Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Hervé Kempf dénonce la censure du Monde

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

3 septembre 2013

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Hervé Kempf dénonce la censure du Monde

Hervé Kempf dénonce la censure du Monde

Temps de lecture : 3 minutes

Dans un texte intitulé « Adieu Le Monde, vive Reporterre » et publié lundi chez le second, Hervé Kempf explique que « ce 2 septembre, quinze ans et un jour après y être entré, (il) quitte Le Monde ».

Une déci­sion prise avoir avoir subi, « de fait, une cen­sure » à pro­pos du très polémique dossier de l’aéro­port de Notre-Dame-des-Lan­des qui doit être con­stru­it par Vin­ci. « Que je quitte volon­taire­ment un titre pres­tigieux éton­nera peut-être. Mais certes moins que la rai­son qui m’y pousse : la cen­sure mise en œuvre par sa direc­tion, qui m’a empêché de pour­suiv­re dans ce jour­nal enquêtes et reportages sur le dossier de Notre-Dame-des-Lan­des », écrit le jour­nal­iste qui affirme que « des indices con­cour­ant (lui font) penser que l’hypothèse de pres­sions d’un pro­prié­taire sur le jour­nal à pro­pos de Notre-Dame-des-Lan­des était pens­able. Ce sont des indices, pas des preuves. Je les pub­lierai si cela parait néces­saire au pub­lic. »

Il pense par exem­ple à qua­tre pages axées sur « la com­péti­tiv­ité des entre­pris­es » et majori­taire­ment rédigées par des jour­nal­istes économiques extérieurs à la rédac­tion. On y expli­quait « que l’enjeu essen­tiel d’une nou­velle poli­tique énergé­tique était la com­péti­tiv­ité des entre­pris­es, que le gaz de schiste réveil­lait l’industrie améri­caine, que la poli­tique énergé­tique alle­mande pro­dui­sait maints effets per­vers ».

Hervé Kempf évoque aus­si « un col­loque organ­isé par l’Association française des entre­pris­es privées (les cent plus impor­tantes) et le Cer­cle de l’Industrie (fondé naguère par Dominique Strauss-Kahn) avec Le Monde (qui) accom­pa­g­nait cet exer­ci­ce de com­mu­ni­ca­tion, (remer­ciant) Alstom, Are­va, GDF-Suez, Arke­ma, Lafarge, etc. ». Et s’in­ter­roge au pas­sage : « Ces parte­naires avaient-ils apporté 35 000 euros au jour­nal pour prix de ces qua­tre pages, comme me l’indiqua un col­lègue bien placé pour le savoir ? »

Autre « indice » : Le 18 juin, Le Monde organ­i­sait, avec l’Institut de l’entreprise, l’International sum­mit of busi­ness think tanks (Som­met inter­na­tion­al des cab­i­nets de réflex­ion sur les affaires), ‘avec le sou­tien de Deloitte et Vin­ci’. Et pour pré­par­er cet impor­tant événe­ment, des entre­tiens avec des chefs d’entreprise furent pub­liés, le pre­mier avec Xavier Huil­lard, le prési­dent de Vin­ci.

Après plusieurs refus de sujets et de reportages par sa direc­tion qui le con­sid­ère comme « trop mar­qué », sa chronique éco­lo passe à la trappe au début du mois de juin, un choix que jus­ti­fie a pos­te­ri­ori Arnaud Lep­ar­men­tier, rédac­teur en chef au Monde :

 

Pour Kempf, c’est la vex­a­tion de trop. Il claque la porte et con­state aujour­d’hui, dépité : « Ce qui compte, dans l’atmosphère délétère d’un sys­tème qui ne proclame la démoc­ra­tie que pour mieux ren­forcer les logiques oli­garchiques, c’est la crois­sance, l’économie, la pro­duc­tion. »

Le jour­nal­iste va désor­mais se con­sacr­er à un site écol­o­giste, Reporterre. Si le site est 100% gra­tu­it, Hervé Kempf espère que « de la même manière que l’on trou­ve nor­mal de pay­er son pain parce que le boulanger a tra­vail­lé pour le faire, on trou­vera nor­mal de pay­er l’information parce que les jour­nal­istes ont tra­vail­lé pour la pro­duire. Nous faisons le pari qu’une large part de nos recettes vien­dra du sou­tien des gens qui enver­ront quelques euros car ils com­pren­dront que c’est utile. »

Crédit pho­to : DR