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Le meilleur de l’Ojim en 2013 (6)

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28 décembre 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Le meilleur de l’Ojim en 2013 (6)

Temps de lecture : 3 minutes

Pen­dant les fêtes, l’Ojim vous pro­pose tous les jours de revivre les grands moments de l’année 2013 du point de vue de la cri­tique des médias. Affaire Méric, affaire Léonar­da, affaire du « tireur fou » de Libé, dossier sur les roms de Valeurs actuelles, Mar­seille vue par les médias, con­nivence des jour­nal­istes et des poli­tiques… C’est toute l’actualité médi­a­tique de 2013 qui est analysée et mise en per­spec­tive par l’Ojim. N’oubliez pas que l’Ojim est un site 100% indépen­dant qui ne vit que de vos dons. Aidez-nous à rem­plir notre rôle d’Observatoire des médias, et à exercer libre­ment notre cri­tique du sys­tème médi­a­tique. Tout don nous sera utile.





Après le « grand blond » Mohamed Merah, on pensait enfin tenir un néonazi ! Raté : Abdelhakim Dekhar, le « tireur fou » de Libé, est d’ultragauche

L’affaire Merah n’aura donc pas servi de leçon. Avant que le « tireur fou de Libé » ne soit connu, de nombreux médias ont à nouveau démarré au quart de tour avec la volonté, à peine dissimulée, de voir le réel coller à leur fantasme. En dépit de toute déontologie.

Un « blanc aux yeux bleus » nommé Mohamed Merah

Déjà, en 2012, lorsque Mohammed Mer­ah abat­tait, à Mon­tauban, des mil­i­taires en pleine rue et finis­sait par s’introduire dans une école juive de Toulouse pour y faire un car­nage, les grands médias avaient fait leurs choux gras sur une pure spécu­la­tion : son orig­ine. Alors qu’on ne con­nais­sait rien du tireur et que les seules images disponibles mon­traient un homme casqué inté­grale­ment, l’extrême-droite était visée. Le Point avait dégainé le pre­mier en évo­quant « la piste néon­azie ». Puis, les télévi­sions avaient décrit un homme « de type cau­casien ou européen » (M6), aux « yeux bleus sur un vis­age blanc » (TF1 et France 2).

Le 20 mars, les Inrocks fai­saient même appel à un soci­o­logue pour assur­er une légitim­ité à cette thèse. Lau­rent Muc­chiel­li déclarait ain­si que, « selon les pre­miers élé­ments de l’enquête, le meur­tri­er n’est pas un islamiste ou un ban­lieusard – les cibles favorites du débat pub­lic – mais une per­son­ne qui est apparem­ment issue d’un grou­pus­cule néo-nazi ». Bra­vo pour la lucid­ité. De même pour Le Canard Enchaîné, Char­lie Heb­do et Le Monde qui, tous en cœur, évo­quaient tan­tôt un néo-nazi, tan­tôt un dan­gereux nervi d’extrême-droite, for­cé­ment proche des idées du Front Nation­al. La men­ace fas­ciste planait sur la République en danger.

Mais dès les pre­mières révéla­tions sur l’identité du tueur, l’islamiste Mohammed Mer­ah, le change­ment de ton sera total. On par­lera désor­mais d’un jeune « toulou­sain de 23 ans » qui « aime le foot, les scoo­teurs et les sor­ties en boîte » (France 3). Pour les Inrocks, il s’agit d’« un enfant du mariage mal­heureux entre la France et l’Algérie ». Libéra­tion couron­nera ce grand retourne­ment par une descrip­tion dev­enue célèbre : un jeune au « vis­age d’ange d’une beauté sans nom »… Mais le pom­pon sur­ve­nait le 21 mars, lorsque sur son compte Twit­ter, le jour­nal­iste du Nou­v­el Obs Nico­las Cha­puis rap­por­tait des pro­pos tenus au sein de sa rédac­tion : « Putain ! Je suis dégoûté que ce ne soit pas un nazi ! » Et son col­lègue, Tris­tan Dessert, de lui répon­dre, comme un aveu pour l’ensemble de la pro­fes­sion : « Ça aurait été effec­tive­ment plus simple. »

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