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Accueil | Portraits | Anne Sinclair

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4 mai 2023

Temps de lecture : 22 minutes

4 mai 2023

Accueil | Portraits | Anne Sinclair

Anne Sinclair

Temps de lecture : 22 minutes

USA first

Anne Sinclair est née le 15 juillet 1948 à New York aux États-Unis. De nationalité franco-américaine, elle a passé les cinq premières années de sa vie aux États-Unis. En 1991, elle a épousé Dominique Strauss-Kahn (ex ministre des Finances, ex député-maire de Sarcelles, ex directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et membre du Parti Socialiste). Le couple divorce en mars 2013, elle est désormais en couple avec l’historien Pierre Nora.

Elle est la fille de Joseph-Robert Schwartz (change son nom en Sin­clair par décret du 3 août 1949) et de Miche­line Rosen­berg. Ne par­venant pas à rejoin­dre l’Angleterre après la débâ­cle, Joseph Schwartz rejoint la France Libre depuis New-York où il est affec­té aux ser­vices gaullistes au Moyen Ori­ent. Il est nom­mé directeur de Radio-Lev­ant à Bey­routh, puis secré­taire général de la délé­ga­tion de la France libre au Caire. Proche ami de Pierre Mendès-France, il devien­dra directeur général des par­fums Élis­a­beth Arden, directeur tech­nique des par­fums Caron, directeur de Revlon Inter­na­tion­al et admin­is­tra­teur de nom­breuses sociétés. Sa grand-mère pater­nelle, Mar­guerite Lévy-Valen­si, fuit Alger en 1898 suite aux émeutes anti­sémites qui accom­pa­g­nèrent l’élection d’Édouard Dru­mont dans cette cir­con­scrip­tion très con­voitée par la droite nationale.

Sa mère, Miche­line Nanette Rosen­berg était la fille de l’un des plus grands marchands d’art et galeristes de l’entre-deux-guerres, Paul Rosen­berg. Elle fait la ren­con­tre de Joseph Schwartz à New York (où elle tra­vail­lait au bureau de la France Libre, « France For­ev­er ») après la Libéra­tion. Anne Sin­clair est divor­cée du jour­nal­iste Ivan Lev­aï, qui lui a don­né deux enfants : David et Élie.

Elle divorce d’I­van Lev­aï après avoir ren­con­tré en 1988 Dominique Strauss-Khan qu’elle épouse finale­ment le 26 novem­bre 1991. Elle divorce de lui en mars 2013 deux ans après qu’il ait été mis en cause dans l’af­faire d’a­gres­sion sex­uelle sur Nafis­satou Dial­lo à New-York et se remet en cou­ple avec l’his­to­rien Pierre Nora.

Formation universitaire

Cours Hat­te­mer. Licen­ciée en droit, diplômée de l’Institut d’études poli­tiques de Paris (fil­ière Poli­tique et Social, 1972). Stages d’été à la rubrique mondaine de L’Ex­press.

Parcours professionnel

Ani­ma­trice de « L’homme en ques­tions » (FR3,1973–1976) et de « L’In­vité du jeu­di » (A2, 1978–1982).

Jour­nal­iste à Europe 1 de 1973 à 1976 (« Tout peut arriver »).

Elle entre à France 3 en 1976.

D’abord sta­giaire, puis jour­nal­iste à Europe 1 de 1973 à 1976 (« Tout peut arriv­er »). Elle assiste alors Éti­enne Mougeotte, directeur de l’information de la sta­tion et obtient sa carte de presse. Jean-Luc Lagardère lui pro­pose d’être son assis­tante mais elle tient à tout prix à faire car­rière dans le jour­nal­isme. Elle entre à France 3 en 1976.

Après une péri­ode de chô­mage de deux ans, durant laque­lle elle écrit son pre­mier livre, elle com­mence à tra­vailler pour TF1 en 1982 en tant que présen­ta­trice de l’émission « Les Vis­i­teurs du jour », arrêtée faute d’audience suff­isante en juil­let 1982.

