 40 minutes

5 février 2022

Accueil | Portraits | Jonathan Bouchet-Petersen

Jonathan Bouchet-Petersen

Temps de lecture : 40 minutes

Symbole de l’entre-soi libéral-libertaire

L’entourage professionnel et familial de Jonathan Bouchet-Petersen est marqué par ses liens avec le Parti socialiste et ses dirigeants : les réseaux strauss-kahniens ou de Ségolène Royal, la Fondation Jean Jaurès, l’agence de communication Havas Worldwide de Stéphane Fouks, la Netscouade, Mediapart, le journaliste Nicolas Demorand, les présidents de la République François Hollande ou François Mitterrand, le quotidien Libération et son patron Patrick Drahi… Il n’est donc pas étonnant de le voir coopté par cette drôle de nébuleuse libérale-libertaire pour s’occuper des pages France dans le quotidien Libération et chapeauter sa rubrique anti-Front national « L’œil sur le Front » qui vient d’être lancée.

« Mais sign­er et faire sign­er une péti­tion, c’est déjà un pre­mier pas d’engagement. L’acte en lui-même n’est pas très nou­veau. Moi, par exem­ple, j’ai com­mencé dans le mil­i­tan­tisme en faisant sign­er des péti­tions dans les facs con­tre les lois Pasqua-Debré. » Libéra­tion, 28 févri­er 2016.

« Et comme la voix de la rai­son ne peut pas être la seule réponse face au défer­lement pop­uliste, la dia­boli­sa­tion des thès­es et surtout des des­seins du FN reste ô com­bi­en néces­saire », « Dia­boli­sa­tion », liberation.fr, 5 févri­er 2016.

« En cédant à la ten­ta­tion du référen­dum si près de la prochaine prési­den­tielle, a for­tiori sur un sujet aus­si sen­si­ble dans son camp et dans une péri­ode aus­si trou­blée, François Hol­lande ferait un bien mau­vais usage de la démoc­ra­tie directe », « Pas de référen­dum sur la déchéance ! », liberation.fr, 25 décem­bre 2015.

« Deux autres motifs de con­tes­ta­tion s’a­joutent à ces griefs. La rumeur d’embauche de Jonathan Bouchet-Petersen, proche de Nico­las Demor­and, est perçue comme une provo­ca­tion par la rédac­tion. Il a d’abord été évo­qué qu’il signe un CDI, avant que le remue-ménage ne force la direc­tion à l’ori­en­ter sur un CDD, prob­a­ble­ment de longue durée de 9 ou 18 mois. Mais au sein du jour­nal, les jour­nal­istes ne sont pas dupes. “Il sera bien sûr embauché au bout du compte”, dit l’un d’eux. », « Nico­las Demor­and large­ment désavoué par les jour­nal­istes de Libéra­tion », Ouest-France, 30 novem­bre 2011.

« Reste qu’en­tre le risque de se faire accuser de com­mu­nau­tarisme élec­toral et le con­texte de poussée du FN, à une époque où les amal­games sont légion, la diver­sité n’a pas le vent en poupe. Cela pour­rait dur­er, au moins jusqu’à ce que les électeurs de la diver­sité votent en masse », « En France, l’im­mi­gra­tion est rarement sor­tie des urnes », liberation.fr, 5 mai 2016.

Pour comprendre la réussite journalistique de Jonathan Bouchet-Petersen, chef adjoint du service France au quotidien Libération, il faut mettre en lumière son entourage, notamment familial, puisqu’il a baigné dès son plus jeune âge dans le milieu politique d’extrême gauche.

Avec sa sœur jumelle Rebec­ca, ils sont les enfants de mil­i­tants troskystes, Sophie Bouchet-Petersen (voir § Nébuleuse) et de Denis Bouchet, for­més dans les organ­i­sa­tions suc­ces­sives d’Alain Kriv­ine (Ligue Com­mu­niste dev­enue après sa dis­so­lu­tion la Ligue Com­mu­niste Révo­lu­tion­naire, et enfin le Nou­veau Par­ti Ant­i­cap­i­tal­iste d’Olivier Besan­cenot). Drôle de des­tin que celui de la mère de Jonathan Bouchet-Petersen, issue d’une famille catholique de droite et qui a bas­culé dans l’activisme révo­lu­tion­naire à l’extrême-gauche à la fin des années 1960 avant se recas­er pen­dant plus de vingt ans comme plume offi­cieuse de François Mit­ter­rand et de Ségolène Royal.

A‑t-il béné­fi­cié d’un coup de pis­ton pro­fes­sion­nel de maman afin de se faire un nom dans le monde du jour­nal­isme ? En tout cas, avec un tel pedi­gree il serait bête de se priv­er pour un média d’un garçon issu du sérail poli­tique, con­nais­sant les us et cou­tumes de ce petit milieu, ayant tis­sé très tôt des liens qua­si-famil­i­aux avec divers poli­tiques et le plus impor­tant, d’avoir un nom qui peut ouvrir un bon nom­bre de portes dans les hautes sphères de l’État grâce aux réseaux social­istes. Il n’est donc pas éton­nant donc de voir grandir Jonathan Bouchet-Petersen dans l’ombre d’un jour­nal­iste comme Nico­las Demor­and ren­con­tré à France Inter, avant de le suiv­re à Europe 1 et enfin au quo­ti­di­en Libéra­tion (2011).

Et alors que son men­tor quit­tait le navire de l’ancien quo­ti­di­en maoïste en 2014 pour rejoin­dre France Inter, Jonathan Bouchet-Petersen pre­nait du galon à Libéra­tion, devenant chef-adjoint du ser­vice France (poli­tique-société, macro-social) et en s’occupant en parte­nar­i­at avec la Fon­da­tion Jean Jau­rès et « l’agence de com­mu­ni­ca­tion et de trans­for­ma­tion numériques », La Net­sou­cade (voir § Nébuleuse) d’une nou­velle rubrique anti-Front nation­al, « L’œil sur le Front ». Un drôle de hasard voulant que les intérêts financiers de son jour­nal (voir § Nébuleuse, Par­ti social­iste — Stéphane Fouks — Patrick Drahi — Bernard Mourad : Un drôle de ménage à trois) et de ses dirigeants soient liés avec un par­ti qu’il con­naît bien, ceux du Par­ti socialiste.

Des liens quasi-familiaux avec l’entourage du Parti socialiste

Plusieurs exem­ples illus­trent les liens qua­si-famil­i­aux de Jonathan Bouchet-Petersen avec le Par­ti social­iste. En 2013, il a inter­viewé trois fois le spé­cial­iste de la com­mu­ni­ca­tion poli­tique Denis Pin­gaud. Ce dernier n’est pas un incon­nu pour le jour­nal­iste de Libéra­tion car cet ancien mil­i­tant troskyste et directeur du jour­nal du par­ti d’Alain Kriv­ine, Rouge, vivait en com­mu­nauté avec sa com­pagne et les par­ents Bouchet-Petersen dans une mai­son de Vin­cennes dans les années 1970. « Les enfants nais­sent. Des jumeaux, Jonathan et Rebec­ca, pour les Bouchet-Petersen. » Son par­cours ressem­blera beau­coup à celui de Sophie Bouchet-Petersen, car Denis Pin­gaud, d’abord jour­nal­iste au Matin de Paris, s’occupe de la com­mu­ni­ca­tion de Lau­rent Fabius, avant de côtoy­er José Bové ou Cécile Duflot. « Le Par­ti social­iste n’ayant, depuis le temps, plus de secret pour lui, il lui arrive, comme d’autres, de ren­dre vis­ite le soir à François Hol­lande. Son car­net d’adress­es ne laisse pas insen­si­bles les chef d’en­tre­pris­es qui com­posent l’essen­tiel de sa clien­tèle. Quant au monde des médias, «il ne représente qu’à peine 10% des revenus de Balis­es», dit-il. »

