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[Dossier] Les « migrants » et le lobby « artistocrate » (2/2)

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1 août 2016

Temps de lecture : 7 minutes
Accueil | Dossiers | [Dossier] Les « migrants » et le lobby « artistocrate » (2/2)

[Dossier] Les « migrants » et le lobby « artistocrate » (2/2)

Temps de lecture : 7 minutes

[Pre­mière dif­fu­sion le 5 novem­bre 2015] Red­if­fu­sions esti­vales 2016

À l’occasion de la publication par Libé d’un « Appel des 800 », l’OJIM revient sur les coups de pression médiatiques exercés par le lobby très élargi de ceux que Philippe Muray appelait les « artistocrates »… Première partie : cliquez ici

« L’Appel » dans le texte

L’« Appel des 800 » n’est donc qu’une opéra­tion de com réal­isée par le gou­verne­ment social­iste grâce au lob­by « artis­to­crate » (voir pre­mière par­tie). Intéres­sons-nous désor­mais au fond, c’est-à-dire au texte du man­i­feste pro­pre­ment dit. D’abord, on nous explique que les asso­ci­a­tions sur place ten­tent dés­espéré­ment d’alerter l’opinion publique sur les « épou­vanta­bles con­di­tions de vie réservées aux migrants et aux réfugiés de la jun­gle de Calais. » Nul ne con­testera, certes, que les con­di­tions dans lesquelles vivent les « migrants » sont bien des con­di­tions épou­vanta­bles. En revanche, l’adjectif « réservées » est tout de même pour le moins intriguant. Si ces con­di­tions ont été « réservées » aux migrants, alors cela sig­ni­fie que la pop­u­la­tion française, con­sciente, con­certée et active dans cette his­toire, aurait décidé de « réserv­er » pareilles con­di­tions, plutôt que d’autres, aux foules débar­quées sur son ter­ri­toire. Ce qui est bien sûr absol­u­ment faux, mais qui per­met insi­dieuse­ment et dès le début du texte d’accuser le Français de base en faisant porter sur ses épaules la respon­s­abil­ité d’une sit­u­a­tion dont, non seule­ment, il n’est nulle­ment respon­s­able (à la lim­ite, ses min­istres, par une poli­tique extérieure incon­sid­érée), mais surtout, dont il peut être le pre­mier à souf­frir, notam­ment quand il a le mal­heur d’habiter Calais, et non les pre­miers arrondisse­ments parisiens où logent la plu­part des sig­nataires philanthropes.

Si le « Camp du Bien » existe, alors tout est permis !

Les migrants sont décrits comme « lais­sés à eux-mêmes » et la même expres­sion est employée au sujet de leurs enfants. Par quoi on peut remar­quer com­ment les artis­to­crates vendent mal leurs migrants à la pop­u­la­tion, puisqu’il est mal­adroit de vouloir démon­tr­er à celle-ci qu’elle aurait une oblig­a­tion morale de pren­dre en charge des gens qui, eux-mêmes, ne pren­nent pas en charge leurs pro­pres enfants. Et… qui vio­lent leurs femmes. Voilà qui donne envie de s’enrichir d’une telle présence… On par­le de « vio­lences poli­cières presque rou­tinières », ce qui est une attaque con­tre la police non étayée, plutôt per­fide, et l’on s’étonne que le gou­verne­ment n’ait pas réa­gi à cette phrase pour, au moins, défendre sa police. En out­re, est-il judi­cieux de se met­tre à dos les policiers quand, par ailleurs, il est patent qu’on les réclame, ne serait-ce que pour éviter qu’au sein de cette pop­u­la­tion lais­sée à elle-même les femmes se fassent vio­l­er ? Enfin, il est ques­tion de « raton­nades organ­isées par des mil­i­tants d’extrême-droite », alors même qu’on n’a pas retrou­vé les auteurs des faits évo­qués et qu’il est donc impos­si­ble de savoir s’il s’agit de mil­i­tants poli­tiques ou sim­ple­ment d’habitants vio­lents et/ou dés­espérés. La pro­bité, l’honnêteté intel­lectuelle, la cohérence, lorsqu’on appar­tient au Camp du Bien : c’est évi­dent qu’on n’en a rien à faire.