Suiv­ent « Édi­tion spé­ciale » (1983) et « Ques­tions à domi­cile » avant la con­sécra­tion avec « 7 sur 7 » (1984–1997). À par­tir de 1986, elle est direc­trice adjointe de l’information de la chaîne, puis direc­trice générale de TF1 Entre­prise, direc­trice générale de e‑TF1 en 1997 (aigu­il­lée par les con­seils avisés de son min­istre de mari qui anticipe le suc­cès d’Internet), la fil­iale inter­net du groupe, en enfin vice-prési­dente. Elle quitte le groupe TF1 début 2001, à la suite de « désac­cords » avec le PDG du groupe, Patrick Le Lay. Elle engage un procès aux prud’hommes et gagne 1,86 mil­lions d’euros, qui servi­ront en bonne part, comme elle l’avouera elle-même plus tard, à la réno­va­tion de son riad de Marrakech.

À par­tir de 2001, elle tente une excur­sion hors de la presse et intè­gre le Groupe Net­gem, une start-up spé­cial­isée dans la vente de décodeurs de télévi­sions numérique.

En 2002, sur RTL, elle dirige des entre­tiens avec de grands patrons. Elle col­la­bore égale­ment à l’hebdomadaire Paris Match.

Ani­me sur France Inter, de 2003 à 2007, l’émis­sion « Libre cours ».

Par­ticipe, en 2008, à l’émis­sion « Le Grand Jour­nal » sur Canal+, en tant que cor­re­spon­dante aux États-Unis en vue de l’élec­tion prési­den­tielle améri­caine de 2008.

Direc­trice édi­to­ri­ale du site français d’actualité, le Huff­in­g­ton Post, lancé le 23 jan­vi­er 2012. The Huff­in­g­ton Post est un jour­nal d’information améri­cain pub­lié exclu­sive­ment sur Inter­net et afin d’offrir une réponse « libérale » (au sens anglo-sax­on, c’est-à-dire non con­ser­va­trice) à d’autres sites conservateurs.

Elle est faite Cheva­lier de la Légion d’Hon­neur en 2015.

À par­tir de sep­tem­bre 2017, Anne Sin­clair tient un bil­let heb­do­madaire dans Le JDD.

Fidèle à sa pas­sion pour la musique clas­sique, elle ani­me « Fau­teuils d’Orchestre » sur France 3, puis sur France 5, à par­tir de 2020.

Parcours militant

Pro­fondé­ment mar­quée par son engage­ment à gauche et ses racines juives, elle a par­fois lais­sé ses opin­ions per­son­nelles pren­dre le pas sur sa neu­tral­ité jour­nal­is­tique ou sa con­fra­ter­nité pro­fes­sion­nelle. Elle hérite de ses par­ents un cer­tain scep­ti­cisme à l’égard de De Gaulle et une com­pas­sion cer­taine vis-à-vis du FLN.

Lors de la guerre d’Algérie, ses par­ents écoutaient Europe 1, la radio où elle fera ses débuts en jour­nal­isme, réputée plus indépen­dante du pou­voir gaulliste que la majorité des médias de l’époque.

Toute­fois, il ne peut lui être reproché d’être « Zola en France et Bar­rès en Israël » : très cri­tique du gou­verne­ment de Ben­jamin Netanya­hou, elle s’insurge con­tre le virage droiti­er de la poli­tique israéli­enne qui pour­rait débouch­er, selon elle, sur le mod­èle hon­ni de « démoc­ra­tie illibérale ».

Elle a tou­jours refusé de recevoir le prési­dent du Front nation­al, Jean-Marie Le Pen, dans ses émissions.

Elle tra­vaille pour l’ancien pre­mier min­istre rad­i­cal-social­iste Pierre Mendès-France à la direc­tion de son bul­letin Le Cour­ri­er de la République (1970–1973), dirigé par Lau­rence Soudet. Elle avait mil­ité pour le tick­et Deferre-Mendès en 1969, année où la gauche non-com­mu­niste ressort lam­inée des élections.

Elle par­ticipe au spot offi­ciel de François Mit­ter­rand lors de la cam­pagne offi­cielle de l’élec­tion prési­den­tielle française de 1981. Elle et Ivan Lev­aï seront invités deux fois dans la berg­erie basque du prési­dent au début de son pre­mier septen­nat. Elle déclare avoir été « mit­teran­diste » jusqu’en 1994, année de la pub­li­ca­tion par Pierre Péan d’« Une jeunesse française » lev­ant le voile sur la jeunesse con­ser­va­trice du futur président.

