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Dossier : DESINTOX, au commencement était le Chiffre

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24 mars 2015

Temps de lecture : 12 minutes
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Dossier : DESINTOX, au commencement était le Chiffre

Temps de lecture : 12 minutes

« Dans des inves­ti­ga­tions du genre de celle qui nous occupe, il ne faut pas tant se deman­der com­ment les choses se sont passées, qu’é­tudi­er en quoi elles se dis­tinguent de tout ce qui est arrivé jusqu’à présent. » Edgar Allan Poe.

« Je ne crois aux sta­tis­tiques que lorsque je les ai moi-même fal­si­fiées. » Win­ston Churchill.

« Ce qui compte ne peut pas tou­jours être comp­té et ce qui peut être comp­té ne compte pas for­cé­ment », Ein­stein.

Comme nous avons eu l’occasion de l’exposer récemment, le « fact-checking », en France, s’est principalement décliné de deux manières différentes. Sur Europe 1 (Le Lab), en faisant la part belle à l’anecdotique et au superficiel. Au sein du Monde (Les Décodeurs), en édifiant une réalité technocratique, chiffrée et autoritaire, dans le but de tuer les conditions de possibilité de toute forme de controverse.

Qu’en est-il de cette « véri­fi­ca­tion par les faits » à Libéra­tion, organe phare dans la pro­mo­tion de tout ce que l’époque offre de plus « pro­gres­siste » ? Le quo­ti­di­en fondé en 1973 s’est mon­tré précurseur lorsqu’il a été ques­tion de pro­pos­er une plate­forme française de véri­fi­ca­tions chiffrées et sour­cées des dis­cours poli­tiques, Desin­tox, puisque celle-ci a été fondée dès 2008. L’O­jim se pro­pose de pass­er en revue ses spé­ci­ficités, qui ten­dent entière­ment à l’éd­i­fi­ca­tion d’une réal­ité manichéenne, où la mis­ère sociale, l’in­sécu­rité et l’échec du mul­ti­cul­tur­al­isme à la française devi­en­nent autant de fan­tasmes droitiers.

Cédric Mathiot — Conférence “Le fact checking aura-t-il un rôle dans la présidentielle ?”, 23/01/2012

France Culture — “Fact-checking”: fondement du journalisme ou miroir aux alouettes ? 10/11/2012

Un dispositif partisan et manichéen

Aux com­man­des du dis­posi­tif, le jour­nal­iste Cédric Math­iot, issu du ser­vice économique du jour­nal, ce qui peut expli­quer la pas­sion man­i­feste pour les don­nées chiffrées, au détri­ment de la con­fronta­tion d’idées. Math­iot est par ailleurs l’au­teur d’un Petit pré­cis des bobards de cam­pagne (Presse de la cité) paru en 2012. Autre con­tribu­teur récur­rent du site, Bap­tiste Bouthi­er, qui est diplômé de la pro­mo­tion 2009–2011 du Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes, et qui a col­laboré à l’AFP, L’Équipe ou encore Mar­i­anne.

Un tel pedi­gree lais­serait croire à une volon­té d’ap­porter des cor­rec­tifs à l’ensem­ble de la sphère poli­tique. Pour­tant, le ser­vice Desin­tox a plutôt à cœur de se lancer dans une réin­ter­pré­ta­tion par­ti­sane de la réal­ité. Ses cor­rec­tifs s’ap­pliquent très majori­taire­ment à l’e­space droiti­er de l’échiquier poli­tique français. Ce dernier fait en effet l’ob­jet des véri­fi­ca­tions majori­taires des com­mis­saires de la vérité. Un sim­ple coup d’œil à leurs réal­i­sa­tions les plus récentes per­met de con­stater qu’UMP et FN sont la cible prin­ci­pale des véri­fi­ca­tions. Sur la sim­ple péri­ode du mois de décem­bre 2014, 14 des 16 arti­cles pub­liés sont des cor­rec­tifs s’at­taquant soit à des per­son­nal­ités inféodées à un par­ti de droite (Lau­rent Wauquiez, Jean-Marie Le Pen, Éric Ciot­ti, etc…), soit à des thèmes qui sont des chevaux de bataille de ces for­ma­tions poli­tiques (immi­gra­tion, droit d’asile…).

