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Les propos pro-FN de Godard dissimulés par France Inter ?

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14 juin 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Les propos pro-FN de Godard dissimulés par France Inter ?

Temps de lecture : 3 minutes

Dans un entretien accordé au Monde, le cinéaste Jean-Luc Godard affirme que France Inter aurait « supprimé » un passage où il évoque favorablement une éventuelle arrivée de Marine Le Pen à la tête du pays.

« J’ai mon opin­ion… J’e­spérais que le Front nation­al arriverait en tête. Je trou­ve que Hol­lande devrait nom­mer — je l’avais dit à France Inter, mais ils l’ont sup­primé — Marine Le Pen pre­mier min­istre », a‑t-il affir­mé au quo­ti­di­en du soir.

Comme le rap­porte « Le Lab » d’Europe 1, les pro­pos du cinéaste n’ont pas été sup­primés mais unique­ment retenus dans la ver­sion longue de l’en­tre­tien (82 min­utes), disponible sur inter­net. Dans celle-ci, enreg­istrée le 21 mai dernier, il évoque son attache­ment aux fron­tières pour préserv­er la diver­sité des cul­tures mais surtout « com­mu­ni­quer et com­mu­nier ». Ironique­ment il déclare : « Je suis pour les fron­tières mais con­tre les douaniers. »

Con­cer­nant l’U­nion Européenne, Godard regrette que les fon­da­teurs aient fait « une mon­naie com­mune avant de faire une cul­ture com­mune » ce qui, pour lui, « ne peut pas marcher » car les peu­ples sont dif­férents. Lorsqu’il con­clut que « ça va mal », Cohen rebon­dit sur cette analyse en ten­tant de l’at­tribuer à la « poussée d’eu­ro­pho­bie et de nation­al­isme », ce à quoi le cinéaste rétor­quera : « Il vaut mieux que ça aille mal parce que le mal vous dit quelque chose. »

Même si ce dernier avoue qu’il « se sent européen », il craint que les langues et les cul­tures ne dis­parais­sent. « Beau­coup de peu­ples per­dent leurs car­ac­téris­tiques, des langues dis­parais­sent… Si c’est ce qu’on veut, il n’y a pas besoin de faire sem­blant. Autant met­tre Marine Le Pen à la prési­dence de la République. On regarde pen­dant cinq ans ce qui se passe et puis après on la vire », explique-t-il. Nou­velle sor­tie de Cohen : « C’est la poli­tique du pire. » Réponse de Godard : « Non, ce sont des mots tout ça. »

Les « com­ing-out » pro-FN étant plus que rares dans le monde artis­tique, le sou­tien au par­ti fron­tiste d’un réal­isa­teur de cette enver­gure était une infor­ma­tion des plus impor­tantes. D’où les inter­ro­ga­tions qui pla­nent sur la volon­té de France Inter de ne pas dif­fuser les pro­pos sur ses ondes, pour les reléguer à la ver­sion inter­net, bien moins écoutée…

Dans l’en­tre­tien au Monde, réal­isé ensuite, Godard con­fiera qu’il a espéré une vic­toire du FN « pour que ça bouge un peu. Pour qu’on fasse sem­blant de bouger, si on ne bouge pas vrai­ment ». « Du reste, on oublie tou­jours que le Front nation­al avait deux sièges au Con­seil nation­al de la Résis­tance. A l’époque, c’é­tait une organ­i­sa­tion para­com­mu­niste. N’empêche qu’elle s’ap­pelait Front nation­al », ajoutera-t-il.

Et de con­clure : « Je ne suis pas pour eux. Il y a longtemps, Jean-Marie Le Pen avait demandé que je sois viré de France. Mais j’ai juste envie que ça bouge un peu… Les grands vain­queurs, ce sont les absten­tion­nistes. J’en fais par­tie depuis longtemps. »