Elle refuse cepen­dant de diriger la com­mu­ni­ca­tion de Matignon que lui pro­pose Lau­rent Fabius en 1983.

D’après Le Monde du 18 jan­vi­er 1987, « Au lende­main du pre­mier tour de l’élec­tion de Dreux, qui vit le FN rafler plus de 16% des voix, elle organ­ise une dis­cus­sion sur le racisme en prenant soin de ne réu­nir autour d’elle que des antiracistes con­va­in­cus, ne per­me­t­tant aux autres inter­locu­teurs que de par­ler en duplex ou encore par le biais d’in­ter­ven­tions préen­reg­istrées. Elle recon­naît aujour­d’hui que “cela ne fut pas très équili­bré” ».

La jour­nal­iste Flo­rence Belka­cem a racon­té com­ment, en 1995, Anne Sin­clair avait demandé son évic­tion de TF1, car « j’au­rais insulté la mémoire du peu­ple juif ». Motif : lors d’un entre­tien avec Jean-Marie Le Pen pour son émis­sion « Je suis venu vous dire » en jan­vi­er 1995, Flo­rence Belka­cem lui avait fait observ­er une minute de silence en l’hon­neur du 50ème anniver­saire de la libéra­tion du camp d’Auschwitz.

Selon Nico­las Dom­e­n­ach, elle refuse le poste de min­istre de la Cul­ture pour suc­céder à Fleur Pel­lerin en févri­er 2016. Les vel­léités de François Hol­lande d’instaurer la déchéance de nation­al­ité pour les bina­tionaux ont eu rai­son de son ambi­tion poli­tique, comme elle le con­fie à Sud Ouest en juin 2021 : « Min­istre, j’au­rai dû aller à la télévi­sion défendre des choses qui ne m’é­taient pas plaisantes : c’é­tait l’époque du débat sur la déchéance de nation­al­ité, idée à laque­lle je n’é­tais pas favor­able. Mem­bre du gou­verne­ment, j’au­rais dû être sol­idaire… Je n’en suis pas cap’ ! ». Son grand-père, Paul Rosen­berg, avait été poussé à l’exil et déchu de sa nation­al­ité en 1942 par le régime de Vichy.

Publications

  • Une année par­ti­c­ulière, Fayard, 1982.
  • Deux ou trois choses que je sais d’eux, Gras­set, 1997.
  • Caméra sub­jec­tive, Gras­set, 2002.
  • 21 Rue La Boétie, Gras­set, 2012.
  • Chronique d’une France blessée, Gras­set, 2017.
  • La rafle des nota­bles, Gras­set, 2020
  • Passé com­posé, Gras­set, 2021.

Collaborations

Le 11 mai 2017 elle présente ses Chroniques d’une France blessée à l’Hexa­gon soci­ety, à Lon­dres (25 livres l’en­trée). The Hexa­gon soci­ety « s’in­spire de l’e­sprit du judaïsme » et béné­fi­cie du sou­tien de Bernard-Hen­ri Lévy. Elle compte aus­si par­mi ses parte­naires l’In­sti­tut français du Roy­aume-Uni, I24 news ou encore les édi­tions Grasset.

Ce qu’elle gagne

Héri­tière du marc­hand d’art Paul Rosen­berg (représen­tant de Picas­so, Matisse et d’un grand nom­bre de pein­tres français), elle pos­sède plusieurs cen­taines d’œu­vres de grande valeur. Sa for­tune est dif­fi­cile­ment estimable – de plusieurs cen­taines de mil­lions à quelques mil­liards d’eu­ros. À titre d’ex­em­ple, un tableau de Léger « La femme en rouge et vert » (1914), a été ven­du aux enchères, en 2003, pour 22,4 mil­lions de dol­lars. « L’O­dal­isque, har­monie bleue » (1937) de Matisse, a été adjugé pour 33,6 mil­lions de dol­lars en 2007.

