Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Crise migratoire : l’information en tranche

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

15 juillet 2017

Temps de lecture : 12 minutes
Accueil | Veille médias | Crise migratoire : l’information en tranche

Crise migratoire : l’information en tranche

Temps de lecture : 12 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 09/01/2017]

La « crise des migrants » semble être le nouveau marronnier des médias, comme il y a quelques années le mouvement du Canal Saint Martin visant à la mise à l’abri des SDF. Un mouvement qui n’a pas permis d’améliorer leur situation, ni celle du SAMU social saturé.

Une actu­al­ité chas­se l’autre. Celle du moment con­cerne la « crise » migra­toire. Ses dif­férents aspects sont découpés en tranch­es dans les médias. Chaque séquence est présen­tée isolé­ment, voire locale­ment : la tra­ver­sée de la Méditer­ranée, le pas­sage à la fron­tière ital­i­enne, le regroupe­ment dans les campe­ments sauvages à Paris ou ailleurs, la répar­ti­tion dans les cen­tres d’accueil, la réac­tion des pop­u­la­tions con­cernées, l’orientation vers l’hébergement plus sta­ble et, in fine, la recon­sti­tu­tion de campe­ments à Calais et à Paris.

Tous ces élé­ments sont à reli­er entre eux. Un tra­vail rarement fait dans les médias, même à dimen­sion nationale. Nous en recon­sti­tuons les liens au tra­vers des infor­ma­tions dis­pen­sées dans la presse, à la radio et sur le net.

Les points de passage

Par­mi les points de pas­sage des migrants vers l’Europe, le Libye est en bonne place. Depuis la fin du régime du général Kad­hafi, le con­trôle des fron­tières de ce pays est devenu aléa­toire, ce qui donne de l’espoir à des cen­taines de mil­liers de migrants déjà présents dans le pays, qui atten­dent de pass­er en Europe, selon le Min­istre de la défense français cité par Sud Ouest.

Ils peu­vent compter sur de nom­breux passeurs pour les trans­porter des côtes libyennes vers l’Italie, aidés par­fois par des O.N.G., qui ne se lim­i­tent pas à des opéra­tions de sauve­tage en mer, comme le révélait le Finan­cial Times à par­tir d’informations de Fron­tex. Une infor­ma­tion passée sous silence dans les médias français, hormis un arti­cle de la Tri­bune, et une « dés­in­tox » erronée, comme indiqué dans un précé­dent papi­er de l’OJIM.

Arrivés en Ital­ie, à la fron­tière fran­co-ital­i­enne, les clan­des­tins ral­lient la France, notam­ment grâce au « busi­ness des navettes entre Vin­timille et Nice » relaté par La Mar­seil­laise, ou aux mil­i­tants no bor­der dont par­le 20 min­utes. L’arrivée de migrants à la fron­tière aug­mente à un point tel que des asso­ci­a­tions deman­dent à la France d’ou­vrir la fron­tière à Vin­timille, selon le Figaro.

À Paris, les migrants, aidés par les asso­ci­a­tions de sou­tien, sem­blent avoir trou­vé le moyen pour que des solu­tions d’hébergement rapi­des leur soient trou­vées : en con­sti­tu­ant des camps sauvages en plein cen­tre de Paris, comme le relate Le Monde dès le mois de mars 2016.

« “Si tu veux avoir droit à un héberge­ment un jour, il faut exis­ter. Et pour cela, il faut faire un camp, puis le tenir quelque temps sans se laiss­er dis­pers­er”, explique celui qu’on appelle Niki­ta, un des sou­tiens du lieu ». Une stratégie que cherchent désor­mais à con­tr­er « plusieurs munic­i­pal­ités (d’Ile de France, qui) se dotent d’un mobili­er urbain conçu pour éviter les instal­la­tions de réfugiés sur la voie publique » selon Le Monde.

Pas moins de 31 « mis­es à l’abri » ont ain­si été organ­isées de juin 2015 à décem­bre 2016, indique le site de la Pré­fec­ture de région IDF.

Saturation des structures

Les plus chauds par­ti­sans de l’accueil des migrants, tels l’Obs, le recon­nais­sent, les struc­tures d’accueil en Ile de France, à peine créés, sont sat­urées. Le délégué général de France Terre d’Asile indique au jour­nal La Croix qu’il esti­mait que « depuis plusieurs mois, entre 80 et 100 nou­veaux réfugiés arrivent chaque jour sur Paris ». Un afflux à l’image du nom­bre de deman­deurs d’asile qui con­tin­ue d’augmenter depuis des années, pour attein­dre 90 000 en 2016, selon Le Figaro, sans compter les quelques 20 000 migrants présents en France ayant fait leur demande d’asile en 2016 dans le pre­mier pays européen d’arrivée.

