Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Médias : Christian Millau censuré sur Europe 1

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

1 février 2013

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Médias : Christian Millau censuré sur Europe 1

Médias : Christian Millau censuré sur Europe 1

Temps de lecture : 4 minutes

Invité à l’émission « Des clics et des claques », sur Europe 1, à présenter son Dictionnaire d’un peu tout et n’importe quoi, paru aux éditions du Rocher, l’écrivain Christian Millau a été « déprogrammé » au dernier moment.

Médias : Christian Millau censuré sur Europe 1

Médias : Chris­t­ian Mil­lau cen­suré sur Europe 1

La rai­son ? Un des ani­ma­teurs de l’émission, Guy Biren­baum, a décou­vert des pas­sages « racistes et homo­phobes » dans le livre et a con­va­in­cu les autres mem­bres de l’équipe d’annuler l’invitation. Mil­lau, raciste et homo­phobe ? Pour qui a lu son dernier livre, l’accusation fait fig­ure de sin­istre farce. Avec l’insolence qu’on lui con­naît, l’écrivain s’amuse des ridicules de l’époque à la manière d’un Molière. Le prob­lème, c’est que ce ne sont plus les grenouilles de béni­tiers qui sont grotesques aujourd’hui, mais les big­ots de la moder­nité bêlante s’exaltant devant le for­mi­da­ble pro­grès qui con­siste à décréter que deux papas et un enfant peu­vent con­stituer une belle famille. Mil­lau est donc dans son rôle d’écrivain quand il imag­ine les con­ver­sa­tions de demain dans les cours de récréa­tion : « Le mon­sieur ici, c’est mon papa et le mon­sieur, là-bas, c’est mon papa- Et ta maman ? ben j’sais pas. Ils m’ont pas dit qui fait quoi »… Mais une telle ironie, un tel mau­vais goût, un tel irre­spect ne peu­vent évidem­ment que traduire un pen­chant homo­phobe, n’est-ce pas ? Manière d’habiller Mil­lau pour l’hiver et de lui inter­dire à jamais tout con­tact avec un micro, ce qui est évidem­ment le but recherché.

Guy Birenbaum

Guy Biren­baum. Crédit pho­to : INA Diver­tisse­ment sur Youtube

Un jour­nal­iste au style ampoulé et rigo­lard a cru bon d’attaquer Mil­lau, qui s’est légitime­ment plaint de son sort dans un arti­cle paru sur le site Atlanti­co : il s’agit de du directeur-adjoint de la rédac­tion de L’Express depuis octo­bre 2012, Éric Met­tout, qui affirme dans un arti­cle qu’une telle atti­tude ne peut, ô grands dieux non, être assim­ilée à de la cen­sure. Car voyez-vous, nous autres jour­nal­istes « n’avons heureuse­ment les moyens de cen­sur­er per­son­ne, c’est un priv­ilège de poli­tique, voire de patron de presse, ça (ndlr : mer­ci pour le ren­seigne­ment), pas de jour­nal­iste ».

Néan­moins, « c’est notre lib­erté absolue, intan­gi­ble, notre lib­erté d’expression de ne nous laiss­er impos­er aucun con­tenu, aucun pro­pos, aucun arti­cle, cour­ri­er ou com­men­taire, sous quelque pré­texte que ce soit ». Pas­sons sur le car­ac­tère « imposé » qui con­siste à inviter quelqu’un pour le décom­man­der à la dernière minute, pour nous intéress­er à cette « lib­erté d’expression » du jour­nal­iste. Que vient-elle faire ici ? Le jour­nal­iste ne devrait-il pas plutôt être le garant de la lib­erté d’expression… des autres ? Ain­si, refuser d’inviter quelqu’un parce qu’on ne partage pas son opin­ion serait de l’ordre de la lib­erté d’expression du jour­nal­iste ? Si un jour­nal­iste n’est évidem­ment pas « obligé » d’inviter qui que ce soit à l’antenne, répé­tons une dernière fois que c’est Biren­baum qui, de son plein gré, a invité l’écrivain. Mieux : il lui trou­vait alors toutes les qual­ités : belle écri­t­ure, vigueur de la pen­sée, imper­ti­nence… Tout ça pour revenir sur sa parole, après avoir lu le livre, pour des con­sid­éra­tions idéologiques ? Alors, oui, c’est évidem­ment de cen­sure dont il est ques­tion. Cen­sure que mon­sieur Met­tout rebap­tise « con­science pro­fes­sion­nelle »… Il y a décidé­ment quelque chose de pour­ri dans le roy­aume de la presse.

Pho­to en Une : crédit Édi­tions du Rocher