En 2016, il lance « L’œil sur le front », un obser­va­toire anti-Front nation­al avec la col­lab­o­ra­tion de l’agence La Net­sou­cade (voir § Nébuleuse). Le fon­da­teur de cet agence, Benoît Thieulin, a par­ticipé aux côtés de Sophie Bouchet-Petersen, maman de Jonathan, a la cam­pagne de Ségolène Roy­al en 2007. Un an plus tard, en 2008, il par­ticipe « à la créa­tion de Medi­a­part, avec Edwy Plenel ». Et qui est la meilleure amie de la soci­o­logue Nicole Lapierre (l’épouse d’Edwy Plénel, futur directeur de la rédac­tion du Monde puis de Medi­a­part) ? Sophie Bouchet-Petersen, maman de Jonathan…

Des liens quasi-familiaux avec la direction de Libération

Lau­rent Jof­frin, jour­nal­iste depuis 1981 (avec des allers-retours) à Libéra­tion et directeur de la rédac­tion de ce quo­ti­di­en depuis 2014, n’est pas un incon­nu de la famille Bouchet-Petersen. La mère de Jonathan, Sophie Bouchet-Petersen (voir § Nébuleuse), a été mem­bre de son club de réflex­ion « Dan­ton » au début des années 2000 : « Qua­tre ou cinq fois par an, se retrou­vent donc chez lui une trentaine d’in­tel­lectuels, jour­nal­istes, patrons de gauche et con­seillers poli­tiques, d’Ag­nès Touraine au démo­graphe Emmanuel Todd, de l’é­con­o­miste alter Bernard Maris à Sophie Bouchet-Petersen, con­seil­lère de Ségolène Royal. »

Heureux hasard, en décem­bre 2005 et avril 2006, alors que Sophie Bouchet-Petersen était con­seil­lère en com­mu­ni­ca­tion de Ségolène Roy­al, Le Nou­v­el Obser­va­teur dirigé alors par Lau­rent Jof­frin fai­sait sa cou­ver­ture « Et si c’é­tait elle… », la pre­mière du genre sur une éventuelle can­di­da­ture de Ségolène Roy­al à la prési­den­tielle de 2007 : « Nous avons eu des dis­cus­sions pour savoir si nous fai­sions cam­pagne pour elle [Ségolène Roy­al], recon­naît Lau­rent Jof­frin. Si on est réal­iste, c’est vrai que ça la sert. Mais c’est un tel phénomène poli­tique que notre intérêt n’est pas seule­ment les ventes, mais aus­si l’im­age : c’est à L’Obs de détecter ce qui est nou­veau à gauche. Et si ça lui rend ser­vice, tant mieux pour elle. »

Formation

2003 – 2005 : Mas­ter spé­cial­ité presse écrite au Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (CFJ). Prési­dent du Bureau des élèves (pro­mo 2005).

1999 – 2003 : Maîtrise de sci­ences économiques et sociales à l’université Pan­théon Sor­bonne (Paris I)

Lycée Carnot (145 boule­vard Malesherbes 75017 Paris)

Parcours professionnel

Début 2022

Il lance sur Libéra­tion un « obser­va­toire de l’influence des rad­i­cal­ités en ligne » (IRL) à l’occasion des élec­tions du print­emps 2022. Un peu sur le même mod­èle que « L’œil sur le Front » de 2016 et avec les mêmes objectifs.

Depuis 2019

Il présente son pro­pre édi­to sur BFMTV lors de la mati­nale « Pre­mière Édi­tion » de 6h30 à 8h, chaîne sur laque­lle il avait été invité à quelques repris­es auparavant.

Depuis avril 2015

Chef adjoint du ser­vice France (poli­tique-société, macro-social) à Libéra­tion. Il annonce un parte­nar­i­at avec la Fon­da­tion Jean Jau­rès et l’agence La Netscouade pour lancer « L’œil sur le Front » en octo­bre 2016 : « Libéra­tion a donc décidé, en parte­nar­i­at avec la Fon­da­tion Jean-Jau­rès et l’agence La Netscouade, de faire du traite­ment du FN un axe majeur de son suivi de la cam­pagne prési­den­tielle, actant la place cen­trale du par­ti d’extrême droite et la rup­ture de nom­breuses digues morales et idéologiques dans la droite “clas­sique”. (…) Avec l’ambition d’en faire la plate­forme de référence. Un site mêlant for­mats jour­nal­is­tiques, travaux uni­ver­si­taires, archives, data, alertes citoyennes et tri­bunes de grandes voix. Pour mon­tr­er, analyser, repér­er, révéler ou com­par­er, mais aus­si pour dénon­cer, dés­in­tox­i­quer. Non pas un traite­ment de faveur ou de défaveur, mais l’affirmation d’une pri­or­ité éditoriale. »

Depuis 2014

Les Infor­més” (20h-21h), un mar­di sur deux sur France Info : « “Les Infor­més de fran­ce­in­fo” est une émis­sion de débats dif­fusée sur fran­ce­in­fo du dimanche au ven­dre­di, de 20 heures à 21 heures, présen­tée par le jour­nal­iste de fran­ce­in­fo Jean-Math­ieu Pernin. (…) Durant une heure, cette émis­sion abor­de qua­tre débats d’ac­tu­al­ité dif­férents, sur lesquels qua­tre invités dévelop­pent leurs points de vue. Il offre ain­si un moment d’ap­pro­fondisse­ment de l’ac­tu­al­ité, en l’é­clairant des regards croisés, par­fois diver­gents, des invités. »
Le QG prési­den­tielle 2017 sur RMC Info

2018

Rédac­teur en chef adjoint (poli­tique, économie, social) à Libéra­tion.

2015 — 2018

Chef de ser­vice (poli­tique, économie, social) à Libéra­tion.

Août et septembre 2014

Arti­cles pour grazia.fr, site du mag­a­zine féminin français spé­cial­isé dans la mode, la beauté et les peoples.

2013 – 2015

Chef du ser­vice poli­tique à Libéra­tion.

2011 – 2013

Rédac­teur au ser­vice poli­tique de Libéra­tion (web et papier).

2010 – 2011

Coor­di­na­teur édi­to­r­i­al d’Europe 1 Soir (18h/20h).

2008 – 2010

Coor­di­na­teur édi­to­r­i­al de la tranche mati­nale (7h/9h) à France Inter. Il s’occupait notam­ment de cen­sur­er les textes de Stéphane Guil­lon (l’humoriste « attend de pass­er à l’an­tenne. Un des assis­tants de la mati­nale, Jonathan Bouchet-Petersen, relit son texte “sim­ple­ment pour véri­fi­er que ça n’est ni insul­tant ni diffam­a­toire”»).

2005 2008

Rédac­teur — économie, médias, nou­velles tech­nolo­gies au Le Jour­nal du Dimanche.

Libération : Les renvois d’ascenseur avec Nicolas Demorand

L’arrivée de Jonathan Bouchet-Petersen à l’ancien quo­ti­di­en maoïste, Libéra­tion, en 2011 a sus­cité une vive polémique au sein de la rédac­tion. Dans une let­tre de la société civile des per­son­nels de libéra­tion (SCPL) à Nico­las Demor­and, alors mem­bre de la codi­rec­tion, en juin 2011, la SCPL indique qu’elle « ne peut admet­tre l’ar­bi­trage con­sis­tant à refuser l’embauche à quelqu’un [Alexan­dre Her­vaud] qui a été for­mé par Libéra­tion et a acquis un statut de spé­cial­iste recon­nu de son domaine, et l’embauche de quelqu’un [Jonathan Bouchet-Petersen] qui est iden­ti­fié comme un de tes proches. » En cause, le fait que Jonathan Bouchet-Petersen a été son ex-col­lab­o­ra­teur pen­dant plusieurs années à France Inter (la tranche mati­nale 6h30-10h00 jusqu’en juil­let 2010) et Europe 1

Un article dithyrambique dans le JDD sur Nicolas Demorand signé par Jonathan Bouchet-Petersen

