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Mort de James Foley : ses confrères témoignent

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22 août 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Mort de James Foley : ses confrères témoignent

Temps de lecture : 3 minutes

Diffusée mardi dernier, la vidéo de l’exécution du journaliste James Foley par l’État islamique a provoqué un choc dans le monde politico-médiatique.

Retenu en otage depuis novem­bre 2012, date à laque­lle il avait été cap­turé en Syrie par un groupe dji­hadiste, ce pho­to­jour­nal­iste qui tra­vail­lait notam­ment pour le Glob­al­Post ain­si que pour l’AFP n’a pas lais­sé ses con­frères indif­férents tout au long de sa carrière.

Son exé­cu­tion filmée a provo­qué des réac­tions hor­ri­fiées dans la pro­fes­sion. Aujour­d’hui, les témoins de sa vie préfèrent se sou­venir de l’homme qu’il fut. Un « beau gosse blond au vis­age anguleux tou­jours bar­ré d’un sourire, caméra légère à la main », se sou­vient Daph­né Benoît, jour­nal­iste à l’AFP. Cap­turé par les kad­hafistes en avril 2011, il avait été relâché mais était aus­sitôt revenu cou­vrir le con­flit. « Un soir je n’ai pas pu m’empêcher de lui con­fi­er mon éton­nement. Com­ment avoir envie de revenir ? Pudique, James m’a répon­du en souri­ant que c’était une évi­dence, qu’il lui fal­lait cou­vrir l’histoire jusqu’au bout. Ce n’était pas une tête brûlée. Juste un jour­nal­iste tenace. Il a bien fait : le 20 octo­bre 2011, James était par­mi les rares jour­nal­istes sur place lors de la cap­ture et l’exécution de Kad­hafi à Syrte », a ajouté Mme Benoît.

À son retour, il avait racon­té son expéri­ence aux étu­di­ants de son anci­enne école de jour­nal­isme. « Quand vous com­mencez à pren­dre des risques, que vous avez une alerte sérieuse, vous devez vrai­ment vous pos­er des ques­tions. Cela ne vaut pas votre vie », avait-il alors estimé. Inter­rogé sur les raisons qui le pous­saient à se ren­dre dans des zones si dan­gereuses, il avait répon­du : « Il y a une human­ité incroy­able en ces endroits. »

« Avec sa petite caméra dis­crète, son casque et son gilet pare-balles, James Foley était capa­ble de se gliss­er sur les lignes de front, où il croi­sait sou­vent des civils fuyant dans l’autre sens, il s’abritait par­fois avec eux au milieu des bom­barde­ments », a témoigné Dji­lali Belaid, coor­di­na­teur vidéo pour l’AFP au Moyen-Ori­ent. Et d’a­jouter : « Ses images par­laient sou­vent d’elles-mêmes, mais ses emails accom­pa­g­nant ses vidéos men­tion­naient tou­jours les noms des per­son­nes inter­rogées, et même les noms des per­son­nes mortes qu’il avait filmées après des bom­barde­ments. Pour lui il n’y avait pas de vic­times anonymes. »

Côté cap­tiv­ité, les ex-otages Didi­er François et Nico­las Hénin ont révélé le lende­main de l’an­nonce de son exé­cu­tion avoir été détenu en Syrie aux côtés du reporter. Pour Didi­er François, « c’é­tait un garçon extra­or­di­naire (…) un com­pagnon de déten­tion extrême­ment agréable, très solide ». C’é­tait aus­si « quelqu’un qui ne s’est jamais totale­ment soumis aux ravis­seurs. Il a été extrême­ment col­lec­tif durant toute la déten­tion, en deman­dant notam­ment de la nour­ri­t­ure pour tout le monde ». 

Pour­tant, selon Nico­las Hénin, autre cama­rade de déten­tion, Foley était, en tant qu’Améri­cain, l’o­tage le « plus mal­traité » de la bande. « Il est devenu le souf­fre-douleur des geôliers. Il s’en pre­nait plein la gueule mais il restait impas­si­ble », a‑t-il témoigné. Mais mal­gré ce statut dif­fi­cile, « c’est un garçon d’une très grande bravoure (…) qui n’a pas eu de chance », a‑t-il confié.

Crédit pho­to : DR