L’ennemi : Les réacs

Enfin, après des for­mules lyriques et rhé­toriques d’adolescent fumant son pre­mier pétard (« Jusqu’à quand allons-nous nous taire ? » — Parce que vous n’êtes pas en train de par­ler, peut-être ? « La spi­rale du pire est amor­cée »), sont désignés les véri­ta­bles cibles du texte, les auteurs de ces « dis­cours réac­tion­naires ou fas­cisants (qui) ne cessent depuis des années de divis­er les gens ». Bien sûr, avant que Zem­mour ne passe à la télé, les racailles de ban­lieue, tous les week-ends, après s’être ren­dues dans le Marais chercher leurs amis juifs ou homo­sex­uels, s’empressaient d’aller aider les mamies « de souche » à tra­vers­er aux car­refours encom­brés, tout en jurant sur le Coran qu’il ne fal­lait pas touch­er à la République. Et puis les réacs sont arrivés et leurs pro­pos nauséabonds ont trans­for­mé la réal­ité ! Très révéla­trice, cette croy­ance du poli­tique­ment cor­rect que le réel n’est que le dis­cours qu’on en pro­pose… Mais on trou­ve ensuite, dans le texte, un autre enne­mi embusqué der­rière les réacs, et cet enne­mi, ce n’est ni plus ni moins que la Nation. La Nation injuste d’ériger des fron­tières, de faire prof­iter ses citoyens d’avantages dont sont exclus ceux qui ne lui appar­ti­en­nent pas et qui, on l’imagine, devrait par con­séquent disparaître.

Chacun son indigence

Revenant à la ligne à chaque phrase afin de sug­gér­er l’intensité de ses bat­te­ments de cœur, l’auteur du man­i­feste écrit donc : « Cette mise en con­cur­rence des indi­gences est igno­ble. / Elle nous habitue à l’idée qu’il y aurait des mis­ères défend­ables et d’autres non. / Elle sape les fonde­ments des valeurs con­sti­tu­tives de la France. / Elle nie notre human­ité com­mune. / Elle nous pré­pare au pire. » Là, le délire est com­plet. Il ne s’agit pas de dire qu’il y aurait des mis­ères défend­ables et d’autres non, sim­ple­ment qu’il y a des mis­ères dont l’État est directe­ment respon­s­able : celles qui touchent ses admin­istrés, et d’autres, dont il n’est pas directe­ment respon­s­able, ou alors il faut lui don­ner les com­pé­tences d’administrer toute la pop­u­la­tion de la planète ! Et l’on apprend donc que les « fonde­ments des valeurs con­sti­tu­tives » (quelle redon­dance) de la France seraient de refuser que la France en ques­tion puisse juste­ment se con­stituer en Etat ! Ce qui relève d’une inca­pac­ité assez effrayante à penser à la fois la dimen­sion uni­ver­sal­iste de la France et sa réal­ité poli­tique, comme si l’une devait annuler l’autre, parce que rien ne pour­rait jamais exis­ter que sur le même plan et en fonc­tion de logiques binaires ! Pour les mêmes raisons, notre « human­ité com­mune » serait soi-dis­ant niée dès lors qu’il exis­terait des nations, et comme si les deux notions étaient con­tra­dic­toires. L’indigence intel­lectuelle des auteurs du man­i­feste, même avec le sou­tien de plusieurs états et l’aide de cent asso­ci­a­tions, paraît quant à elle, en tout cas, inexorable.

L’absent : le peuple de Calais

Comme l’OJIM l’avait déjà fait remar­quer l’an dernier, dans cette affaire calaisi­enne, il y a un acteur fon­da­men­tal qui est pure­ment et sim­ple­ment nié tant par les médias, hier, que par les artis­to­crates, aujourd’hui : le peu­ple de Calais. Et ce sont bien ces dessi­na­teurs, ces slam­meurs et ces humoristes parisiens, qui met­tent les mis­ères en con­cur­rence et désar­ment de leurs droits de citoyens français, de leurs droits à être défendus aux fron­tières et sur leur pro­pre ter­ri­toire, les habi­tants de Calais, au pré­texte que, com­parée à celle de foules errantes en exil, leur mis­ère serait très rel­a­tive. On décon­stru­it ain­si le droit posi­tif au nom de grandes bouf­fées sen­ti­men­tales abstraites. Aus­si, si l’on évoque les trois agres­sions dont ont été vic­times les migrants, on n’évoque pas, en revanche, celles, nom­breuses, qu’ont dû subir les Calaisiens, sans compter les vols et la dévas­ta­tion de leur envi­ron­nement. On n’expose pas non plus com­ment les migrants eux-mêmes se parta­gent les ter­res calaisi­ennes en zones trib­ales et se livrent ensuite à des affron­te­ments afin de main­tenir leur emprise sur les ter­res qu’ils ont pour­tant vio­lées. Et si l’égoïsme ou la frilosité des Calaisiens en par­ti­c­uli­er et des Français en général est sans cesse insin­uée, la bêtise et la sauvagerie man­i­festes des migrants sont rarement notées par des bour­geois qui n’adorent véri­ta­ble­ment que leur pro­pre générosité sup­posée, telle que la leur ren­voie à leurs yeux et par leurs jour­naux le con­cept immac­ulé des « migrants ». En somme, cette séquence est à ajouter à la liste des coups de pres­sion, d’intimidation, de trans­es et d’incantations soudaines à quoi se livre une classe médi­ati­co-poli­tique paniquée de voir vac­iller son pou­voir, et qui aujourd’hui plus que jamais, révèle ses imbri­ca­tions secrètes et se serre les coudes, du rappeur par­venu jusqu’au pre­mier ministre.

Crédit pho­to : DR

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