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Google à l’assaut du journalisme (Perugia 1)

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30 juillet 2017

Temps de lecture : 4 minutes
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Google à l’assaut du journalisme (Perugia 1)

Temps de lecture : 4 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 15/04/2017]

La 11ème édition du Festival International du Journalisme s’est tenue à Pérouse (Perugia, Ombrie, Italie) du 5 au 9 avril 2017. Créé en 2006 à l’initiative d’Arianna Ciccone le festival a reçu près de 600 intervenants venus de 47 pays et organisé plus de 300 conférences, ateliers, débats dans douze salles de la ville de Pérouse. Le Festival a été marqué par une véritable prise en mains de Facebook et Google (à la fois sponsors officiels et participants à de nombreux débats). Un envoyé spécial de l’Ojim était présent, voici le premier de ses comptes rendus.

Dialogue

La grande et mag­nifique salle de la Guilde des notaires (Sala dei notari) est pleine à cra­quer pour accueil­lir le 7 avril un invité de mar­que qui est aus­si un des prin­ci­paux financiers du Fes­ti­val. Il s’agit de Richard Gin­gras, vice-prési­dent de Google News. Gin­gras dans la soix­an­taine, cheveux et barbe grison­nants, col ouvert dans un très élé­gant cos­tume style Armani est à l’aise et fort affa­ble. Pour l’interroger Davide Casati du quo­ti­di­en Il Cor­riere del­la Sera, plus jeune, bien cra­vaté, moins bien habil­lé, fort respectueux. Com­mence alors une danse du ven­tre du jour­nal­iste autour de l’homme de Google, sur un ton de plus en plus énamouré. Résumé du dialogue :

Jour­nal­iste (sur le ton de l’espoir) : J’utilise Google tous les jours pour faire des recherch­es et j’en suis fort con­tent mais je souhait­erais que votre admirable entre­prise puisse m’aider plus. Pour être plus pré­cis non seule­ment trou­ver des infor­ma­tions mais aus­si les qual­i­fi­er, je veux dire par là savoir si une infor­ma­tion est vraie ou fausse, bonne ou mau­vaise (buona o cat­ti­va), est ce possible ?

Google (sur un ton bon­homme) : Vous con­nais­sez la mis­sion de Google News (mis­sion state­ment), « les nou­velles sont néces­saires aux citoyens pour être de bons (c’est nous qui soulignons) citoyens » (news are nec­es­sary for cit­i­zens to be good cit­i­zens). Google News a un mil­liard de lecteurs par semaine, nous agré­geons des infor­ma­tions venues de 80000 sources dif­férentes dans 70 pays avons donc un devoir vis à vis de la com­mu­nauté. Les fake news (terme à la mode pour qual­i­fi­er les bons vieux bobards, note de l’auteur) sont une men­ace car elles spécu­lent sur la peur des gens, nous allons les éliminer.

Jour­nal­iste (atten­tif) : Et comment ?

Google Fact check va faciliter votre travail

Google (sûr de lui) : Bien enten­du il n’est pas ques­tion de cen­sure. Nous allons sim­ple­ment utilis­er nos puis­sants algo­rithmes et le big data pour lancer Google Fact check. Ce dernier vous per­me­t­tra de manière sûre et dés­in­téressée de vous retrou­ver dans la jun­gle de l’information, de savoir ce qui est juste et ce qui est faux, ce qui est bon et souhaitable et ce qui est mau­vais et odieux.

Jour­nal­iste (les yeux pleins de larmes) : Vous l’avez déjà lancé ?

Google (impérieux) : Nous sommes opéra­tionnels depuis octo­bre aux États-Unis et au Roy­aume-Uni. Nous nous appuyons sur des con­trôleurs d’information (Duke Uni­ver­si­ty, Jig­saw) et nous met­tons un émoticône sur les infor­ma­tions véri­fiées. Émoticône souri­ant vert : oui cette infor­ma­tion est bonne (sous enten­du con­forme à nos intérêts, ceux de la côte ouest des États-Unis et du libéral lib­er­tarisme), émoticône rouge faisant la gri­mace cette infor­ma­tion est fausse (sous enten­du hos­tile à nos intérêts etc…), émoticône gris neu­tre nous ne savons pas.

Jour­nal­iste (ent­hou­si­aste) : Et quand allons nous prof­iter de cette mer­veilleuse opéra­tion en Italie ?

Google (souri­ant) : Tout de suite, La Repub­bli­ca et votre jour­nal le Cor­riere sont déjà parte­naires et vos jour­nal­istes pour­ront prof­iter pleine­ment de cette infor­ma­tion dans les prochaines semaines

Le jour­nal­iste remer­cie, le pub­lic applau­dit. Google s’est posi­tion­né en amont de l’information et va la « qual­i­fi­er » faisant ain­si le tra­vail du jour­nal­iste qui n’aura plus à véri­fi­er lui-même quoi que ce soit, réduit au rôle de copieur de com­mu­niqués d’agences de presse « qual­i­fiés » par Google l’ami de la démoc­ra­tie et des bons sen­ti­ments. Oui Google sou­tient bien les jour­nal­istes, comme la corde sou­tient le pendu.

À suiv­re…