Pour résoudre les nom­breux prob­lèmes causés par la crois­sance con­tin­ue de la jun­gle de Calais, François Hol­lande annonçait le lun­di 26 sep­tem­bre 2016 son déman­tèle­ment « com­plet et défini­tif  ». Un camp qui, selon la radio France Info comp­tait entre 7 000 et 10 000 per­son­nes. Un mois plus tard, le 29 octo­bre, France Info relayait l’annonce — plus rad­i­cale — du Prési­dent de la République de « la fin des camps de migrants » dans l’hexagone.

Les centres d’accueil et d’orientation

Carte maitresse pour met­tre en œuvre cette déci­sion poli­tique, les cen­tres d’ac­cueil et d’orientation.

Le Figaro indique le 13 août que des con­signes auraient été envoyées aux préfets pour pour­voir à « l’héberge­ment de ces mil­liers de dérac­inés qui s’en­tassent dans le camp de la “jun­gle”». Libéra­tion reprend le 13 sep­tem­bre les infor­ma­tions pub­liées par Le Figaro à par­tir de la note aux Préfets que le jour­nal s’est procurée. « Le plan du gou­verne­ment prévoit l’ou­ver­ture de plusieurs CAO » indique le quotidien.

Des objectifs fluctuants, pas relevés par les médias

En reprenant le fil des annonces, on voit que l’objectif est fluc­tu­ant : du déman­tèle­ment de la jun­gle de Calais à la prise en charge de tous les migrants dans les camps d’accueil en France.

« Objec­tif déclaré: avoir fait émerg­er d’i­ci à la fin de l’an­née 2016 plus de 12.000 places dans des cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion (CAO) partout en France. »

« Il a été décidé d’é­carter dans la répar­ti­tion les régions Île-de-France, par­ti­c­ulière­ment ten­due sur la ques­tion de l’héberge­ment, et Corse », révèle toute­fois la source du jour­nal le Figaro le 12 septembre.

Libéra­tion indique sur son site le 13 sep­tem­bre que «  l’en­tourage de Bernard Cazeneuve explique que la région parisi­enne est déjà trop sous pres­sion pour recevoir un nou­v­el afflux de migrants (elle compte aujour­d’hui 94 cen­tres sur son ter­ri­toire pour env­i­ron 6700 places) ».

Une annonce qui sera con­tred­ite dans les faits, puisque des cen­tres seront créés en Ile de France (Roc­quen­court, Noisy-le-Grand, etc.), un nou­veau revire­ment qui ne sera pas relevé dans les médias. Sauf à met­tre une autre appel­la­tion à des struc­tures qui ont la même fonction.

Une autre infor­ma­tion gou­verne­men­tale relayée par les médias au sujet des cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion pour­rait être bien­tôt démen­tie par les faits : leur car­ac­tère pro­vi­soire.

La Charte de fonc­tion­nement des cen­tres d’accueil et d’orientation (CAO) indique en effet que ces struc­tures ont été mis­es en place « à l’origine pour accueil­lir des per­son­nes ori­en­tées depuis le campe­ment con­sti­tué de Calais ». Mais le doc­u­ment con­tient la pré­ci­sion suiv­ante : « afin de per­me­t­tre la résorp­tion des campe­ments et de garan­tir la prise en charge, dans des con­di­tions sat­is­faisantes, de l’ensemble des migrants souhai­tant les quit­ter, il a été décidé de main­tenir le dis­posi­tif des CAO sur une péri­ode plus longue ».

L’implantation des cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion vue par quelques titres de la presse

L’annonce des pre­mières implan­ta­tions des cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion « inquiète dans cer­taines com­munes » indique la Dépêche. Après avoir cité des exem­ples de man­i­fes­ta­tions d’hostilité, le jour­nal se veut philosophe le 13 sep­tem­bre, en citant en con­clu­sion de l’article le con­seil d’un maire P.S. de Peyrat-Le-Château : « Clé du suc­cès selon lui: “Nous avons mon­tré à la pop­u­la­tion que nous avions mis en place tous les proces­sus pour encadr­er cette struc­ture.” Et le monde asso­ci­atif a joué le jeu ».

La Mon­tagne con­sacre un arti­cle le 16 sep­tem­bre à l’ « Accueil des migrants : ces com­munes d’Au­vergne qui ont dit oui  ». Pour la Nou­velle République, il s’agit d’ « une expéri­ence pos­i­tive ».

