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Accueil | Portraits | Étienne Mougeotte

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25 octobre 2021

Temps de lecture : 9 minutes

25 octobre 2021

Accueil | Portraits | Étienne Mougeotte

Étienne Mougeotte

Temps de lecture : 9 minutes

Ancien sarkozyste indécrochable !

Étienne Mougeotte fût nommé en décembre 2012 directeur général de Radio classique et directeur de l’antenne. Né en mars 1940, l’ancien directeur des rédactions du groupe Figaro et ancien vice-PDG de TF1 avait alors pris la tête de la première radio de musique classique en France, qui affiche une forte progression d’audience, et compte plus d’un million d’auditeurs. Depuis 2015 il était actionnaire minoritaire du groupe Valmonde, mais avait cédé ses parts avant son décès début octobre 2021.

Famille et études

Éti­enne Mougeotte est né à La Rochefou­cauld, en Char­ente, le 1er mars 1940. Il est diplômé de l’Institut d’Études poli­tiques de Paris et de l’Institut Français de Presse (IFP).

Carrière professionnelle

Éti­enne Mougeotte a com­mencé sa car­rière en 1965, en tant que reporter à France Inter. Il y sera notam­ment cor­re­spon­dant à Bey­routh de 1966 à 1967. Il devient ensuite chef d’édition à Europe 1, puis grand reporter et rédac­teur en chef adjoint du jour­nal « Infor­ma­tion Pre­mière » de la 1ère chaîne de l’ORTF. En 1972 il rejoint RTL, mais revient à Europe 1 dès 1973, où il est nom­mé rédac­teur en chef puis directeur de l’information. En mars 1981, à 41 ans, la car­rière d’Étienne Mougeotte prend de l’envergure lorsqu’il rejoint le groupe Hachette : il devient directeur de l’information du Jour­nal du Dimanche et, en par­al­lèle, l’adjoint de Jean-Luc Lagardère, PDG du groupe Matra Hachette, pour l’ensemble des activ­ités Médias, et directeur du départe­ment Audio­vi­suel d’Hachette. Au sein du même groupe, il quitte Le JDD pour pren­dre la direc­tion de l’hebdomadaire Télé 7 jours (1984 à 1987). De 1982 à 1987, il pré­side le Syn­di­cat nation­al de la Vidéo­com­mu­ni­ca­tion. En 1987, mal­gré un can­cer de la gorge qui lui laisse quelques séquelles (et une voix par­ti­c­ulière­ment recon­naiss­able), sa car­rière prend un nou­veau tour­nant : il quitte le groupe Lagardère pour Bouygues en entrant à TF1, dont il prend rapi­de­ment la vice-prési­dence et la direc­tion de l’antenne. Là, il fonde la chaîne d’information con­tin­ue LCI, qu’il présente au 20h de Claire Chaz­al sur TF1 le 24 juin 1994, et dont il prend la présidence.

En avril 2007, il annonce qu’il s’apprête à quit­ter TF1 pour devenir con­sul­tant en com­mu­ni­ca­tion. Ce qui ne l’empêche pas de pren­dre la direc­tion du Figaro Mag­a­zine en août 2007, tout en con­ser­vant le rôle de con­seiller auprès du nou­veau directeur général du groupe TF1, Nonce Paoli­ni, client de sa toute nou­velle société : M Con­seil en com­mu­ni­ca­tion. En novem­bre 2007, il devient directeur de l’ensemble des rédac­tions du groupe Le Figaro, puis rejoint l’équipe du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro et quitte défini­tive­ment TF1. En par­al­lèle, depuis 2006, il est vice-prési­dent et mem­bre du Con­seil de sur­veil­lance de la chaîne France 24.

Après cinq années (le temps d’un man­dat…) passées à la tête du Figaro dont il aura fait le grand relais de la poli­tique sarkozyste, Éti­enne Mougeotte est remer­cié en juil­let 2012, peu après la défaite du can­di­dat Sarkozy. Le pro­prié­taire du groupe, Serge Das­sault, le rem­place par Alex­is Brézet. Bat­tu mais pas défait, Éti­enne Mougeotte n’est pas décidé à pren­dre sa retraite et rejoint Radio clas­sique en décem­bre 2012, en tant que directeur général et directeur d’antenne.

Peu après la défaite de Nico­las Sarkozy, en juin 2012, et peu avant son départ du Figaro, Éti­enne Mougeotte a créé Epe Con­seil, et sa mai­son-mère Epe Hold­ing. Deux sociétés des­tinées à créer et inve­stir « par­ti­c­ulière­ment dans les domaines de l’audiovisuel et de la com­mu­ni­ca­tion », comme le rap­porte Rue 89 à l’époque.