Un ren­voi d’ascenseur qui marche dans les deux sens car c’est Jonathan Bouchet-Petersen qui a signé un arti­cle plus que flat­teur : « Demor­and : à la télé comme à la radio » sur Nico­las Demor­and dans le Jour­nal du Dimanche (JDD) en mai 2008 : « Vire­voltant d’une idée à une autre, dévelop­pée chaque fois avec l’ai­sance d’un nor­malien agrégé de let­tres, Nico­las Demor­and a la jubi­la­tion intel­lectuelle com­mu­nica­tive (…) Il serait toute­fois dom­mage de s’ar­rêter à ce look bien de son âge. Ce serait pass­er à côté d’un jour­nal­iste bril­lant se définis­sant comme “rond mais car­ré”. Un bosseur qui n’en oublie pas d’être sympathique. »

Nico­las Demor­and n’y voit aucun mal : « Quand il a rédigé le por­trait dans le JDD, on ne tra­vail­lait pas ensem­ble, je ne l’avais jamais ren­con­tré. Par la suite, il s’est retrou­vé au chô­mage et je l’ai embauché. C’est aujour­d’hui l’un de mes plus proches col­lab­o­ra­teurs. Il est tit­u­laire d’une carte de presse et il m’a accom­pa­g­né pour le 18–20 d’Eu­rope 1. »

Parcours militant

Non ren­seigné

Ce qu’il gagne

Non ren­seigné

Publications

Non ren­seigné

Il l’a dit

Front national

« Si Sopo est claire­ment fau­tif tant on attend autre chose, même sur Twit­ter, d’une voix qui ne manque pas de relais médi­a­tiques pour lut­ter con­tre les dis­crim­i­na­tions, c’est aller bien vite en besogne, comme l’a fait une par­tie de la fachos­phère et des cadres RN, de le traiter de raciste. La com­para­i­son qu’il a relayée n’a en effet rien à voir avec celles qui fai­saient de Chris­tiane Taubi­ra une guenon et pour lesquelles une can­di­date investie par le Front nation­al a notam­ment été con­damnée. Dans le cas Mes­si­ha, il s’agit tout sim­ple­ment d’une (basse) attaque sur le physique, inutile­ment blessante mais pas raciste pour autant, quand celles visant la min­istre de la Jus­tice s’inscrivaient dans une «tra­di­tion» raciste pur jus. Pour le dire autrement, quand Bel­latar ou Sopo s’amusent d’une ressem­blance avec un chameau – à cha­cun de la juger per­ti­nente ou pas, mais qui a déjà enten­du un raciste notoire traiter de chameau un Français d’origine maghrébine ? – est-ce si dif­férent de l’esprit du Bébête show (1982–1995) et ses mar­i­on­nettes ani­males de Mit­ter­rand, Chirac, Barre ou Cres­son ? Une cer­ti­tude, ce genre d’humour a pris, heureuse­ment, un sacré coup de vieux. », Libéra­tion, 23 févri­er 2020.

« Et comme la voix de la rai­son ne peut pas être la seule réponse face au défer­lement pop­uliste, la dia­boli­sa­tion des thès­es et surtout des des­seins du FN reste ô com­bi­en néces­saire », « Dia­boli­sa­tion », Libéra­tion, 5 févri­er 2016.

« Les offen­sives lancées con­tre le FN, à quelques jours du scrutin, par les jour­naux du groupe belge Rossel dans la région Nord-Pas-de-Calais — Picardie (La Voix du Nord, le Cour­ri­er picard, Nord-Éclair) comme par l’heb­do chré­tien Croix du Nord et, moins sur­prenant, par le prési­dent du Medef, Pierre Gat­taz, sont légitimes », « Face à Le Pen, la presse régionale monte au front », liberation.fr, 2 décem­bre 2015.

« Comme si le vote était néces­saire­ment un vote d’adhésion. Ce n’est pas tou­jours le cas. On peut vot­er “faute de mieux” ou même “con­tre” un can­di­dat. Quand la gauche appelle à vot­er UMP pour faire bar­rage au FN, elle n’a pas besoin de rap­pel­er que le PS, ce n’est pas la même chose que l’UMP. Elle ajoute juste un cod­i­cille impor­tant : ce qui nous dif­féren­cie que l’UMP est beau­coup moins impor­tant de ce qui nous sépare du FN. Puisque l’un est un par­ti répub­li­cain, pas l’autre », « La méth­ode Coué de l’UMP pour jus­ti­fi­er son ni-ni », liberation.fr, 2 févri­er 2015.

« À par­tir de quel con­tin­gent de députés fron­tistes Mar­i­ani juge-t-il qu’il faut se met­tre à com­bat­tre l’élection d’un par­lemen­taire FN ? », Ibid.

« Une ten­ta­tive de nor­mal­i­sa­tion qui ne doit pas faire oubli­er que le par­ti de Marine Le Pen est tout sauf répub­li­cain », « Front nation­al : label et la bête », liberation.fr, 12 octo­bre 2013.

« Pour la France, pays des droits de l’homme, le sym­bole d’un FN en tête fait tache. Il est même ravageur au plan inter­na­tion­al et ne man­quera pas de sus­citer les rail­leries sur le fameux “mod­èle français” », « Des élec­tions entre Europe et haine », liberation.fr, 26 mai 2014.

Faire voter l’électeur de gauche pour la Droite en cas de risque de victoire du FN

« Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Paca, Alsace-Cham­pagne-Ardenne-Lor­raine : comme en 2002, les électeurs de gauche se retrou­vent som­més de vot­er con­tre leurs con­vic­tions pour faire bar­rage au FN. Petit manuel à l’usage des indé­cis. Revue des argu­ments qui peu­vent les con­va­in­cre de vot­er, excep­tion­nelle­ment, pour la droite. Parce que ce n’est pas adhér­er à leurs pro­grammes de droite que de soutenir, comme un moin­dre mal, l’élec­tion de Chris­t­ian Estrosi en Paca, de Xavier Bertrand en Nord-Pas-de-Calais-Picardie ou a for­tiori de Philippe Richert en Alsace-Cham­pagne-Ardenne-Lor­raine. C’est pren­dre acte qu’il y a une dif­férence de taille entre des adver­saires poli­tiques et des enne­mis de la République comme Mar­i­on Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen et Flo­ri­an Philip­pot. Une col­lec­tiv­ité présidée par la droite, dans les faits, c’est dif­férent de ce que réalise l’ex­trême droite dans les villes qu’elle admin­istre : baisse de sub­ven­tions aux asso­ci­a­tions de quarti­er, attaques con­tre la cul­ture, baisse des presta­tions sociales, etc.
Parce qu’il faut tout faire pour éviter d’of­frir au par­ti fron­tiste des tri­bunes telles que des prési­dences de région. Il serait hasardeux de miser sur leur échec patent d’i­ci au pre­mier tour de la présidentielle.
Parce qu’il en va plus large­ment de l’im­age de la France, alors que les trois régions con­cernées pèsent pour un quart de la pop­u­la­tion française et comptent de grandes villes comme Mar­seille, Lille ou Stras­bourg.(…) Parce que le retrait est la seule solu­tion répub­li­caine. », liberation.fr, 8 décem­bre 2015.

Jean-Marie Le Pen

« Ce, alors que depuis plusieurs décen­nies, son père [Jean-Marie Le Pen] a fait preuve avec la même con­stance d’une réelle maîtrise séman­tique et d’un appétit pour les déra­pages racistes, islam­o­phobes, mais surtout anti­sémites. » « Le Pen, l’an­tisémitisme et la théorie du gen­dre », liberation.fr, 9 juin 2014.

Référendum/démocratie directe

« Reste qu’après la journée de same­di, on peut aus­si s’inquiéter de voir les syn­di­cats et les par­tis d’opposition — au-delà de leurs ten­ta­tives plus ou moins grossières de récupéra­tion dans les médias — être à la remorque de la colère des Français. Le reproche n’épargne pas Emmanuel Macron, lui qui, sans être à l’origine de la perte d’influence des cen­trales et des for­ma­tions poli­tiques, n’a rien fait, bien au con­traire, pour les remet­tre dans le jeu de sa prési­dence. S’accommodant par­faite­ment de cette démoc­ra­tie directe qui fait large­ment fi des représen­ta­tions sociales et par­lemen­taires. », Libéra­tion, 18 novem­bre 2018.

