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Koh-Lanta : le CSA se couche

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10 avril 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Koh-Lanta : le CSA se couche

Temps de lecture : 3 minutes

La mort d’un candidat à Koh-Lanta, suivi du suicide de son médecin le 1er avril dernier, a provoqué de nombreuses réactions dans les médias.

Pour la jour­nal­iste Françoise Labor­de, mem­bre du CSA depuis 2009, « dans Koh-Lan­ta, le dépasse­ment de soi a quelque chose de par­fois trou­blant : il y a des élé­ments, des ingré­di­ents, qui débouchent sur une forme de vio­lence qui pose prob­lème ». Le 2 avril 2013, elle esti­mait sur Europe 1 que « ces émis­sions, d’une manière générale, ce type de phénomène médi­a­tique, oui, ça ten­dance à broy­er les gens ». « On va réfléchir à de nou­velles sig­nalé­tique », con­tin­u­ait-elle. « Il y a l’article 1 d’une recom­man­da­tion du CSA de 2005 qui inter­dit toute vio­lence à la télévi­sion entre 6h et 22h. C’est un arti­cle qui est assez peu util­isé. Peut-être qu’on va la réu­tilis­er, c’est une des réflex­ions que nous avons en cours ».

Le même jour, Françoise Labor­de tenait le même dis­cours à un jour­nal­iste de L’Express qui lui demandait : « Si une sig­nalé­tique est imposée, le pro­gramme ne pour­ra plus être dif­fusée en prime-time, mais seule­ment en deux­ième par­tie de soirée, les con­séquences pour­raient être nom­breuses… » Réponse de Labor­de : « Effec­tive­ment, il pour­rait y avoir des con­séquences notam­ment au niveau des audi­ences. Mais, c’est la règle du jeu. Les chaînes ont l’oblig­a­tion de ne pas dif­fuser de pro­grammes vio­lents entre 6h et 22h ». Ligne rouge franchie ?

Invité du Buzz-Médias Orange-Le Figaro, six jours plus tard, Olivi­er Schrameck, prési­dent du CSA, recadrait les pro­pos de François Labor­de qui s’était selon lui exprimée avec « la pas­sion, l’énergie et la volon­té de con­vic­tion qui la car­ac­térisent », façon polie de dire qu’elle a par­lé beau­coup trop vite. « Je souhaite d’abord dire qu’il ne s’agit pas pour le CSA de stig­ma­tis­er, de généralis­er, ni de se sub­stituer à des respon­s­abil­ités édi­to­ri­ales dans la con­cep­tion des pro­grammes. Le CSA n’est ni censeur, ni moral­isa­teur », con­tin­u­ait Schrameck, avant d’évoquer « les évène­ments trag­iques qui se sont pro­duits, et à l’égard desquels le CSA a exprimé sa sym­pa­thie très émue et sa com­pas­sion très forte, et à pro­pos desquels aus­si il a bien mar­qué qu’il ne souhaitait en rien inter­fér­er dans l’enquête en cours ». Le CSA n’a donc « pas à tir­er des con­clu­sions de ces évène­ments trag­iques ».

His­toire d’enfoncer le clou, vient enfin la ques­tion des gros sous : « Pour Tf1, l’arrêt de Koh-Lan­ta est un coup dur. L’an dernier, l’émission a généré plus de 50 mil­lions d’euros bruts de recettes pub­lic­i­taires, selon Yacast. Koh-Lan­ta est, selon vous, une mar­que appelée à dis­paraître des écrans ? » « Je n’ai aucune rai­son de le penser », répond le prési­dent du CSA. « J’ai tou­jours dit que j’étais extrême­ment attaché aux enjeux économiques et financiers du secteur audio­vi­suel. Je suis per­suadé qu’une pro­duc­tion peut con­tin­uer en redou­blant les pro­tec­tions et les préven­tions néces­saires pour que des inci­dents, qui ne peu­vent jamais être totale­ment évités, soient ren­dus de plus en plus improb­a­bles ».

Con­clu­sion : Au regard des 50 mil­lions de recettes pub­lic­i­taires, les « évène­ments trag­iques » pour lesquels le CSA a exprimé « sa sym­pa­thie très émue et sa com­pas­sion très forte » sont devenus des « inci­dents » inévita­bles et la téléréal­ité a de beaux jours devant elle.