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Mélenchon : une communication formatée pour les médias

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12 juillet 2017

Temps de lecture : 4 minutes
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Mélenchon : une communication formatée pour les médias

Temps de lecture : 4 minutes

C’est un constat que partagent de nombreux journalistes : dans la nouvelle assemblée parlementaire, « on ne voit que lui ». Après le succès de sa campagne législative, le leader de la France Insoumise (LFI) entend continuer à maitriser sa communication pour se poser en principal opposant au gouvernement d’Édouard Philippe. Une communication en tous points formatée pour les médias… Et ça marche !

La campagne électorale 2017 de la France Insoumise

À l’occasion des élec­tions lég­isla­tives et prési­den­tielle, Jean-Luc Mélen­chon n’a pas seule­ment ripoliné son dis­cours et son pro­gramme, au point d’effaroucher une par­tie de son élec­torat inter­na­tion­al­iste. Il a surtout peaufiné sa communication :

  • en y intro­duisant une touche de mod­ernisme voire de sci­ence-fic­tion avec la tech­nique de l’holo­gramme lors de meet­ings, un coup de com « très réus­si » selon le Point en février,
  • en menant une cam­pagne axée sur le numérique, avec un site inter­net ergonomique et doc­u­men­té, des échanges sur Twit­ter réper­cu­tant mas­sive­ment les événe­ments organ­isés par LFI,
  • en com­mu­ni­quant abon­dam­ment et effi­cace­ment sur Youtube, ce qui lui a valu d’être récom­pen­sé d’un «bou­ton d’ar­gent» par la célèbre plate­forme d’héberge­ment vidéo,
  • en organ­isant des événe­ments télégéniques don­nant une impres­sion de masse et force, comme le meet­ing de rue le 9 avril à Marseille.

Le spec­ta­cle con­tin­ue après l’élection de 17 députés LFI, qui sont en nom­bre suff­isant pour for­mer un groupe par­lemen­taire et par­ticiper à l’épreuve sur­ex­posée médi­a­tique­ment des ques­tions au gouvernement.

Un spectacle permanent offert aux médias

La créa­tion d’événements passe par la trans­gres­sion — volon­taire ou non — des codes, notam­ment lorsque les députés LFI refusent la cra­vate et le font savoir, alors que ces dernières années, la cra­vate rouge était un signe dis­tinc­tif de J.L. Mélenchon.

Ou lorsque leur leader réclame des vacances pour les parlementaires.

Ou enfin quand les députés LFI bran­dis­sent des codes du tra­vail en pleine assemblée.

Bien que la cam­pagne élec­torale soit ter­minée, Mélen­chon et son mou­ve­ment con­tin­u­ent d’organiser des man­i­fes­ta­tions large­ment médi­atisées, comme celle ayant eu lieu Place de la République à Paris.

Jean-Luc Mélen­chon utilise tou­jours sa rhé­torique et son vocab­u­laire empha­tiques pour cer­tains, bour­souf­flés pour d’autres, aux innom­brables références historiques.

À force de répéter qu’il est l’opposant numéro 1, les médias repren­nent ses pro­pos, indépen­dam­ment des posi­tions des autres par­tis poli­tiques qui ont recueil­li plus de voix que le par­ti de M. Mélen­chon tant aux lég­isla­tives qu’à la prési­den­tielle (Les Répub­li­cains, Front national).

Le sujet d’actualité du moment, la réforme du code du tra­vail, est un vecteur puis­sant qui détourne l’attention d’aspects moins pop­u­laires de par­lemen­taires de cette for­ma­tion politique.

Comme par exem­ple le sou­tien d’une députée LFI à une péti­tion défen­dant la chan­son « Nique le France » et sa par­tic­i­pa­tion à une réu­nion du mou­ve­ment racial­iste « Les indigènes de la République » le 21 mai.

Sans par­ler du mou­ve­ment d’une députée aujourd’hui ral­liée à la France Insoumise ayant appelé en son temps à se ren­dre à un meet­ing où inter­ve­nait Tariq Ramadan, dont les pro­pos sont encore dans les mémoires, et son tweet ambigu sur les agres­sions de femmes à Cologne la nuit de la Saint Sylvestre 2015.

Alors, quand un jour­nal­iste d’Europe 1 affirme sur les ondes que les députés de la France insoumise « sont les seuls à se faire enten­dre », on se dit qu’il a surtout envie de n’écouter qu’eux. Le méti­er de jour­nal­iste étant basé sur la recherche et pas unique­ment sur des déc­la­ra­tions for­matées pour faire le buzz.

Nous lais­serons la con­clu­sion à Michel Onfray : Mélen­chon, c’est « une belle machine rhé­torique, (…) c’est une affaire de mar­ket­ing. C’est un joueur de flute. Tout le monde a envie d’entendre ça ». « Mélen­chon n’est pas insoumis du tout, c’est de la com­mu­ni­ca­tion ».

The show must go on…

Crédit pho­to : Alain Bache­li­er via Flickr (cc)

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