« En cédant à la ten­ta­tion du référen­dum si près de la prochaine prési­den­tielle, a for­tiori sur un sujet aus­si sen­si­ble dans son camp et dans une péri­ode aus­si trou­blée, François Hol­lande ferait un bien mau­vais usage de la démoc­ra­tie directe », « Pas de référen­dum sur la déchéance ! », liberation.fr, 25 décem­bre 2015.

« En ce qui con­cerne l’extension de la déchéance de nation­al­ité, même Manuel Valls a recon­nu que sa seule voca­tion était sym­bol­ique. Deman­der aux Français de valid­er l’idée que cer­tains citoyens nés Français le seraient moins que d’autres au seul motif qu’ils sont bina­tionaux, cela reviendrait à faire un référen­dum pour graver dans la Con­sti­tu­tion la notion de “Français de souche”. Ce serait là une déchéance morale et poli­tique pour la gauche au pou­voir. » Ibid.

« Mais la prési­dente du par­ti d’extrême droite [Front nation­al] est surtout le prin­ci­pal récep­ta­cle élec­toral de cette haine déver­sée en ligne. Et elle [Marine Le Pen] le sait très bien », « France rance », liberation.fr, 21 sep­tem­bre 2016.

Musulmans/Islam

« Si, du côté du Print­emps répub­li­cain, on a fustigé les agisse­ments de l’élu RN, il faut bien con­stater que l’hystérisation entretenue sur le sujet depuis des années par l’extrême droite, la majorité de la droite mais aus­si une par­tie de la gauche donne des ailes à des lous­tics comme Odoul. En l’espèce, le Print­emps répub­li­cain et Blan­quer appa­rais­sent à leur corps défen­dant comme des idiots utiles de la haine antimusul­mans, bien davan­tage que comme des rem­parts aux idées de l’extrême droite. », Libéra­tion, 13 octo­bre 2019.

« Un peu partout en Europe et sin­gulière­ment en France, l’époque est aux égoïsmes nationaux et à la stig­ma­ti­sa­tion des musul­mans », « Dia­boli­sa­tion », liberation.fr, 5 févri­er 2016.

Observatoire de l’influence des radicalités en ligne

« Dans un con­texte de com­plo­tisme galopant aux mul­ti­ples vis­ages (et qui n’épargne pas une par­tie de la gauche rad­i­cale), alors que la «dés­in­fos­phère» pèse de façon inédite sur le débat pub­lic, mais aus­si à une époque où l’ultra-droite, ultra con­nec­tée, appa­raît par­ti­c­ulière­ment vir­u­lente, aus­cul­ter les «marges» en ligne s’avère un enjeu cen­tral ». Libéra­tion, 31 jan­vi­er 2022

Divers

« La fémin­i­sa­tion de la vie poli­tique ne s’arrête pas là où com­mence l’extrême droite. Et ça n’a rien d’une bonne nou­velle. Si les femmes poli­tiques de la mou­vance pop­uliste n’ont longtemps été que des com­pagnes, épous­es ou veuves de lead­ers mas­culins, elles sont aujourd’hui de plus en plus nom­breuses à la tête de leur for­ma­tion poli­tique. […] Et quand on prône des valeurs qui font peur à la majorité de la pop­u­la­tion, le faire avec un vis­age féminin est un avan­tage dans la société médi­ati­co-poli­tique actuelle. Parce que les femmes sont (encore) perçues comme a pri­ori moins vio­lentes, moins inquié­tantes et plus mater­nelles que les hommes. Cha­cune à sa façon, Michele Bach­mann, Sarah Palin, Pia Kjaers­gaard, Kriszti­na Mor­vai, Daniela San­tanche et autres Marine Le Pen ou Siv Jensen utilisent leurs «qual­ités féminines» pour faire pass­er les mêmes idées nauséabon­des que celles de leurs alter ego mas­culins. Et s’adressent à un élec­torat jusqu’ici majori­taire­ment mas­culin qu’elles con­tribuent à élargir en le fémin­isant. », « Les femmes d’extrême-droite sont-elles plus dan­gereuses ? », Marie Claire, 2012.

« Aux États-Unis, on imag­ine bien le général Pique­mal vot­er Trump pour son rap­port fas­cisant à la poli­tique et sa haine revendiquée des immi­grés. Une haine qu’il n’est pas glo­rieux, à Calais comme ailleurs, d’habiller des atours de la nos­tal­gie ou d’un “patri­o­tisme” alors dévoyé en ultra-nation­al­isme ten­dance raton­nade », « Chris­t­ian Pique­mal, général de rance », liberation.fr, 7 févri­er 2016

« Cela paraît bête à écrire, mais Finkielkraut, dont les idées ne sont évidem­ment pas celles des par­tic­i­pants de Nuit debout, avait pleine­ment le droit de se point­er sans bris­tol à République, en sim­ple spec­ta­teur. Les acteurs du mou­ve­ment avaient, eux, tout autant le droit de lui sig­ni­fi­er indi­vidu­elle­ment leur hos­til­ité à sa présence. (…) Mais quelques heures après le pas­sage d’un Varoufákis for­cé­ment mieux accueil­li, qu’espérait donc Finkielkraut, libre de ses allées et venues mais suff­isam­ment lucide pour anticiper les réac­tions que sa présence à Nuit debout ne pou­vait que sus­citer ? », « Finkielkraut à République, tête à clash », liberation.fr, 17 avril 2016.

« Cathos inté­gristes, nazil­lon exilé, illu­minés tra­di­tion­al­istes en tous gen­res, c’est une France rance qui s’exprime sur ces canaux. Chaque chapelle ou presque dis­pose de son média en ligne, tan­dis que cer­tains sites jouent les plate­formes com­munes pour une clien­tèle pro­téi­forme mais surtout crois­sante. Une rad­i­cal­ité qui dépasse le cadre du débat répub­li­cain et dont Éric Zem­mour est aujourd’hui la tête de gon­do­le la mieux exposée dans les “vieux” médias de masse », « France rance », liberation.fr, 21 sep­tem­bre 2016.

« Homo­phobe, islam­o­phobe et sex­iste, le polémiste prêche avec suc­cès ses thès­es sur la déliques­cence de la nation. Comme une autre face d’un lep­énisme ram­pant et décom­plexé. (…) Avec son Sui­cide français (Albin Michel), il a tenu ses promess­es de con­tre-révo­lu­tion­naire nation­al­iste du petit écran. (…) Cette tac­tique de la provoc télévi­suelle est dev­enue la mar­que de fab­rique d’Er­ic Zem­mour, ce troll iden­ti­taire selon lequel la France n’en finit plus de s’en­fon­cer dans la déca­dence, sous la dou­ble tyran­nie de l’Eu­rope et des minorités. Une méth­ode très effi­cace, dont il use jusqu’à la car­i­ca­ture. Avec un suc­cès qui, sur le fond comme sur la forme, est un symp­tôme de l’époque. En rup­ture de stock, son livre se vend à 5 000 exem­plaires par jour. Lui qui se dit vic­time de la bien-pen­sance de gauche, n’a jamais eu autant de vis­i­bil­ité, en tête de gon­do­le la plus rance du paysage médi­a­tique », « Zem­mour, une dérive française », liberation.fr, 11 octo­bre 2014.

« La France des blous­es gris­es en somme, celle de son enfance de juif d’o­rig­ine pied-noir élevé en ban­lieue parisi­enne, pur pro­duit de la méri­to­cratie française. Ain­si con­fond-il [Éric Zem­mour], en hyper­indi­vid­u­al­iste starisé d’une époque dont il dénonce pour­tant l’é­goïsme, son pro­pre des­tin avec celui de la nation française », Ibid.