Pat­ri­moine immo­bili­er : aux États-Unis, Anne Sin­clair a acquis pour 4 mil­lions de dol­lars, une demeure située au cœur de Wash­ing­ton, dans le quarti­er de George­town (380 mètres car­rés inclu­ant cinq cham­bres, six salles de bains, une piscine et un jardin). À Paris, elle pos­sède un apparte­ment place des Vos­ges, acheté plus de 4 mil­lions d’eu­ros (une somme réglée comp­tant) et un autre dans le XVIème arrondisse­ment, acheté pour la somme de 2,59 mil­lions d’eu­ros. Au Maroc, elle a acquis un riad en plein cœur de Mar­rakech pour un peu moins de 500.000 €.

Elle l’a dit

« Sans doute est-ce lenjo­live­ment du passé, mais jai limpres­sion aus­si que le cli­mat était plus civ­il, moins por­teur danathèmes quaujourdhui. Étions-nous plus tolérants ? Le con­sen­sus répub­li­cain était sans doute plus fort. Excep­té en ce qui con­cerne le FN, lexclu­sion de la dis­cus­sion pour « déviance » n’était plus, ou pas encore à lordre du jour », Passé com­posé, p. 196

Au sujet des révéla­tions de la jeunesse vichyste de Mit­ter­rand en 1994 : « Je me rap­pelais m’être battue à Sci­ences Po con­tre ceux qui pré­tendaient quil avait été décoré de la fran­cisque alors que je soute­nais linverse ; avoir traité de calom­ni­a­teurs ceux qui affir­maient quil navait jamais rompu ses liens avec les col­la­bos qui étaient son envi­ron­nement dorig­ine ; m’être indignée que beau­coup, con­nais­sant son passé de droite, lui dénient sa sincérité dhomme de gauche, etc. Long aveu­gle­ment large­ment partagé à gauche. Jeus limpres­sion dune révéla­tion à limage du XXe Con­grès du PCUS, où les com­mu­nistes purs et durs décou­vrirent les crimes de Staline de la bouche même des dirigeants de lURSS. Le ciel mest tombé sur la tête et jai mis longtemps à men remet­tre. Il nous a trompés, nous avons été cré­d­ules et dupes. Et tous ceux qui ont voulu voir en lui le héraut de tou­jours dune gauche sans tache se sont four­voyés ou nous ont four­voyés », Passé com­posé, p.157.

« La démoc­ra­tie ne nous protège pas des men­songes. Mais la dic­tature nous empêche, par essence, de dis­tinguer le vrai du faux », Ibid, p.332.

 « Comme beau­coup de ceux de ma généra­tion, cette hypothèse me révulse. Mais les plus jeunes aux­quels on par­le de Vichy, de la guerre dAlgérie, de lhis­toire de ce Front qui veut désor­mais rassem­bler, ne sont nulle­ment effrayés. Inutile de leur bross­er un paysage de ter­reur, où nos droits seraient du jour au lende­main sus­pendus, dans une sorte de grand soir fas­cisant, Nurem­berg des lib­ertés fon­da­men­tales. Cest pour­tant ain­si quun tel régime simpose et grig­note nos valeurs. Il suf­fit de voir l’évolution des régimes dEurope de lEst, ceux de la Hon­grie, de la Pologne, de la Russie pou­tini­enne. Jespère que nous sommes encore nom­breux à vouloir nous bat­tre de toutes nos forces con­tre cette éven­tu­alité », Ibid, p. 345

« Marre denten­dre débat­tre quo­ti­di­en­nement d#EricZem­mour dont on con­nait les pro­pos depuis des années quil les a asséné tous les jours sur une chaîne com­plaisante, et depuis quil a été con­damné par les tri­bunaux! La France mérite mieux que ce vieux pétain­isme rance! », Twit­ter, 14/09/2021.

« Nous avons vu, l’an dernier, les con­séquences poli­tiques d’une Amérique moyenne blessée. Nous sommes aux pris­es, aujourd’hui, avec une France moyenne blessée. Est-ce une anom­alie? Non. Le monde entier est frac­turé. […] La volon­té de bal­ay­er ceux qui sont au pou­voir, le dén­i­gre­ment des savants et des sachants, tout cela est très ancré, aujourd’hui, dans une grande par­tie du pays. Mon livre est né de cette inquié­tude. Oui, cette France m’inquiète », Le Temps, 5 mai 2017.

