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La défiance envers médias et journalistes se poursuit

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15 août 2017

Temps de lecture : 3 minutes
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La défiance envers médias et journalistes se poursuit

Temps de lecture : 3 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 13/02/2017]

Comme tous les ans, le journal La Croix a publié son baromètre des médias, qui a pour but de refléter la confiance des Français envers médias et journalistes.

Et comme chaque année, tous les indi­ca­teurs sont au rouge. D’après les chiffres de l’Insti­tut Kan­tar, tous les sup­ports ont per­du en crédi­bil­ité aux yeux du pub­lic : la radio a per­du 3 points avec 52 % de taux de con­fi­ance (restant ain­si le sup­port jugé le plus fiable), la presse écrite a per­du 7 points à 44 %, la télévi­sion 9 points à 41 % et le Web 5 points à 26 %.

Aus­si, les Français présen­tent de moins en moins d’in­térêt pour l’in­for­ma­tion, qu’ils jugent biaisée. Seule­ment 64 % des per­son­nes inter­rogées se dis­ent intéressées par l’in­for­ma­tion, soit une baisse de 6 points. Pire : 67 % des sondés esti­ment que les jour­nal­istes ne sont pas indépen­dants des pres­sions des par­tis poli­tiques ou du pouvoir.

En par­al­lèle de cette défi­ance crois­sante, le dés­in­térêt s’ac­centue au prof­it des médias alter­nat­ifs ou des réseaux soci­aux. En revanche, le taux de con­fi­ance envers les infor­ma­tions glanées sur le web est bas : 73 % des sondés déclar­ent ne pas avoir con­fi­ance dans les infor­ma­tions qui y cir­cu­lent. Pour les médias, c’est une oppor­tu­nité de se plac­er en médi­a­teur, en tuteur, pour « véri­fi­er l’information ». 

Journalisme « de terrain »

Craig­nant par dessus tout une « sit­u­a­tion à l’améri­caine où les médias tra­di­tion­nels per­dent com­plète­ment la main face aux réseaux soci­aux », les grands médias envis­agent ain­si de tout miser sur le « fact check­ing » (véri­fi­ca­tion des faits) mais aus­si de s’in­ter­roger sur la fac­ture qui s’est créée entre eux et le pub­lic. BFMTV a ain­si axé sa pri­or­ité non plus sur le direct mais sur « l’in­for­ma­tion véri­fiée », après avoir tiré les leçons de ses erreurs lors des dif­férents atten­tats. De son côté, Le Parisien a fait savoir qu’il renonçait à com­man­der des sondages pen­dant la cam­pagne prési­den­tielle à venir, priv­ilé­giant le « jour­nal­isme de terrain ».

Vers une censure de fait ?

Enfin, les médias affichent depuis quelques semaines un rap­proche­ment avec les plate-formes de réseaux soci­aux, comme Face­book, ou les gros acteurs du numérique, comme Google, pour lut­ter con­tre les « fauss­es infor­ma­tions » véhiculées sur les réseaux soci­aux. De nou­veaux out­ils se créent, comme le « Décodex » du Monde, pour met­tre à l’in­dex cer­tains médias alter­nat­ifs jugés peu fiables sur des critères dou­teux… En somme, une belle manière de reporter la faute sur un phénomène extérieur, alors que la crise est interne.

C’est bien là l’er­reur des médias tra­di­tion­nels : penser que le pub­lic leur échappe par atti­rance envers les réseaux soci­aux, alors qu’il s’ag­it plutôt d’un rejet du « main­stream », loin d’être irréprochable en matière de fia­bil­ité de l’in­for­ma­tion, comme on l’a vu avec la sit­u­a­tion en Syrie. Aus­si, ces inter­ro­ga­tions, cette volon­té de retour au jour­nal­isme de ter­rain, sem­ble inter­venir bien trop tard à l’heure où le pub­lic que l’on souhaite con­quérir s’est déjà coupé des médias. Le suc­cès de la péti­tion du Col­lec­tif des usagers du ser­vice pub­lic de l’audiovisuel récla­mant le plu­ral­isme des opin­ions est un révéla­teur, voir la péti­tion : urlz.fr/4MvB

Crédit pho­to : Raphaël V via Flickr (cc)