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<span class="dquo">«</span> Égorgé » : le mot que France Télévisions censure

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3 octobre 2016

Temps de lecture : 2 minutes
Accueil | Veille médias | « Égorgé » : le mot que France Télévisions censure

« Égorgé » : le mot que France Télévisions censure

Temps de lecture : 2 minutes

Dimanche 2 octobre avait lieu une cérémonie pénitentielle à la paroisse de Saint Étienne-du-Rouvray en mémoire du père Hamel assassiné par des islamistes dans sa propre église le 26 juillet dernier. L’occasion pour l’Ojim de relever une censure de France Télévisions qui est passée inaperçue dans l’émotion des jours qui ont suivis ce drame.

Selon nos infor­ma­tions, l’expression « tué à l’arme blanche » a en effet été imposée formelle­ment aux jour­nal­istes de France 2 comme de France 3 (une « déci­sion de la chaîne venant d’en haut » et trans­mise par con­signe orale). La con­signe était impéra­tive : ne pas employ­er le terme « égorgé » mais « tué à l’arme blanche ». Cette auto­cen­sure a deux con­séquences. La pre­mière est d’édulcorer le réel, de taire un élé­ment essen­tiel de l’information. Non le prêtre n’a pas été poignardé, il a bel et bien été égorgé dans un rit­uel pro­pre aux islamistes. La dimen­sion sym­bol­ique du geste, incroy­able­ment vio­lente, a été occultée volon­taire­ment. Cachez ce réel que France Télévi­sions ne saurait voir. La deux­ième – alors que l’AFP avait employé le terme égorgé de même que de nom­breux médias – est d’amener le téléspec­ta­teur à penser que France Télévi­sions cache la vérité, ce qui entraîne une perte sup­plé­men­taire de con­fi­ance envers les chaines qui n’en ont certes pas besoin.

Peu après l’assassinat, le syn­di­cat FO a ain­si saisi la com­mis­sion de suivi déon­tologique des jour­nal­istes sur cette cen­sure par­mi d’autres affaires. Cette com­mis­sion s’est réu­nie le 21 sep­tem­bre. Réponse de la direc­tion : « nous ne sommes pas au courant, il s’agit d’un excès de zèle. ». Excès de zèle : le mot est lâché et il est sig­ni­fi­catif. Un rédac­teur en chef (ou plusieurs) décide de ce qui est bon ou mau­vais pour le téléspec­ta­teur infan­til­isé. Le mot égorgé pour­rait men­er à une « stig­ma­ti­sa­tion » voire à un « amal­game ». Gageons qu’au prochain meurtre islamiste d’un prêtre France Télévi­sions par­lera de « mort d’un ecclésiastique »….