« Prenez l’élection de Don­ald Trump et ce dis­cours sur les élites ver­sus le peu­ple. Cest quand même extra­or­di­naire ! Dire que Trump, cest le peu­ple, alors quil sagit dun mil­liar­daire sex­iste, raciste, homo­phobe… Lorsquil a été élu, jai ressen­ti  linquiétude fon­da­men­tale quont con­nue mes par­ents, mes grands-par­ents, face à un monde incon­nu dans lequel il pou­vait se pass­er nimporte quoi dimprévis­i­ble, de dan­gereux », Grazia, 6 mars 2017.

« Je ne pousserai aucun ouf de soulage­ment si Marine Le Pen est battue dimanche après avoir réu­ni 40% des électeurs. Une ter­ri­ble ques­tion restera posée: que veut la France désem­parée qui aura voté pour elle? Et quelles seront les con­séquences, pour notre vie publique, de ce fos­sé élec­toral ? », ibid.

« La dédi­a­boli­sa­tion était une supercherie. Le Pen is back! Il y a de quoi être très inqui­et pour un avenir proche », ibid.

« Il y a bien sûr le renou­velle­ment promis par Emmanuel Macron. Je suis le témoin de cette classe poli­tique française immuable depuis trente, voire quar­ante ans. Je l’ai accom­pa­g­née. Son départ est aujourd’hui pro­gram­mé », ibid. 

« Toutes les portes se sont ouvertes devant lui. Les planètes se sont alignées d’une façon presque impens­able. Hol­lande a renon­cé. Fil­lon s’est écroulé en huit jours après la pri­maire de la droite, enseveli sous ses pro­pres affaires. Manuel Valls a été bat­tu. Alain Jup­pé a été écarté. L’observatrice poli­tique que je suis est toute­fois inter­pel­lée. Est-ce que le cen­tre a aujourd’hui un avenir en France? Est-ce que l’élection d’Emmanuel Macron, si elle survient, va faire dis­paraître les frac­tures? Je n’y crois pas », ibid.

« Il y a d’abord deux France. Une France qui a con­fi­ance dans l’avenir. Et une France qui en a peur. Ce pays-là, ten­té par les extrêmes, se sent à l’écart de tout, de la mon­di­al­i­sa­tion, de la révo­lu­tion numérique, du pro­grès social. Cette France ne vit la moder­nité que comme une source d’inégalités accrues », ibid. 

« Je me demande par­fois si vingt ans de ma vie ont été vingt ans de men­songes », Van­i­ty Fair, mars 2017.

« je m’insurge con­tre cette ten­dance qui veut que la trans­parence soit ­dev­enue une exi­gence absolue. Je revendique le secret comme étant vital pour la sauve­g­arde per­son­nelle, les rap­ports humains, comme la poli­tique, d’ailleurs. Hol­lande n’aurait jamais dû se con­fess­er aux deux jour­nal­istes du Monde, encore moins révéler des secrets d’État », ibid.

« Je l’avoue : je n’ai rien vu, ni ça [la déci­sion de François Hol­lande de ne pas se représen­ter] ni la défaite de Sarko. Je suis très mau­vaise en pré­dic­tion poli­tique », ibid

« Hol­lande, il lui aura man­qué l’épaisseur, la déter­mi­na­tion, et peut-être surtout la grav­ité, hors atten­tats », ibid.

« Je vous le dis, je ne savais rien, je suis stu­pide, naïve, sans doute, je ne savais rien, je fais con­fi­ance, je ne fli­quais rien. Oui, sûre­ment, il y a du déni, de la femme qui ne veut pas voir. Mais quand j’avais des doutes, car j’en ai eu, des doutes, Dominique me don­nait toutes les assur­ances », ibid.

Au sujet de Marine le Pen : « Rien ne l’ébranle. Elle est une femme de cer­ti­tudes dont l’absence de doute est impres­sion­nante et inquié­tante », ibid. 

Tou­jours Marine Le Pen : « Quand vous ne par­lez pas, vous mon­tez, donc, vous n’avez pas peur, un jour, d’avoir une idée ? », France 2, 01/04/2023.

« Être de gauche, c’est ne pas se sat­is­faire de ce qui existe », ibid.