Le jour­nal l’Union (Nord-est de la France) présente l’ « accueil dans la région » des migrants avec un sous-titre qui se veut con­ciliant : « Avec le déman­tèle­ment annon­cé de la ” jun­gle” de Calais, l’accueil des migrants, “qui doit relever de la sol­i­dar­ité nationale”, va se dévelop­per dans nos régions ».
Par­mi les médias nationaux, le Parisien relaye le 21 sep­tem­bre la volon­té du gou­verne­ment de ras­sur­er en titrant « Migrants : pas de gros cen­tres d’ac­cueil dans les vil­lages, selon Cazeneuve ».
Le quo­ti­di­en cite en con­clu­sion de l’article en ligne les pro­pos du Min­istre de l’intérieur « La France est dans une sit­u­a­tion de maîtrise des deman­deurs d’asile », et d’ajouter qu’en 2015 env­i­ron 80 000 deman­des avaient été déposées et que « nous serons entre 90 et 100 000 à la fin de l’an­née».

Pour la Croix, la ques­tion est « Com­ment faire accepter l’accueil des migrants » (13/09/2016). Le quo­ti­di­en insiste sur la péd­a­gogie. « Cela dit, l’intransigeance de l’État peut aus­si s’avérer com­mode, souligne Éric Pliez (Directeur général d’Aurore) : « C’est par­fois plus facile pour un élu d’assumer l’accueil en dis­ant qu’on lui a imposé. Il peut faire val­oir qu’il n’a pas d’autre choix. »
Le Huff­in­g­ton Post reste assez factuel dans un arti­cle du 6 sep­tem­bre titré « Paris ouvre son pre­mier cen­tre pour réfugiés », en lais­sant le Min­istre de l’intérieur con­clure sur sa déter­mi­na­tion à retrou­ver l’auteur de l’incendie d’un futur cen­tre prévu à Forges-les-Bains.

Après tant d’articles ne con­tenant aucune réti­cence à l’installation de cen­tres d’ac­cueil et d’ori­en­ta­tion à tra­vers la France, on s’étonnerait presque qu’une frange de la pop­u­la­tion man­i­feste son oppo­si­tion à l’accueil de clan­des­tins (per­son­nes en sit­u­a­tion irrégulière sur le ter­ri­toire français). Ceux que l’on appelle migrants sont effet des immi­grants clan­des­tins aux moti­va­tions prin­ci­pale­ment économiques, comme en témoigne le fait que la grande majorité des deman­des d’asile en France soient rejetée (l’asile a été accordé à 31,5% des deman­deurs en 2015, 38% en 2016 selon des infor­ma­tions parues dans Les Echos du 12/01/2016 et Le Figaro du 28/12/2016).

Les manifestations contre les centres d’accueil

À par­tir du mois de sep­tem­bre 2016, des man­i­fes­ta­tions d’opposition à l’arrivée de migrants dans les cen­tres nou­velle­ment créés vont avoir lieu un peu partout en France. Elles seront présen­tées dans le meilleur des cas de façon neu­tre, et le plus sou­vent comme manip­ulées par le Front Nation­al ou/et comme des réac­tions d’égoïsme.

Le Figaro les a recen­sés dans un arti­cle pub­lié le 1er octo­bre 2016 inti­t­ulé « Ces vil­lages qui gron­dent con­tre la répar­ti­tion des migrants de Calais » et le 8 octo­bre dans un arti­cle au sujet « Des man­i­fes­ta­tions anti-migrants organ­isées dans plusieurs villes de France ».

Des man­i­fes­ta­tions ont eu lieu notam­ment à Allex (Drôme), Saint-Denis-de Cabanne (Loire), Saint Brévin (Loire Atlan­tique), Lou­ve­ci­ennes (Yve­lines), Forges-les-Bains (Essonne), Champterci­er (Alpes de Haute Provence), Saint-Hon­oré-les-Bains (Nièvre), Pier­refeu-du-Var (Var), Arès (Gironde) et Saint-Bauzille-de-Putois (Hérault).

À Allex, la con­tes­ta­tion de l’accueil « d’une cinquan­taine de per­son­nes pour des séjours com­pris entre un et trois mois » sem­ble menée par l’ « extrême droite » pour Le Monde. Un col­lec­tif s’est con­sti­tué pour « mon­tr­er qu’on n’est pas un vil­lage de fachos ». Le jour­nal­iste donne la parole à deux per­son­nes opposées à l’arrivée de migrants. Leurs pro­pos sont sur le reg­istre de l’égoïsme et de la peur : « “On nous dit de faire des efforts parce que la France n’a plus d’argent, mais pour les réfugiés, on en trou­ve”, dénonce le pre­mier. “Main­tenant, les voleurs vont venir ici pour met­tre ça sur le dos des migrants et je ne vous par­le pas des vio­ls”, rebon­dit le deuxième ».