« Faut-il en rire ? Le phénomène [Éric Zem­mour] mérite d’être pris au sérieux tant ses pro­pos xéno­phobes et sou­vent sex­istes font le lit, aux heures de très grande écoute, des idéolo­gies les plus extrêmes. Quand ses déra­pages, nom­breux, le con­duisent au-delà des fron­tières de la loi (il a déjà été con­damné), la plu­part de ses sou­tiens en appel­lent d’abord à une con­cep­tion sans lim­ites de la lib­erté d’expression », Ibid.

« Ni intel­lectuel ni his­to­rien, [Éric Zem­mour] part de faits, certes avérés, qu’il malaxe de son intel­li­gence ori­en­tée et qu’il trans­forme pour asseoir ses fan­tasmes de restau­ra­tion. Et s’im­pos­er, même s’il s’en défend, comme le lessiveur en chef des idées du FN dans l’e­space pub­lic », Ibid.

« Reste qu’en­tre le risque de se faire accuser de com­mu­nau­tarisme élec­toral et le con­texte de poussée du FN, à une époque où les amal­games sont légion, la diver­sité n’a pas le vent en poupe. Cela pour­rait dur­er, au moins jusqu’à ce que les électeurs de la diver­sité votent en masse », « En France, l’im­mi­gra­tion est rarement sor­tie des urnes », liberation.fr, 5 mai 2016.

Sa nébuleuse

Sophie Bouchet-Petersen

Née en 1949 à Mar­seille et selon la let­tre d’informations Faits et Doc­u­ments (n°233) dans une famille de la haute bour­geoisie catholique de droite. Son père, mi-pied-noir mi-danois est chef d’une grande entre­prise ; sa mère est ita­lo-provençale. La famille est favor­able à l’Algérie française et à l’OAS. À l’inverse, Wikipé­dia indique que sa famille était « gaulliste ». Le Monde est plus mit­igé : « Il faut assem­bler le puz­zle. Et quel puz­zle ! Au départ, une petite fille pas­sion­née de latin et de grec, bien née dans une famille catholique et gaulliste. Le père, mi-pied noir, mi-danois, est chef de grande entre­prise ; la mère, ita­lo-provençale, autorise Sartre et Camus alors que le reste de la famille subit l’in­flu­ence de l’OAS. »

En 1966, elle s’inscrit à la fac­ulté de Nan­terre et plonge très rapi­de­ment dans le gauchisme le plus extrême. Après avoir ren­con­tré le mou­ve­ment lam­bertiste dont le dirigeant nan­ter­rois était alors Charles Berg (elle déclara pour­tant n’avoir pas flirté avec les lam­bertistes : « C’est la secte la plus archaïque, celle qui a tou­jours refusé la nou­veauté et s’est trompée sur tout : au moment de la guerre du Viet­nam, ils pré­tendaient que les Améri­cains allaient écras­er les Viet­namiens et, pen­dant Mai 68, ils dis­aient de fuir les bar­ri­cades, car les man­i­fes­tants allaient être écrasés par les policiers », « Sophie Bouchet-Petersen : la boîte à idées de Ségolène », Le Point, 30 novem­bre 2006), alias le futur cinéaste Jacques Kirsner (au sein de l’Organisation com­mu­niste inter­na­tion­al­iste), elle milite pour la Jeunesse com­mu­niste d’Alain Kriv­ine. Dans cette organ­i­sa­tion, ancêtre de la Ligue Com­mu­niste Révo­lu­tion­naire (LCR) et de l’actuel Nou­veau Par­ti Ant­i­cap­i­tal­iste, elle adopte le pseu­do­nyme de Sarah et entre en tant que clav­iste à Rouge (la pub­li­ca­tion de la LCR). En 1967, elle entre au comité cen­tral de l’organisation pour ne le quit­ter qu’onze ans plus tard en 1978. Mal­gré son activisme poli­tique, Sophie Bouchet-Petersen réus­sira à décrocher une licence de philosophie.

Durant cette péri­ode, Sophie Bouchet-Petersen s’engage à fond dans les émeutes de Mai 1968. Sa meilleure amie sera la future soci­o­logue Nicole Lapierre (la future épouse d’Edwy Plenel, futur directeur de la rédac­tion du Monde puis de Medi­a­part, après avoir été rédac­teur en chef de Bar­ri­cades).

Elle épouse Dominique Bouchet, le maque­t­tiste du jour­nal Rouge, « alors que sa généra­tion envoie promen­er le rit­uel bour­geois. “C’était la seule façon de l’im­pos­er à ma famille”, jus­ti­fie-t-elle. » (« Sophie Bouchet-Petersen, du trot­skisme à Ségolène Roy­al », Le Monde, 10 mai 2006. Le cou­ple, aujourd’hui séparé, aura des jumeaux (le futur jour­nal­iste Jonathan Bouchet-Petersen et Rebec­ca) et vivra alors en com­mu­nauté avec le jour­nal­iste de Rouge, Denis Pin­gaud (ancien directeur de la stratégie chez Euro-RSCG et con­seiller de Lau­rent Fabius, désor­mais prési­dent général de Balis­es, une entre­prise spé­cial­isée dans le con­seil en straté­gies d’opin­ion et de com­mu­ni­ca­tion) et sa com­pagne à Vincennes.

Mem­bre de la cel­lule Taupe rouge de Boulogne-Bil­lan­court, elle passera cinq ans à y ven­dre le jour­nal trotskyste.

En par­al­lèle à ses activ­ités, elle s’investit dans le mou­ve­ment fémin­iste. Sophie Bouchet-Petersen fig­ure dans le com­man­do du Mou­ve­ment de libéra­tion des femmes qui envahit L’Express en 1974 afin de pro­test­er con­tre la pub­li­ca­tion dans ses colonnes d’Histoire d’O. Elle bar­bouille ain­si de rouge à lèvres le bureau de Jean-Jacques Ser­van-Schreiber, un fou­et à la main ! Son dernier fait d’arme avant de quit­ter le monde du trot­skisme en 1978 et de se présen­ter cette même année aux élec­tions lég­isla­tives dans le VIIème arrondisse­ment de Paris pour la Ligue Com­mu­niste Révo­lu­tion­naire (LCR).

Assis­tante au Fonds de la recherche, à la direc­tion générale de la recherche sci­en­tifique et tech­nique (1976–1981), Sophie Bouchet-Petersen intè­gre l’équipe prési­den­tielle de François Mit­ter­rand comme con­seil­lère tech­nique et elle est placée après son élec­tion en 1981 à la prési­dence de la République comme chargée de mis­sion au min­istère de l’Industrie. En 1983, elle est recrutée par le très con­tro­ver­sé Alain Bou­blil (con­damné dans l’affaire Pechiney), alors con­seiller tech­nique au secré­tari­at général de la Prési­dence, comme chargée de mis­sion pour les entre­pris­es en dif­fi­culté (1983–1988). De 1981 à 1993, elle œuvre comme « nègre » auprès de François Mit­ter­rand, fig­u­rant dans la petite équipe des plumes de l’ombre.

Ce n’est qu’en 1988 qu’elle sera offi­cielle­ment nom­mée con­seiller au Secré­tari­at général de la prési­dence de la République, auprès de Bernard Pêcheur, con­seiller social du prési­dent de la République. En jan­vi­er 1990, elle est nom­mée, sur inter­ven­tion directe de François Mit­ter­rand, maître des requêtes au Con­seil d’Etat au tour extérieur.