« Fal­lait-il ou non inviter le prési­dent du FN ? J’y ai pour ma part, à par­tir de 1988, répon­du par la néga­tive, assez isolée d’ailleurs par­mi la con­frérie. Je pen­sais, et pense tou­jours, qu’être inter­vieweur exige de la mod­estie. J’ai tou­jours été con­sciente que l’in­vité d’une émis­sion, quelle que soit la pugnac­ité du jour­nal­iste, a quand même le dernier mot, ce qui finale­ment ne pose pas de prob­lème avec l’ensem­ble de la classe poli­tique. La ques­tion dans ces années-là était donc de savoir si on ne don­nait pas tout sim­ple­ment une tri­bune à un dirigeant plus sul­fureux que les autres, habitué à l’outrance et à la provo­ca­tion, et donc, si en l’in­ter­ro­geant, on ne le met­tait pas plus en valeur qu’on ne l’embarrassait. Du coup j’en dédui­sais que, dans ce cas pré­cis, seul le débat entre élus, pou­vait per­me­t­tre une vraie con­fronta­tion entre les représen­tants des par­tis tra­di­tion­nels et ceux du Front Nation­al. J’ai sans doute eu tort, non sur le plan des principes qui appar­ti­en­nent à cha­cun, mais sur celui de l’ef­fi­cac­ité : le dia­bolis­er, le tenir à l’é­cart n’a pas empêché le 21 avril 2002 où Le Pen s’est retrou­vé au sec­ond tour de l’élec­tion prési­den­tielle. » « En regar­dant Marine Le Pen », Huff­in­g­ton Post — 27 févri­er 2012

Au sujet d’Éric Zem­mour : « Je voudrais savoir si son amour immod­éré de lui-même est inverse­ment pro­por­tion­nel à ses succès élec­toraux », France 2, 01/04/2022.

« Un exem­ple : le très polémique débat de l’immigration et de la loi prise par l’État d’Arizona pour ren­forcer les con­trôles. Alors que l’administration Oba­ma vient de porter le dossier en jus­tice, un autre sondage, de l’Institut Gallup cette fois révèle que la majorité des citoyens améri­cains approu­vent le dur­cisse­ment pris par le Con­grès d’Arizona, et surtout, dés­ap­prou­vent la ten­ta­tive de bar­rage entre­prise par le Départe­ment de la Jus­tice. (…) Ils sont incroy­ables ces Améri­cains : ils votent pour un prési­dent Noir, mais à la pre­mière loi d’un État qui institue le “délit de sale gueule”, ils applaud­is­sent ! » « Un porte-parole qui porte la poisse », blog d’Anne Sin­clair — 15 juil­let 2010

« Juif assumé et détesté beau­coup à cause de cela, il a très tôt organ­isé les ren­con­tres et dia­logues entre Israéliens et Pales­tiniens, et était plus que favor­able à la paix, et s’est le pre­mier (?) soucié du prix des matières pre­mières qui grèvent les pays pau­vres. Il fait par­tie des quelques fig­ures du passé — je ne veux à des­sein citer aucune du présent — qui sont capa­bles de redonner espoir et con­fi­ance à tout un pays, parce que l’homme était juste, droit, intel­li­gent, com­pé­tent et respectable. J’ai sou­vent dit que mon goût pour la poli­tique — même si ce ne fut pas de l’ac­tion mais de l’ob­ser­va­tion et de l’analyse — je le devais à Pierre Mendès-France. Et si, mal­gré les dévi­a­tions, les petitesses, et les médi­ocrités, si je garde une image de la grandeur de l’en­gage­ment dans la vie publique, c’est à Mendès que je le dois, comme plus tard à Rocard ou Delors, ou d’autres… (…) Oba­ma, par la fer­veur qu’il sus­cite, peut devenir un Mendès améri­cain ». « À pro­pos de Pierre Mendès-France », blog d’Anne Sin­clair — 23 décem­bre 2008