En 2015, il prend la prési­dence du groupe Val­monde dont fait par­tie l’heb­do­madaire Valeurs actuelles, en rem­place­ment d’O­livi­er Das­sault. Logique au vu de ses états de ser­vice passés et moins cepen­dant lorsque Lyon Cap­i­tale et le Point révè­lent qu’il a fait par­tie des action­naires de Générationgay.fr au début des années 2000. Ce site pro­po­sait une ver­sion gay de Loft Sto­ry, des pho­tos de jeunes hommes dénudés et des tchats coquins. Eu égard à la ligne édi­to­ri­ale et au lec­torat de Valeurs Actuelles, ça fait un peu désor­dre… Cela ne l’empêche pas de se voir propul­sé à la prési­dence du con­seil de sur­veil­lance du groupe Val­monde à la ren­trée 2017, ce dernier rem­place le con­seil d’ad­min­is­tra­tion pré-existant.

Il avait cédé ses pars à Iskan­dar Safa avant son décès en octo­bre 2021.

Sa nébuleuse

Éti­enne Mougeotte a été « pro­fesseur asso­cié » à l’école de jour­nal­isme fondée à Sci­ences-Po Paris ; mais sur le site de l’école, seuls Nico­las Beytout et Jean-François Fogel appa­rais­sent aujourd’hui sous ce titre.

Jean-Marc Moran­di­ni, avec lequel il a été action­naire de Généra­tion Gay.

Il l’a dit

« (François Bay­rou) a dit que M. Lagardère, M. Bouygues, M. Das­sault étaient proches de Nico­las Sarkozy… Mais, enfin, c’est une affir­ma­tion qui n’a pas de fonde­ment et que, per­son­nelle­ment, moi, je dénie tout à fait ! » Éti­enne Mougeotte, alors vice-prési­dent de TF1, inter­rogé par Jean-Marc Moran­di­ni sur Europe 1 le 17 jan­vi­er 2007 (donc peu avant l’élection de Nico­las Sarkozy à la prési­dence de la République, NDLR).

« C’est une abom­i­na­tion. Je me suis bat­tu toute ma vie con­tre le racisme et la xéno­pho­bie, j’ai œuvré pour la diver­sité à TF1, et Le Figaro est d’une clarté absolue. Je ne sup­porte pas qu’on plaisante là-dessus. » Éti­enne Mougeotte, en décem­bre 2009, après avoir vu sa mar­i­on­nette pass­er aux « Guig­nols de l’Info » avec une fausse Une de son jour­nal dans les mains annonçant : le titre “Musul­mans, Noël approche, pensez à ren­tr­er chez vous” par­o­dié de la manchette d’o­rig­ine “Sarkozy rap­pelle aux Musul­mans leurs droits et leurs devoirs”.

« Au mieux un dan­gereux irre­spon­s­able ; au pire un délin­quant per­vers », au sujet de Julien Assange dans Le Figaro, 08/12/2010

« Si vous n’êtes pas con­tents, vous n’avez qu’à aller tra­vailler à Libéra­tion ! » Éti­enne Mougeotte le 9 févri­er 2012, alors directeur de la rédac­tion du Figaro, en réponse aux jour­nal­istes du Figaro qui demandaient plus de neu­tral­ité dans les articles

« La ligne édi­to­ri­ale plaît aux lecteurs comme elle est, ça fonc­tionne. Je ne vois pas pourquoi j’en chang­erai. Oui, l’in­for­ma­tion est rap­portée dans la grande tra­di­tion du Figaro. Nous sommes un jour­nal de droite et nous l’ex­p­ri­mons d’ailleurs de manière claire. Les lecteurs le savent, les jour­nal­istes aus­si. Il n’y a rien de nou­veau sous le soleil ! » Éti­enne Mougeotte au JDD le 10 févri­er 2012, au sujet de la demande de la SDJ (Société Des Jour­nal­istes) du Figaro “de veiller à ce que les arti­cles mais aus­si les titres et les manchettes ren­dent compte de manière com­plète et plu­ral­iste de l’ac­tu­al­ité (…) sans occul­ter tel ou tel sujet au motif qu’il pour­rait embar­rass­er l’actuelle majorité”.

« Aujourd’hui l’offre médi­a­tique est dev­enue absol­u­ment con­sid­érable, on est passé d’un sys­tème de médias de masse avec un émet­teur unique à une sit­u­a­tion où, grâce aux réseaux soci­aux, cha­cun devient un média », Le Monde des grandes écoles, 12/7/2012

« On était jusqu’il y a quelques temps ou un jour­nal­iste de télé, ou un jour­nal­iste de presse écrite. Aujourd’hui, on est néces­saire­ment un jour­nal­iste de médias. Un jour­nal­iste de presse écrite est aus­si un jour­nal­iste d’internet. C’est quelque chose de très dif­fi­cile parce que pour inter­net on tra­vaille dans le domaine de l’information con­tin­ue alors que pour l’écrit on tra­vaille sur la ver­sion bouclage », ibid.