Elle finit par adhér­er au Par­ti social­iste (PS) en 1993 et se fait plac­er la même année en disponi­bil­ité (jusqu’en 1997) afin de se lancer dans un nou­veau pro­jet mil­i­tant, l’association Droit de cité, chargée d’animer des « réseaux de quarti­er » dans les ban­lieues dif­fi­ciles. (Dans un arti­cle paru dans le quo­ti­di­en Le Monde, le 5 décem­bre 1996, « Le rap décape, la France dérape », elle prend fait et cause pour le groupe NTM : « La vio­lence du rap ? Celle de la vie, d’abord. Plus que quelques déra­pages racoleurs, c’est ce qui dérange. Ces chroniques ne sont pas suaves. La réal­ité non plus. » Avant d’écrire que « l’in­té­gra­tion, pour le dire vite, ça marche. Sur le plan cul­turel, du moins. Des résul­tats sco­laires (iden­tiques à niveau social équiv­a­lent) au nom­bre des unions et des ami­tiés mixtes, des sports et des groupes de rap qui les mêlent aux pro­fils des jeunes lead­ers qui font bouger les cités. Adhé­sion à la France et par­tic­i­pa­tion sur un pied d’é­gal­ité à la cul­ture pop­u­laire et juvénile. » Ce sera un coû­teux fias­co qui abouti­ra au départ de la plu­part de ses respon­s­ables, dont Sophie Bouchet-Petersen, qui lanceront alors un autre pro­jet, tou­jours soutenu en sous-main par le Par­ti social­iste, le mou­ve­ment « Stop la vio­lence » qui sera égale­ment un échec. De son côté, elle lancera égale­ment un pro­jet qua­si mort-né l’UniverCité Chris­t­ian-Bach­mann pour lut­ter con­tre les dis­crim­i­na­tions. Sophie Bouchet-Petersen en prof­ite pour par­ticiper à la « ren­con­tre inter­con­ti­nen­tale pour l’hu­man­ité et con­tre le néolibéral­isme » organ­isé dans le Chi­a­pas par l’Ar­mée zap­atiste de libéra­tion nationale (EZLN) du sous-com­man­dant Mar­cos et réalis­er un doc­u­men­taire « Ya bas­ta ! Chi­a­pas, été 1996 » en col­lab­o­ra­tion avec Pat­ty Villers.

Par le biais du réseau social­iste, on la retrou­ve ensuite (mars à août 1998) comme chargée de mis­sion auprès du prési­dent de l’Etablissement pub­lic du Parc et de la Grande halle de la Vil­lette, Bernard Latar­jet, avant qu’elle ne retourne au Con­seil d’Etat. De mars 1999 à mars 2000, elle fig­ure au cab­i­net de Ségolène Roy­al comme con­seiller tech­nique pour les dossiers con­cer­nant la lec­ture, le lan­gage, et les zones d’éducation pri­or­i­taire. En mai 2000, elle devient con­seiller de Ségolène Roy­al, dev­enue min­istre délégué à la Famille, à l’Enfance et aux per­son­nes hand­i­capées. Selon Le Point (« Sophie Bouchet-Petersen : la boîte à idées de Ségolène », Le Point, 30 novem­bre 2006), « dans ce min­istère, Ségolène Roy­al (…) entourée de Sophie Bouchet-Petersen et de quelques experts, par­mi lesquels la soci­o­logue Irène Théry, elle va revis­iter l’ap­proche de la gauche autour de l’axe sécu­rité et lib­erté. Entre adultes con­sen­tants, il faut con­tin­uer à libéralis­er et inté­gr­er la muta­tion des familles (recom­posées, homo­parentales). En revanche, sur l’axe ver­ti­cal, les rap­ports par­ents-enfants, pro­fesseurs-élèves, il faut con­solid­er l’au­torité légitime. Cette nou­velle vision de la poli­tique de la famille n’est pas facile à faire pass­er à gauche. »

Puis, de novem­bre 2001 à mai 2002, elle sera con­seiller aux affaires réservées auprès de Chris­t­ian Paul, secré­taire d’Etat à l’Outre-Mer. Elle en prof­ite pour par­ticiper au som­met alter­mon­di­al­iste de Por­to Ale­gre, en retenant l’idée de démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive, une idée reprise par la suite par Ségolène Roy­al. Elle devient alors con­seiller tech­nique en charge de la décen­tral­i­sa­tion au cab­i­net de Jean-Paul Huchon, la décen­tral­i­sa­tion et les ini­tia­tives nou­velles de démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive. Sophie Bouchet-Petersen rejoint l’année suiv­ante Ségolène Roy­al comme con­seil­lère spé­ciale de la prési­dente du Con­seil région­al de Poitou-Char­ente, puis entre dans son équipe de cam­pagne comme son prin­ci­pal bras droit. Elle par­ticipe au lance­ment de son site Inter­net Désirs d’avenir, four­nissant par ailleurs une bonne par­tie de ses argu­men­taires, en piochant dans les dis­cours de Jean Jau­rès, Léon Blum ou François Mit­ter­rand. Sophie Bouchet-Petersen retrou­ve ensuite Ségolène Roy­al en tant que con­seiller spé­cial au con­seil région­al Poitou-Charentes.

Le 4 avril 2014, elle est nom­mée chargée de mis­sion pour les rela­tions avec les chercheurs, le mou­ve­ment asso­ci­atif et la démoc­ra­tie par­tic­i­pa­tive et citoyenne auprès de Ségolène Roy­al en sa qual­ité de min­istre de l’É­colo­gie, du Développe­ment durable et de l’Énergie. Dans un décret de novem­bre 2015, du Prési­dent de la République, « il est mis fin à la mise à dis­po­si­tion du min­istère de l’é­colo­gie, du développe­ment durable et de l’én­ergie de Mme Sophie Bouchet-Petersen, con­seil­lère d’É­tat, à compter du 1er mars 2016 » et l’ancienne plume de Ségolène Roy­al « est admise à faire val­oir ses droits à la retraite. »

En sep­tem­bre 2016, elle fait par­tie de la cen­taine de con­vives entourant Ségolène Roy­al lors de son anniver­saire, « d’an­ciens sou­tiens et de nou­veaux proches étaient là », dans les salons et le jardin du min­istère de l’Écologie.

« La con­seil­lère spé­ciale de Ségolène, Sophie Bouchet-Petersen, avait tou­jours l’expression “démo-part” à la bouche. Lorsque, plus tard, j’ai tra­vail­lé avec mon agence sur le jour­nal en ligne, j’ai inti­t­ulé naturelle­ment mon dossier “Media-Part” explique Benoît Thieulin. » « Medi­a­part: d’om­bre et de lumière », L’Express, 23 octo­bre 2013.

Gilles Finchelstein

Né le 28 juin 1963 à Paris, proche du Par­ti social­iste en tant que plume de Pierre Mau­roy, pre­mier secré­taire du Par­ti social­iste à la fin des années 1980 et fon­da­teur de la Fon­da­tion Jean Jau­rès. Il sera ensuite la plume de Lionel Jospin pen­dant les cam­pagnes prési­den­tielles de 1995 et de 2002, mais aus­si celle de Dominique Strauss-Kahn lorsqu’il devint min­istre de l’Économie en 1997 jusqu’à sa chute en 2011 et finale­ment une des plumes du prési­dent de la République François Hol­lande (« Le prési­dent [François Hol­lande], à l’évidence, compte de plus en plus sur lui », « Gilles Finchel­stein, un petit tour en “Hol­landie” », Le Monde, 8 sep­tem­bre 2016.