« Le pape, à l’oc­ca­sion de son voy­age au Proche-Ori­ent et de son escale en Israël, s’est ren­du à Yad Vashem, à Jérusalem, le mémo­r­i­al où brûle jour et nuit la flamme en mémoire des déportés des camps d’ex­ter­mi­na­tion nazis. Il s’est recueil­li devant la dalle où sont gravés les noms des camps, et a pronon­cé ce qu’il fal­lait de paroles sans ambiguïté sur le car­ac­tère inef­façable de la Shoah, pour met­tre un terme à la polémique ayant suivi la lev­ée de l’ex­com­mu­ni­ca­tion de l’évêque néga­tion­niste Williamson. Mais apparem­ment d’autre con­tentieux sub­sis­tent. Il aurait refusé, lors de cette vis­ite, de pass­er devant l’ef­figie de Pie XII, ce Pape qui fut telle­ment silen­cieux sur le sort des Juifs — y com­pris sur la dépor­ta­tion des Juifs romains — pen­dant la Sec­onde Guerre mon­di­ale, et dont la légende sous la pho­to relatait la pas­siv­ité. Évidem­ment, pour le Vat­i­can qui souhaite canon­is­er Pie XII (oui, je dis bien canon­is­er !) cela aurait fait désor­dre. Le Wash­ing­ton Post nous apprend d’autre part que le pape aurait remis à l’hon­neur une vieille prière en latin deman­dant à Dieu de délivr­er les Juifs des ténèbres et leur faire recon­naître la divinité de Jésus. Enfin, déplorent cer­tains, il n’au­rait pas eu un mot de regret en sou­venir de ses jeunes années enrôlées dans les Jeuness­es Hitléri­ennes. » « Le Pape et Israël. Oba­ma et le monde arabe », blog d’Anne Sin­clair — 13 mai 2009

« Il faut témoign­er et con­tin­uer à se bat­tre pour l’i­den­tité juive. » Actu­al­ité juive, 24 jan­vi­er 2002

« Oui, je suis jalouse, parce que mon mari est beau, intel­li­gent et sym­pa­thique. (…) Je me moque qu’une nana lui tourne autour. Là où ça ne m’a­muserait plus, c’est s’il en regar­dait une. Là, je trou­verais ça vrai­ment moins drôle. » Paris Match, 1997

« On vit une époque de renon­ce­ment, l’é­ti­quette fas­ciste n’est plus un obsta­cle à la pro­gres­sion du FN (…) J’ai du accueil­lir Bruno Mégret pen­dant la cam­pagne élec­torale (…) Mais je m’en­fonçais les ongles dans la main d’én­erve­ment. Ma détes­ta­tion s’est vue à l’an­tenne (…) mais je ne vais pas me trans­former. » Mar­i­anne, 2 juin 1997

« Il faut bien recon­naître que Le Pen n’est pas un homme poli­tique comme les autres, qu’il n’a pas d’idées, qu’il n’a que la haine. » Le Nou­v­el Obser­va­teur, 17 mai 1990

Sa nébuleuse

  • Con­seil d’ad­min­is­tra­tion du Musée Picas­so depuis 2010
  • Mem­bre du Club Le Siè­cle (par­rainée par Alain Minc)
  • Mem­bre de la Fon­da­tion Saint-Simon
  • Médaille du B’naï B’rith en 1987
  • Mem­bre du Comité d’hon­neur du cer­cle Léon Blum
Manuel Valls

Anne Sin­clair a tou­jours su être au cen­tre des réseaux poli­tiques, notam­ment ceux de Manuel Valls. Le pre­mier min­istre était présent en octo­bre 2015, avec deux anciens pre­miers min­istres (Jospin, Rocard), lors de la dis­crète remise de la Légion d’honneur à Anne Sin­clair dans le cab­i­net de l’avocat de la jour­nal­iste, Jean Veil. En févri­er 2016, lors du remaniement min­istériel, elle refusera même sa propo­si­tion de devenir min­istre de la Cul­ture au sein de son nou­veau gouvernement.

Ses fils David et Elie

Ses deux fils David et Elie se sont dirigés vers des respon­s­abil­ités poli­tiques ; David est depuis 2013 au min­istère des Affaires étrangères. Elie, qui a été coor­di­na­teur de la cam­pagne de Jean-Paul Huchon en Ile-de-France en 2009–2010 est rédac­teur en chef d’Opin­ion Inter­na­tionale, un média en ligne spé­cial­isé en géopoli­tique et droits de l’Homme, et écrit aus­si ponctuelle­ment pour le site du Huff­in­g­ton Post.