Ce procédé indif­féren­cié use du manichéisme poli­tique pour assim­i­l­er tout un pan de la sphère poli­tique française, tra­ver­sé par des sen­si­bil­ités pour­tant rad­i­cale­ment dif­férentes et antin­o­miques (l’eu­ro-libéral­isme con­tre une forme de sou­verain­isme social, avec toutes les nuances inter­mé­di­aires que cela implique), aux enne­mis du pou­voir en place, con­tre qui leurs déc­la­ra­tions por­tent sou­vent. C’est ain­si toute l’op­po­si­tion qu’il con­vient de décrédi­bilis­er, chiffres et vocab­u­laire sen­ten­cieux à l’ap­pui. La grossièreté du procédé est telle­ment vis­i­ble qu’elle se révèle sans pudeur dans les élé­ments de titraille. « Étrangers et min­i­mum vieil­lesse, l’in­tox infinie de l’UMP », ou encore « Sarkozy noie Toulon et Mar­seille sous l’in­tox », pou­vait-on lire en octo­bre 2014, ou encore « Con­trainte pénale : les chiffres qui invali­dent les fan­tasmes de la droite », en décem­bre dernier. Lex­ique tan­tôt méta­physique, tan­tôt météorologique, voire même médi­cal, mais tou­jours hyper­bolique pour les per­son­nal­ités de droite. En con­tre par­tie, on reprochera à la min­istre de l’Éducation nationale, Najat Val­laud-Belka­cem de « faire dis­paraître » les non-rem­place­ments de profs. À ce niveau, on pour­rait aus­si par­ler de pres­tidig­i­ta­tion : com­plète­ment inof­fen­sif. On « accusera » aus­si François Reb­samen, min­istre PS du tra­vail de « voir la France en rose ».
Les ten­ants de la droite provo­quent le déluge et le cli­mat du men­songe éter­nel. Les prophètes de la gauche sont, au pire, dans la dis­sim­u­la­tion bien­veil­lante ou le péché d’op­ti­misme. Qui ont en plus une rai­son d’être, puisqu’on apprend dans l’ar­ti­cle relatif à la pénurie de pro­fesseurs que celle-ci est sim­ple­ment con­jonc­turelle, et que les efforts du gou­verne­ment pour la résoudre sont engagés, n’en déplaise à ce qui est ramené à un sim­ple exer­ci­ce de com­mu­ni­ca­tion ratée de la part de la ministre.

Une entreprise de fossilisation

L’a­van­tage de cette démarche, pour le lecteur désireux de s’y sous­traire, c’est qu’elle est autrement plus clas­sique et lis­i­ble que celle du Monde (dont les accents orwelliens la rendaient d’au­tant plus per­ni­cieuse), notam­ment en rai­son de son grand manichéisme poli­tique. L’en­ne­mi est à droite. Les gen­tils sont à gauche, notam­ment au gou­verne­ment. Voilà donc un procédé qui a en plus le mérite de sauve­g­arder les ten­ants et les aboutis­sants d’un cli­vage qui, s’il n’a plus aucune per­ti­nence, reste pour­tant un élé­ment décisif dans l’art de la réin­for­ma­tion chiffrée chez Libé.

« La gauche sait bien que sans la droite, sans l’er­satz de droite qui la fai­sait exis­ter en tant qu’er­satz de gauche, elle n’est plus grand chose ; et que la rup­ture d’équili­bre peut être dra­ma­tique égale­ment pour elle. Va-t-elle même être encore longtemps la gauche sans son vieux com­plice de bon­neteau ? […] Finale­ment, ce n’est même plus le vieux con­flit droite-gauche qui s’écroule, mais la réal­ité poli­tique elle-même en tant que con­flit. C’est le con­flit qui, après avoir capit­ulé dans la société, capit­ule aus­si élec­torale­ment au prof­it de l’homme fes­tiviste, donc post-polémique, dont ces écroule­ments accom­pa­g­nent le tri­om­phe. », écrit Philippe Muray dans Après l’His­toire. Est-il bien néces­saire d’a­jouter que cette ère du con­sen­sus, per­mise entre autres par la vig­i­lance jour­nal­is­tique de la véri­fi­ca­tion sta­tis­tique, est comme la pétri­fi­ca­tion, l’in­dex­a­tion du champ poli­tique sur les « valeurs » du camp du Bien ? « Si la gauche a l’air de mieux tenir le coup, écrit encore Muray, c’est que ses principes fon­da­men­taux et sen­ti­men­taux cadrent plus étroite­ment avec le pro­gramme hyper­fes­tif » : pro­gramme d’asep­ti­sa­tion de la réal­ité sociale, et des ten­sions dialec­tiques qui la per­pétuent, par le biais de la réin­for­ma­tion chiffrée qui tient un rôle majeur dans cette entre­prise de fossilisation.

Il con­vient évidem­ment de pré­cis­er que la mise en lumière d’un tel procédé n’a pas pour final­ité de réha­biliter l’of­fre poli­tique d’une quel­conque oppo­si­tion et de la plac­er dans une posi­tion vic­ti­maire, mais sim­ple­ment de soulign­er le car­ac­tère évi­dent, grossier et peu sub­til de la dif­férence de traite­ment lex­i­cal, mais aus­si quan­ti­tatif des approx­i­ma­tions des dis­cours poli­tiques par le site de Libéra­tion.

