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Meurtre de Maria par un clandestin : le lourd silence de la TV allemande

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9 décembre 2016

Temps de lecture : 3 minutes
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Meurtre de Maria par un clandestin : le lourd silence de la TV allemande

Temps de lecture : 3 minutes

Que vous soyez Français ou Allemand, si vous n’avez pas dans vos favoris des médias de type « alternatifs », il est fort probable que vous n’ayez pas entendu parler de ce sinistre fait-divers. En effet, le viol et le meurtre d’une étudiante allemande par un « réfugié » afghan a été traité très discrètement par les médias français. Quant à la télévision allemande, elle a tout simplement décidé de ne pas en parler.

Le 16 octo­bre dernier, alors qu’elle reve­nait à vélo d’une soirée, Maria, étu­di­ante en médecine de 19 ans et bénév­ole dans un cen­tre pour migrants, a été vio­lée et tuée par un migrant afghan de 17 ans. Aus­sitôt, l’indig­na­tion a gag­né les réseaux soci­aux. Mal­gré la grav­ité de la sit­u­a­tion et son car­ac­tère par­ti­c­uli­er (Maria était non seule­ment bénév­ole dans un cen­tre de migrants mais elle était aus­si la fille d’un haut fonc­tion­naire de l’UE, Clemens Laden­burg­er), la chaîne de télévi­sion alle­mande ARD a décidé de ne pas traiter l’affaire.

Une déci­sion qui a sus­cité de vives réac­tions sur inter­net et dans cer­tains médias. Au gou­verne­ment même, on cri­tique cette volon­té de dis­sim­u­la­tion, non pour ce qu’elle a de reprochable en soit, mais… parce qu’elle donne une « mau­vaise impres­sion ». « Je con­sid­ère que la déci­sion prise par le Tagess­chau est mau­vaise, parce que de toute évi­dence elle crée l’impression que l’assassinat a été tu car le sus­pect est un mineur entré dans le pays sans accom­pa­g­ne­ment, et requérant l’asile poli­tique. Cela crée une impres­sion désagréable », a ain­si déclaré le prési­dent de la com­mis­sion de l’Intérieur du Bun­destag, Ans­gar Heveling.

Pour se jus­ti­fi­er, la chaîne a expliqué que « le Tagess­chau ne par­le que rarement des faits divers ». Et d’a­jouter que « le Tagess­chau rap­porte des événe­ment soci­aux nationaux et inter­na­tionaux impor­tants. L’affaire de l’assassinat n’en fait pas par­tie (…). Nous ne voulons pas et nous ne pou­vons pas par­ler de cha­cun des trois cent meurtres qui ont lieu chaque année ». Aus­si, on pré­cise que l’o­rig­ine de l’as­sas­sin n’a rien à voir avec cette déci­sion. Pour le Spiegel Online, « même si la déci­sion de ne rien annon­cer (sur l’assassinat, ndlr) était basée sur l’éthique jour­nal­is­tique et la poli­tique de la rédac­tion, elle con­stitue au moins, de par son influ­ence, une déci­sion poli­tique­ment motivée ».

Finale­ment, ARD a men­tion­né ce « fait-divers » dans son jour­nal télévisé en prof­i­tant des récentes déc­la­ra­tions d’An­gela Merkel, qui a mis en garde con­tre l’hostilité envers les réfugiés. Ain­si, la chaîne a bien traité l’in­for­ma­tion mais pour l’ac­com­pa­g­n­er aus­sitôt d’un ser­mon : « Il ne faut pas rejeter tout un groupe de per­son­nes et on ne doit pas juger un groupe selon une personne. »

En France égale­ment, rares sont les médias et les jour­naux a avoir rap­porté l’in­for­ma­tion. Et comme à l’oc­ca­sion des vio­ls de masse de Cologne, le délai de traite­ment aura été bien long. Comme sou­vent, il aura fal­lu compter sur la « réin­fos­phère » pour être au fait des con­séquences entourant la crise migra­toire, car dans les médias tra­di­tion­nels, la volon­té de ne pas « stig­ma­tis­er » sem­ble l’emporter sur celle d’informer.

Voir aussi : [Dossier] Cologne : chronique d’un mensonge rattrapé par le réel