Gilles Finchel­stein est mem­bre depuis 2008 du club Le Siè­cle et il a été invité de la Fabi­an Soci­ety, le prin­ci­pal think tank mon­di­a­lo-tra­vail­liste en 1999. Chargé d’imposer le libéral­isme et le mon­di­al­isme à l’intérieur du Par­ti social­iste, il développe les thès­es de la « Troisième voie » (libéral­isme et mon­di­al­isme économique, social­isme en matière sociale et cul­turelle). Il est depuis 2000 directeur général de la Fon­da­tion Jean Jau­rès et devient en 2002 directeur des études de Havas World­wide (anci­en­nement Euro RSCG World­wide). Cette con­san­guinité entre le monde de la com­mu­ni­ca­tion et celui de la poli­tique, en l’occurrence le Par­ti social­iste, n’a rien d’un hasard. Les agences de com­mu­ni­ca­tion suc­ces­sives depuis la muta­tion de RSCG, en Euro RSCG et désor­mais en Havas World­wide, ont été les pro­mo­teurs pub­lic­i­taires des per­son­nal­ités du Par­ti social­iste comme François Mit­ter­rand, Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn, Lionel Jospin ou Manuel Valls grâce au savoir-faire et à l’entregent de Jacques Séguéla et de Stéphane Fouks. L’ouvrage Les gourous de la com: Trente ans de manip­u­la­tions poli­tiques et économiques, d’Aurore Gorius et Michaël More­au (La Décou­verte, 2012) décrit le sys­tème Euro RSCG : « d’une sphère à l’autre, du pub­lic au privé, l’in­flu­ence reste la pièce maîtresse du dis­posi­tif d’Eu­ro RSCG. Séguéla a posé les fon­da­tions, puis Fouks a bâti des réseaux poli­tiques sophis­tiqués. Selon cer­taines sources, le con­seil poli­tique en lui-même ne représen­terait que 3% du chiffre d’af­faires, mais rap­porterait de nom­breux con­trats. Beau­coup moins encore selon Stéphane Fouks, qui par­le de un pour mille dans le busi­ness de l’a­gence, et seule­ment 3% du temps de tra­vail. Pourquoi cette dis­par­ité de chiffres ? La vérité se situe entre les deux. Car en poli­tique, si les ser­vices d’Eu­ro RSCG sont sou­vent offi­cielle­ment gra­tu­its, ils cachent néan­moins la sig­na­ture de mis­sions rémunérées en bonne et due forme. (…) Tous les col­lab­o­ra­teurs d’Eu­ro RSCG sont encour­agés à con­seiller des poli­tiques. Offi­cielle­ment, parce que c’est une excel­lente école de for­ma­tion. Offi­cieuse­ment parce que cela per­met de cul­tiv­er les réseaux néces­saires pour faire prospér­er l’agence. »

Autre par­tic­u­lar­ité, l’agence va « jusqu’à recruter et s’im­planter physique­ment dans tous les lieux de pou­voir. Ain­si Gilles Finchel­stein, un des con­sul­tants les plus proches du cou­ple DSK-Anne Sin­clair, a ain­si été cueil­li à sa sor­tie du cab­i­net de Pierre Moscovi­ci, en 2002. » Comme il le résume aux auteurs de l’ou­vrage, son tra­vail con­siste pour ses clients à « l’écriture de tri­bunes, réécri­t­ure d’in­ter­views, choix des élé­ments de lan­gage ou bien du con­seil : faut-il par­ler ou pas ? Que dire, où et quand ? » Il est dès lors très dif­fi­cile de penser qu’il n’y a pas chez Gilles Finchel­stein mélange des gen­res entre la Fon­da­tion Jean Jau­rès (proche du Par­ti social­iste) dont les études ori­en­tées sont repris­es par l’ensemble des médias et son emploi de com­mu­ni­cant spé­cial­isé…. dans la poli­tique et les sondages et dont les prin­ci­paux clients sont des per­son­nal­ités du Par­ti socialiste !

Fondation Jean Jaurès

Fondée en 1992, la Fon­da­tion Jean Jau­rès se veut un « think tank, un acteur de ter­rain et un cen­tre d’his­toire au ser­vice de tous ceux qui défend­ent le pro­grès et la démoc­ra­tie dans le monde ». Véri­ta­ble boîte à idée du Par­ti social­iste, elle en a été longue­ment dirigée par l’un de ses caciques, l’ancien Pre­mier min­istre Pierre Mau­roy (1992 à 2013) et depuis 2013 par l’ancien min­istre social­iste Hen­ri Nal­let. Par ailleurs, Gilles Finchel­stein en est le directeur général depuis 2000. Recon­nue d’utilité publique dès sa fon­da­tion, la Fon­da­tion Jean Jau­rès béné­fi­cie des sub­ven­tions publiques et d’aides privées, notam­ment de Véo­lia, Mat­mut, Caisse de dépôts, Edf, Orange, etc. Depuis sa créa­tion, la Fon­da­tion Jean Jau­rès prône une lutte sans réserve vis-à-vis du Front nation­al, notam­ment par l’étude soci­ologique de son élec­torat, l’analyse de ses dis­cours mais égale­ment la dif­fu­sion auprès des jour­nal­istes et décideurs poli­tique du prêt-à-penser offi­ciel qui peut se résumer ain­si : « assén­er que le vote FN est immoral, raciste et xéno­phobe ne con­va­in­cra pas les électeurs ten­tés par le fron­tisme. C’est en mon­trant que le FN n’a pas changé, qu’il reste un par­ti antirépub­li­cain et en envis­ageant une réponse plurielle qu’on lais­sera le Front nation­al à sa place : en dehors de la République. » C’est dans cette optique que la Fon­da­tion Jean Jau­rès a lancé en mars 2014, l’Observatoire des rad­i­cal­ités poli­tiques (ORAP) présidé par Jean-Yves Camus. Conçu afin de « ratio­nalis­er l’analyse des dynamiques rad­i­cales qui tra­vail­lent les sociétés européennes et met­tent à mal le par­a­digme de l’humanisme égal­i­taire » (lien : https://jean-jaures.org/observatoires/observatoire-des-radicalites-politiques), l’Observatoire des rad­i­cal­ités poli­tiques servi­ra de cheville ouvrière à l’observatoire du Front nation­al de Libéra­tion, « L’œil sur le Front ». Ce sont les dizaines de chercheurs (Cécile Alduy, Joseph Beau­re­gard, Gaël Brusti­er, Syl­vain Crépon, Xavier Cret­tiez, Alexan­dre Dézé, Romain Ducoulom­bier, Del­phine Espag­no, Joël Gom­bin, Nico­las Lebourg, Rudy Reich­stadt ‚Dominique Sis­tach) de l’Obser­va­toire des rad­i­cal­ité poli­tiques, qui trustent les plateaux de télévi­sion et qui fourniront les enquêtes à l’hallali médi­a­tique à l’encontre du Front nation­al menée par le quo­ti­di­en Libéra­tion en vue des élec­tions prési­den­tielles. Proches du PS, ils s’en défend­ent néan­moins : « L’O­rap est hébergé par la Fon­da­tion Jean Jau­rès, organ­isme de gauche. Mais les mem­bres décli­nent toute ori­en­ta­tion par­ti­sane. “Nous avons accep­té à con­di­tion d’avoir une totale indépen­dance et de pou­voir agir en toute lib­erté, pré­cise Syl­vain Crépon. Nous ne sommes pas un groupe de lutte poli­tique mais bien des chercheurs qui ont pour objec­tif d’ap­pro­fondir les connaissances.” »

Parti socialiste — Stéphane Fouks — Patrick Drahi — Bernard Mourad : Un drôle de ménage à trois

Stéphane Fouks, vice-prési­dent du Groupe Havas et coprési­dent exé­cu­tif Havas World­wide, a été présen­té au mil­liar­daire fran­co-israélien et futur patron du quo­ti­di­en Libéra­tion, Patrick Drahi par Bernard Mourad, ban­quier chez Mor­gan Stan­ley en octo­bre 2013. Au sein d’Havas, Stéphane Fouks a con­fié le « dossier Drahi » à Arthur Drey­fuss, l’un de ses jeunes dis­ci­ples. À cette époque, Patrick Drahi est en pleine négo­ci­a­tion économique pour le rachat de SFR et il a rapi­de­ment com­pris que cette opéra­tion « prendrait une tour­nure poli­tique », l’homme d’affaires con­sen­tant « à faire ce qu’il n’avait jamais fait jusque-là : embauch­er un cab­i­net de com­mu­ni­ca­tion. Son choix s’est porté sur Havas World­wide, société de con­seil de Stéphane Fouks, l’ancien spin doc­tor de Jérôme Cahuzac et de Dominique Strauss-Kahn. Peu après, Patrick Drahi entrou­vrait sa porte à une poignée de jour­nal­istes triés sur le volet » qui con­coc­tèrent par la suite des sujets sur-mesure. Les arti­cles qui suivirent « décrivaient les man­agers d’Altice, basés à Genève, comme une petite équipe de jeunes et bril­lants esprits venant au tra­vail en jean, sans secré­taire, réser­vant eux-mêmes leurs vols sur easy­Jet. (…) Le bureau de Patrick Drahi se résumerait à son iPhone 6S. Le seul luxe des lieux est une machine Nespres­so et un mini­foot “que per­son­ne n’a le temps d’utiliser”, racon­tait par exem­ple le Finan­cial Times. » ( « DETTE L’homme qui valait moins 48 mil­liards », hebdo.ch, 24 décem­bre 2015). Une réal­ité totale­ment arti­fi­cielle car les jour­nal­istes, aux ordres de Stéphane Fouks sem­ble-t-il, ont totale­ment oublié de men­tion­ner les somptueuses vil­las de Patrick Drahi et de sa garde rapprochée….