Euphémismes, atténuations, sophismes : la boîte à outils du « fact-checking »

Au-delà de ce manichéisme suran­né et car­i­cat­ur­al, il faut con­stater aus­si une volon­té de tor­dre le cou à ce que Desin­tox con­sid­ère comme idées reçues, et même hal­lu­cinées. Ici, la plate­forme de réin­for­ma­tion délaisse le ter­rain de la cor­rec­tion par­ti­sane et uni­latérale pour s’aven­tur­er sur celui de l’idéolo­gie appliquée aux fameux « clichés » pop­u­laires, même s’il ne faudrait pas trop vite oubli­er leur droitière par­en­té. Ain­si, tout ce que la gauche n’ad­met pas dans son logi­ciel « pro­gres­siste » relève du fan­tasme, de la fab­ri­ca­tion, de l’ex­agéra­tion, qui sont autant de con­struc­tions que l’on doit à l’en­vi­ron­nement droiti­er de notre écosys­tème poli­tique. On pou­vait ain­si lire le 15 décem­bre dernier que la ques­tion migra­toire « plus qu’au­cune autre […] véhicule des clichés sou­vent nauséabonds ». Ce qual­i­fi­catif olfac­t­if (qui ren­voie à l’épou­van­tail Front Nation­al) est dû, peut-on lire, à un rap­port de la Com­mis­sion con­sul­ta­tive des droits de l’homme qui affirme que « le ressen­ti de l’im­mi­gré comme un dan­ger pro­gresse ». Bal­ayées les inquié­tudes, les angoiss­es, les cri­tiques, face à une sit­u­a­tion migra­toire néga­tive­ment perçue par les habi­tants des quartiers où se déversent les flots de migrants en ques­tion. Fussent-elles argu­men­tées, raison­nées, elles tombent sous le coup du domaine olfac­t­if qui ne saurait avoir droit de cité. Et quand bien même le rap­port en ques­tion ne pré­cise pas la nature du dan­ger (Économique ? Social ? Cul­turel ?), c’est sous l’an­gle des sta­tis­tiques que Desin­tox va l’abor­der. Avant toute chose, Libé nous informe d’une don­née à n’en pas douter très més­es­timée : les entrées d’im­mi­grants légaux sur le ter­ri­toire français sont sta­bles : 250 000 par an. L’ex­plo­sion sou­vent décrite n’ex­iste donc pas (on notera néan­moins l’ab­sence de balis­es tem­porelles per­me­t­tant de jauger de la pro­gres­sion du phénomène). Ajou­tons à cela qu’on ne compt­abilise que très rarement les sor­ties : 60 000. Cir­culez y’a rien à voir.
Autre chiffre : on compte 6,7 mil­lions de descen­dants d’im­mi­grés en France. Ces derniers ont la nation­al­ité française. D’où le fait que les compt­abilis­er dans les immi­grés, comme l’avait fait en décem­bre dernier Valeurs actuelles pour affirmer la thèse du « grand rem­place­ment », paraisse « très dis­cutable » aux vérifi­ca­teurs. Mais n’est-il pas tout autant dis­cutable d’at­tribuer à une pré­ten­due « fachos­phère » la volon­té de con­sid­ér­er, aus­si, les prob­lèmes posés par un tel flux migra­toire (descen­dants inclus) sur le plan cul­turel ? N’est-il pas réduc­teur de désamorcer une sit­u­a­tion sociale­ment ten­due par le seul biais de lec­ture démo­graphique, lui-même appliqué aux thès­es les plus radicales ?