Jean et Daniela Frydman

En plein cœur des soubre­sauts de l’affaire Strauss-Kahn, c’est chez le cou­ple Fry­d­man, intimes par­mi les intimes, qu’elle va trou­ver du récon­fort. Jean Fry­d­man, mort en 2021, fut un homme d’affaires fran­co-israélien, rescapé de la Shoah, qui a fait car­rière dans les médias et l’audiovisuel privé. Cofon­da­teur d’Europe1 et longtemps prési­dent de la régie pub­lic­i­taire Médi­av­i­sion, il se fit une spé­cial­ité de racheter le cat­a­logue des stu­dios améri­cains, par­mi lesquels des chefs d’œuvre du ciné­ma hol­ly­woo­d­i­en, pour les reven­dre ensuite à la télévi­sion. Il résidait majori­taire­ment en Israël depuis les années 1980.

Robert et Élisabeth Badinter

Il n’est pas sur­prenant qu’Anne Sin­clair soit liée au cou­ple totémique de la gauche ger­mano-pra­tine. Élis­a­beth Bad­in­ter, témoin de mariage de la jour­nal­iste, fut sou­vent reçue sur le plateau de « 7 sur 7 ». Un temps dis­ten­due suite à l’affaire Strauss-Kahn, les deux femmes ont renoué leur ami­tié par la suite.

Micheline Pelletier

Veuve de l’académicien Alain Decaux. Elle et Pierre Nora, ce dernier en habit vert, assis­tent à son enter­re­ment en 2018. Le cou­ple était voisin du cou­ple Lev­aï-Sin­clair à Val­bonne dans le Sud de la France, où Anne Sin­clair pos­sé­dait une mai­son de famille.

La bande de « 7 sur 7 »

Notam­ment Marie-France Lavari­ni rédac­trice en chef de l’émission. « Elle venait du monde poli­tique et le con­nais­sait bien. Longtemps col­lab­o­ra­trice de Lionel Jospin (ce même Jospin ayant été le témoin de mariage de DSK lors de leur mariage en 1991 à la mairie du XVIe arrondisse­ment de Paris, ndlr), puis lassée de la vie publique avant dy retourn­er brièvement puis de faire car­rière dans la com­mu­ni­ca­tion, elle avait choisi de ne plus lobserv­er que de loin ».

Léa Salamé

Son héri­tière sur la forme et le fond, lui demande par­fois des con­seils sur l’interview politique.

On l’a dit à son sujet

« Sa naïveté, Anne Sin­clair en a usé jusqu’au bout, et même ce 14 mai 2011. Pour elle, Dominique Strauss-Kahn ne pou­vait pas avoir com­mis un viol, c’é­tait impos­si­ble. Engageant sa légitim­ité et son hon­neur dans son com­bat pour la vérité, elle est tou­jours restée impar­tiale et dis­crète », Le Figaro Madame, 20/02/2017.

« Longtemps, elle n’a pas voulu accepter l’idée d’un époux per­vers. Mais l’af­faire du Carl­ton a tout changé, et le déclic s’est enclenché. «Les par­ties fines, les pros­ti­tuées, Dodo la Saumure, c’en était trop», écrit Sophie des Déserts. C’est au print­emps 2012 qu’Anne Sin­clair a franchi le pas de la rup­ture », ibid.

« Pour son livre, Anne Sin­clair a mul­ti­plié les ren­con­tres avec les grands de ce pays. Elle en rap­porte moult con­fi­dences. Ain­si, on apprend que Bernard Cazeneuve classe ses con­génères en deux caté­gories : « Ceux qui se pensent indis­pens­ables et ceux qui se veu­lent utiles », l’Opin­ion, 01/03/2017.

« À 68 ans, le cœur à gauche tou­jours, mais un peu lourd, la jour­nal­iste arpente encore les allées du pou­voir, à l’Élysée, à Matignon, en s’of­frant même, sans crain­dre les sar­casmes, une virée dans le « 9–3 » au bras d’un préfet avant de se ressourcer chez elle, place des Vos­ges, entre les livres et la musique clas­sique », Van­i­ty Fair, mars 2017.

Pho­to : cou­ver­ture de Paris Match, n°3291 juin 2012

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