Les liens entre les dif­férentes strates du Par­ti social­iste et la galax­ie de Patrick Drahi sont mul­ti­ples. Bernard Mourad est devenu con­seiller spé­cial d’Emmanuel Macron en octo­bre 2016. Il a démis­sion­né pour cela du groupe Altice de Patrick Drahi qu’il avait rejoint en févri­er 2015 en tant que patron de la branche média du groupe…

Ancien de la French Amer­i­can Fon­da­tion (pro­mo 2001), Stéphane Fouks (voir § Nébuleuse Gilles Finchel­stein) a des liens qua­si-con­san­guins avec le Par­ti social­iste et notam­ment avec le Pre­mier min­istre Manuel Valls.

Quant à Patrick Drahi, « selon plusieurs sources con­cor­dantes, le sauve­tage du quo­ti­di­en de gauche Libéra­tion par le PDG de Numéri­ca­ble, Patrick Drahi, aurait été vive­ment encour­agé par l’Elysée » et donc par le prési­dent de la République et ancien pre­mier secré­taire du Par­ti social­iste, François Hol­lande. « L’É­tat aurait mis dans la bal­ance une issue pos­i­tive au rachat de SFR par l’homme d’af­faires fran­co-israélien. » Le mag­a­zine Mar­i­anne (« Des médias sous influ­ence » 22 au 28 avril 2016) con­firme cette infor­ma­tion, selon un ini­tié de la trans­ac­tion, « Drahi est éloigné de la vie poli­tique française, mais quand Hol­lande lui a demandé de racheter Libéra­tion, il l’a fait. C’est lui per­me­t­tait de faire la paix avec le pou­voir, et de mon­tr­er qu’il est un bon citoyen, alors que son mod­èle fondé sur la défis­cal­i­sa­tion est critiqué. »

L’agence La Netscouade

Cette « agence de com­mu­ni­ca­tion et de trans­for­ma­tion numériques » a été fondée en 2007 par Benoit Thieulin, qui fut égale­ment le prési­dent du Con­seil Nation­al du Numérique de jan­vi­er 2013 à jan­vi­er 2016. Elle a rachetée en sep­tem­bre 2016 par ESN Ope­nau, le fon­da­teur de La Netscouade, Benoit Thieulin, étant nom­mé directeur de l’in­no­va­tion, et rejoignant le comité exé­cu­tif d’Open. Comme Sophie Bouchet-Petersen, il a été mem­bre de l’équipe de cam­pagne de Ségolène Roy­an en 2007, en dirigeant sa cam­pagne inter­net et en met­tant notam­ment en place le site Désirs d’avenir. Avant « de par­ticiper à une mis­sion d’étude aux États-Unis en 2009 avec le think tank proche du PS Ter­ra Nova, avec pour objec­tif d’étudier les inno­va­tions de la cam­pagne prési­den­tielle d’Obama » et au lance­ment de Medi­a­part : « La con­seil­lère spé­ciale de Ségolène, Sophie Bouchet-Petersen, avait tou­jours l’expression “démo-part” à la bouche. Lorsque, plus tard, j’ai tra­vail­lé avec mon agence sur le jour­nal en ligne, j’ai inti­t­ulé naturelle­ment mon dossier “Media-Part” explique Benoît Thieulin. » (« Medi­a­part: d’om­bre et de lumière », L’Express, 23 octo­bre 2013.

Nicolas Demorand

Ils ont dit

Société civile des per­son­nels de Libéra­tion (SCPL) : « Enfin, nous avons appris l’arrivée prochaine, pour un CDD de longue durée, de Jonathan Bouchet-Petersen, ancien col­lab­o­ra­teur de Nico­las Demor­and sur France Inter. Alors qu’il avait assuré venir seul lors de la présen­ta­tion de son pro­jet, cette poli­tique d’embauche fait douter de sa parole. D’au­tant que plusieurs pigistes per­ma­nents, à plein temps sur cer­tains postes, sol­lici­tent sou­vent la direc­tion sur leurs per­spec­tives pro­fes­sion­nelles et se voient rétor­quer une impos­si­bil­ité économique. Deux poids, deux mesures? Nous souhai­te­ri­ons que la direc­tion s’appuie davan­tage sur les tal­ents de l’équipe pour faire évoluer le quo­ti­di­en, objec­tif que nous parta­geons. Pour ces raisons, et avant que ce cli­mat ne devi­enne dom­mage­able au fonc­tion­nement de Libéra­tion, nous votons la défi­ance. » Source : asset.rue89.com/files/Liberation.pdf

Cédric Math­iot, de la Société civile des per­son­nels de Libéra­tion (SCPL) : « Nico­las Demor­and s’appuie beau­coup sur lui[ Syl­vain Bourmeau]. Plus que sur l’équipe en place. On aimerait qu’il vienne plus vers nous. L’arrivée d’un deux­ième proche [Jonathan Bouchet-Petersen] ne nous ras­sure pas », «A Libéra­tion, la motion con­tre Demor­and approu­vée à 78% », rue89.nouvelobs.com, 30/06/2011. (lien : http://rue89.nouvelobs.com/2011/06/30/a‑liberation-la-motion-contre-demorand-approuvee-a-78–211485)

« Nico­las Demor­and a trans­mis la can­di­da­ture de Jonathan Bouchet-Petersen, qui aurait ensuite suivi le par­cours d’embauche clas­sique : CV, let­tre de moti­va­tion, plusieurs entre­tiens. Ludovic Blech­er, édi­teur en chef de Liberation.fr, a assuré, mer­cre­di en assem­blée générale, avoir vu “deux ou trois” can­di­dats », Ibid.

« Qua­tre mois après son arrivée à la tête de Libé, Nico­las Demor­and sus­cite la colère de jour­nal­istes de la rédac­tion. En cause, la déci­sion de ne pas embauch­er Alexan­dre Her­vaud, jour­nal­iste à Ecrans.fr, spé­cial­iste des réseaux soci­aux et autres geek­eries, et dont le con­trat en CDD arrive à expi­ra­tion, alors même que Demor­and souhaite embauch­er Jonathan Bouchet-Petersen, son ex-col­lab­o­ra­teur à France inter et Europe 1 », « Gron­de­ments anti-Demor­and à Libé », arretsurimages.net, 29 juin 2011.

« Deux autres motifs de con­tes­ta­tion s’a­joutent à ces griefs. La rumeur d’embauche de Jonathan Bouchet-Petersen, proche de Nico­las Demor­and, est perçue comme une provo­ca­tion par la rédac­tion. Il a d’abord été évo­qué qu’il signe un CDI, avant que le remue-ménage ne force la direc­tion à l’ori­en­ter sur un CDD, prob­a­ble­ment de longue durée de 9 ou 18 mois. Mais au sein du jour­nal, les jour­nal­istes ne sont pas dupes. “Il sera bien sûr embauché au bout du compte”, dit l’un d’eux », « Nico­las Demor­and large­ment désavoué par les jour­nal­istes de Libéra­tion », Ouest-France, 30 novem­bre 2011.

Crédit pho­to : Les Ren­con­tres RSLN via Flickr (cc)

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