À Saint-Denis-de Cabanne, le Pro­grès donne la parole à 2 représen­tants du Front Nation­al. Le titre de l’article « Le Front nation­al ne veut pas de “clan­des­tins dans les vil­lages” accrédite l’idée que la con­tes­ta­tion de vient pas des habi­tants mais d’un par­ti politique.

À Saint-Brévin, le Cour­ri­er du pays de Retz est factuel dans un arti­cle laconique con­sacré à la « man­i­fes­ta­tion sous ten­sion ».

À Lou­ve­ci­ennes, ce n’est pas le nom­bre de man­i­fes­tants « chauf­fés à blanc », estimés à 1 000 par Toutes les nou­velles, qui retient l’attention du jour­nal­iste du Parisien, mais les ten­sions entre les élus les Répub­li­cains et du Front Nation­al. Par­mi les per­son­nes inter­viewées, une sex­agé­naire opposée à l’arrivée de migrants dans la com­mune « éructe » tan­dis que W. De St Just (FN) « per­si­fle ».

À Forges-les-Bains, la dépêche de l’AFP relayée par Yahoo insiste sur le car­ac­tère apoli­tique de la man­i­fes­ta­tion, en con­clu­ant toute­fois sur les « ten­sions » générées par la Mar­seil­laise enton­née par des mem­bres du Front National.

À Champterci­er, « l’ar­rivée de migrants divise la pop­u­la­tion » selon France Info, qui ne donne toute­fois la parole dans l’article qu’à un respon­s­able de l’association Coal­lia, qui présente les aspects posi­tifs de cet accueil.

À Saint-Hon­oré-les-Bains, France 3 Bour­gogne informe du lance­ment de « l’opéra­tion “ville à ven­dre” », « après la péti­tion qui a obtenu plus de 1000 sig­na­tures ». Des actions qui auront sans doute con­tribué à la déci­sion du Préfet de ne pas installer de CAO dans le village.

À Pier­refeu-du-Var, Var Matin évoque les dif­férentes « man­i­fs et con­tre-manif » organ­isées début octo­bre, respec­tive­ment par la mairie, le FN, et « le camp pro­gres­siste ».

À Ares (Gironde), « La com­mune d’Arès s’op­pose à l’ac­cueil des migrants » selon France Bleu, où « Le con­seil munic­i­pal de cette ville de 5.000 habi­tants a voté une délibéra­tion con­tre la venue d’une cinquan­taine de per­son­nes dans un ancien cen­tre de vacances d’EDF ».

À Saint-Bauzille-de-Putois, « on se déchire ». Pierre, inter­rogé par la jour­nal­iste de La Dépêche affirme « On va aider ces gens-là, on va les loger et les accueil­lir alors qu’on ne fait rien pour les SDF. Pourquoi, on ne s’oc­cupe pas des per­son­nes dans le besoin telle­ment nom­breux ici ?». La jour­nal­iste con­clut : « Les habi­tants ont com­pris que la trans­for­ma­tion du cen­tre de pleine nature des Lutins Cévenols en CAO géré par SOS sol­i­dar­ités per­me­t­tait de pro­longer l’ac­tiv­ité du site con­damné à la fer­me­ture au pre­mier novem­bre sauvant ain­si sept emplois per­ma­nents. Mais cela n’ef­face pas les incer­ti­tudes. Dubi­tat­ifs ou furieux, les habi­tants obser­vent la patrouille per­ma­nente des véhicules de gen­darmerie dans une petite ville pais­i­ble ».

Ces man­i­fes­ta­tions n’auront pas empêché la créa­tion de plus de 450 CAO sur le ter­ri­toire français, ini­tiale­ment des­tinés à accueil­lir tem­po­raire­ment des rési­dents de la jun­gle de Calais.

France Bleu Nord prend ses sources dans l’édition du 27 décem­bre 2016 du jour­nal anglais The Inde­pen­dant (!) pour informer que « des migrants revi­en­nent dans le Nord-Pas-de-Calais, deux mois après le déman­tèle­ment de la “Jun­gle” » et que ceux-ci auraient réin­stal­lé une demi-douzaine de camps clan­des­tins près de Calais. Fer­mez le ban.

Crédit pho­to : JeanneMenjoulet&Cie via Flickr (cc). Man­i­fes­ta­tion à Paris, le 7 juil­let 2015.