Débarrasser la population de ses toxines droitières

Desin­tox con­clut l’ar­ti­cle en ques­tion en rétab­lis­sant les ver­tus économiques de l’im­mi­gra­tion. Là-aus­si, les sacro-saints chiffres de l’OCDE sem­blent accréditer la thèse du ser­vice de véri­fi­ca­tions. Desin­tox est dans son bon droit de les relay­er. Mais la ques­tion est de savoir en quoi ces don­nées sta­tis­tiques répon­dent à l’in­quié­tude ini­tiale, si rapi­de­ment bal­ayée sous l’ad­jec­tif olfac­t­if jamais démon­tré, à savoir l’ex­is­tence d’un ressen­ti négatif à l’en­con­tre du phénomène de l’im­mi­gra­tion mas­sive (qui n’est absol­u­ment pas démen­ti par sa sta­bil­ité, con­traire­ment à ce que le sophisme laisse à penser) dans les faits soci­aux quo­ti­di­ens. L’his­to­rien Christo­pher de Voogd reve­nait pour Atlanti­co sur cette méth­ode priv­ilé­giant les mesures chiffrées au ressen­ti empirique : « L’on pour­rait para­doxale­ment assis­ter ici à l’une des man­i­fes­ta­tions les plus écla­tantes de la dérive totale de notre esprit cri­tique… au nom même de ce dernier ! Car, si les plus dan­gereuses per­ver­sions religieuses sont celles qui se récla­ment de la fidél­ité absolue aux textes sacrés, les plus inquié­tantes manip­u­la­tions intel­lectuelles sont celles qui se par­ent des atours de la rai­son pure. Les sophistes se font tou­jours pass­er pour des philosophes » Et de soulign­er par ailleurs les méth­odes biaisées des vérifi­ca­teurs, qui sélec­tion­nent les chiffres, voire même dis­qual­i­fient les sources qu’ils jugent peu fiables sur une base pure­ment sub­jec­tive. Peu exhaus­tive et même con­fuse, la méth­ode est ain­si bro­cardée par l’in­tel­lectuel qui con­clut ain­si : « En fait, ce à quoi nous assis­tons c’est à l’expression, non pas d’un divorce entre les “chiffres vrais” et “le ressen­ti pop­u­laire”, mais entre le ressen­ti de cer­taines élites et les réal­ités, heureuse­ment sur­prenantes et com­plex­es, de notre société. » Une lim­ite inhérente à cette pra­tique con­statée par Bap­tiste Bouthi­er qui con­fi­ait tout récem­ment à Cul­ture RP qu’elle com­por­tait un « risque latent » de « querelle de chiffre », au détri­ment du « débat d’idées, de fond. »

Mal­gré cette aut­o­cri­tique tout à fait per­ti­nente, on con­state mal­heureuse­ment que Desin­tox a recours aux out­ils tra­di­tion­nels, et prob­a­ble­ment indis­pens­ables, de la vul­gate du « fact check­ing » dénon­cés par Christo­pher de Voogd. Les don­nées, qui éma­nent d’or­gan­ismes dont les mar­queurs idéologiques ne sont jamais pré­cisés, font l’ob­jet de tor­sions, de manip­u­la­tions qui sont autant de moyens d’e­uphémiser le réel, réduit à sa plus min­i­male abstrac­tion, placé à la remorque du cortège des chiffres tri­om­phants. Il serait pour­tant aisé de pré­cis­er par exem­ple aux lecteurs l’ori­en­ta­tion idéologique de l’or­gan­isme employé.

Cette analyse de l’aînée des plate­formes de véri­fi­ca­tion per­met en défini­tive de con­stater qu’elle a toutes les car­ac­téris­tiques tra­di­tion­nelles des organes de « fact check­ing ». Culte des don­nées sta­tis­tiques offi­cielles (OCDE, INSEE, etc.) qui ne sont jamais pondérées ou nuancées, tor­sions des abstrac­tions chiffrées pour les insér­er dans un réc­it qua­si-nihiliste, et util­i­sa­tion biaisée de l’ap­pareil lex­i­cal sont autant d’élé­ments fam­i­liers qui vien­nent ali­menter cette sci­ence de la véri­fi­ca­tion. Le Chiffre et le Verbe tra­vail­lent de con­cert à saper toute la com­plex­ité des enjeux poli­tiques, soci­aux et économiques. Par ailleurs ces tech­niques sont ici agré­men­tées d’un esprit par­ti­san com­plète­ment daté et peu sub­til, qui per­met ain­si de ren­dre appar­entes les ficelles de ces véri­fi­ca­tions servile­ment ori­en­tées : sévères et sans appel quand elles con­cer­nent l’op­po­si­tion, bien­veil­lantes et tim­o­rées quand elles s’at­taque­nt au pou­voir en place.

Il est ain­si pos­si­ble d’af­firmer que le ser­vice de Desin­tox de Libéra­tion porte bien son nom. Il a avant tout pour voca­tion de débar­rass­er la pop­u­la­tion de ses tox­ines droitières, amal­gamées sous un seul et même éten­dard, dont le FN est comme l’épou­van­tail métonymique. Cet exer­ci­ce par­ti­san, out­ran­cière­ment manichéen, s’il­lus­tre dans des envolées sta­tis­tiques autori­taires qui visent à fab­ri­quer un con­sen­sus au for­ceps, fait car­ac­téris­tique des pub­li­ca­tions de « fact check­ing » en France. Cette dés­in­tox­i­ca­tion, qui se présente plutôt sous la forme d’un hygiénisme de la pen­sée, vise ain­si à emmêler caus­es et con­séquences des fail­lites poli­tiques et économiques con­tem­po­raines dans une grande pan­talon­nade rhétorico-arithmétique.

Ce qui nous amène à nous inter­roger sur la légitim­ité jour­nal­is­tique d’une telle pra­tique. Car la con­fu­sion sem­ble désor­mais actée : en octo­bre dernier, le Front Nation­al lançait son pro­pre appareil de véri­fi­ca­tion par les faits.

Le « fact-checking » n’est-il pas une arme politique avant d’être un outil journalistique ?