« La curiosité, le doute, la recherche de l’information à la source, le croise­ment des sources, et enfin, le jour­nal­iste doit être quelqu’un qui est scep­tique mais qui a quand même un espoir dans les hommes et la vie, et il doit savoir con­juguer les deux. Autrement dit, il est là pour essay­er de démêler le vrai du faux mais pas pour détru­ire », ibid.

« Un jour­nal, c’est une équipe. Il ne doit pas unique­ment s’incarner par un homme. C’est une vision anci­enne, archaïque. Je crois que le temps des patrons qui savent tout, qui dis­ent la vérité révélée, ce temps-là est passé. En revanche, je pense qu’un quo­ti­di­en comme un heb­do­madaire, c’est une ligne poli­tique. Pour exis­ter, être une mar­que, il faut un point de vue », ibid.

« Je déteste l’étiquette de con­ser­va­teur. Je suis favor­able à l’idée de con­serv­er les valeurs mais en prenant en compte l’évolution de la société », ibid.

« L’af­faire des enreg­istrements [de Patrick Buis­son sur Nico­las Sarkozy, NDLR] est sérieuse. Mais en ce qui con­cerne ma mod­este per­son­ne, hon­nête­ment, que le respon­s­able d’un média ait des con­tacts avec l’exé­cu­tif ou l’op­po­si­tion, c’est nor­mal, telle­ment banal. J’en ai vu d’autres… » L’Obs, 23 octo­bre 2014.

« LCI doit retrou­ver une via­bil­ité économique. Cette his­toire est une très grande leçon. Quand on est en posi­tion dom­i­nante, on s’imag­ine le rester tou­jours. Or tout ce qui peut arriv­er à un leader, c’est de per­dre son lead­er­ship ! La preuve avec LCI qui a longtemps été la référence. La grave erreur a été de refuser plusieurs fois de faire pass­er LCI en clair. En 2005 et en 2012. A titre per­son­nel, je croy­ais en la TNT gra­tu­ite. Ma faib­lesse a été de ne pas avoir réus­si à faire pré­val­oir mon point de vue. J’ai ma part de respon­s­abil­ité, bien sûr, parce que je n’ai pas été capa­ble de con­va­in­cre, notam­ment Patrick Le Lay. Mais voilà. Une fois qu’on est bat­tu sur un arbi­trage, on applique la ligne. Aujour­d’hui, je suis triste, for­cé­ment, parce que j’aime LCI. » L’Obs, 23 octo­bre 2014.

« Nous ne sommes pas des mani­aques du jeu­nisme », Téléra­ma, 12/09/2016 au sujet de l’âge moyen des audi­teurs (55 ans) de Radio-Clas­sique.

On l’a dit à son sujet

« Vous pensez qu’il défendait “une cer­taine idée de la France”, de la famille et de la société tra­di­tion­nelle et con­ser­va­trice ? Raté ! Ça, c’est du chiqué pour gogos. De fait, il sou­tient Numéro 23 et Généra­tionGay, en couliss­es mais sans faib­lir, depuis des années, n’hési­tant pas à inve­stir et à cen­sur­er directe­ment ou indi­recte­ment les arti­cles qui s’in­téressent d’un peu trop près à ses investisse­ments (j’en sais quelque chose !) en ®étab­lis­sant sim­ple­ment la vérité des faits. Bref, à cen­sur­er ceux qui font leur boulot de jour­nal­iste », Lyon Cap­i­tale, 20/10/2016.

« Mais, après Numéro 23, escro­querie à 100 mil­lions d’eu­ros, et Généra­tionGay, il sem­ble incon­gru de devoir encore se coltin­er les unes choc de Valeurs actuelles, qui nous dis­ent com­ment il faut agir et penser, qui il faut aimer ou détester… quand on sait que tout est faux et qu’il n’y a aucune “con­vic­tion” ou “valeur” der­rière, juste un sacré filon à exploiter […] Quant à Eti­enne Mougeotte, après avoir dis­paru durant qua­tre jours, il est revenu au jour­nal tout sourire, comme si de rien n’était. C’est qu’il con­naît la chan­son, Eti­enne. Un vrai tube nation­al, de Baden-Baden à Taman­ras­set : Familles, je vous hai…me »

Crédit pho­to : nico­genin via Flickr (cc)

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