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Casseurs du PSG : les médias changent les prénoms

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21 mai 2013

Temps de lecture : 3 minutes
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Casseurs du PSG : les médias changent les prénoms

Temps de lecture : 3 minutes

23 comparutions immédiates ont eu lieu la semaine dernière suite aux débordements ayant entaché le titre de champion de France du PSG dimanche 12 mai.

Plusieurs per­son­nes ont été con­damnées à du sur­sis, cer­taines à de la prison ferme. Dans le réc­it que dresse Libéra­tion des 4 con­damna­tions de mer­cre­di soir, les prénoms des accusés ont été mod­i­fiés. Ain­si, alors que sur les vidéos de la police, on remar­que surtout des casseurs ban­lieusards et issus de l’immigration, Libéra­tion nous par­le d’Alexandre, de Nico­las, d’Anthony et de Tariq. Des prénoms « bien de chez nous », à l’exception de Tariq, présen­té comme un Pak­istanais de 18 ans. « Le Pak­istan c’est loin, très loin, et Tariq, con­traire­ment aux autres casseurs, n’a sans doute pas la nation­al­ité française » analyse Benoît Rays­ki sur Boule­vard Voltaire.

Même con­stata­tion dans le Nou­v­el Obser­va­teur, sur FranceTV­in­fo ou encore sur Poli­tis. On retrou­ve cette fois Arnaud, Romain, Raphaël et Moham­mad (le Pak­istanais). Libéra­tion va même plus loin en pub­liant un témoignage d’un sup­port­er du PSG, accu­sant surtout les « ultras » et faisant le lien d’avec les iden­ti­taires de la Manif pour tous. Son nom (mod­i­fié) : Yoni Goldin­sky. « Ça c’est bien trou­vé ! s’exclame Benoît Rays­ki. Pas besoin d’être grand con­nais­seur pour savoir que ça fait juif, très juif. Et c’est sans con­teste un cer­ti­fi­cat absolu d’objectivité pour cet intéres­sant témoignage. Avec un tel nom, c’est sûr qu’il ne s’agit pas d’un « ultra » : ces derniers sont réputés racistes et anti­sémites. Avec un tel nom, il ne peut pas être con­fon­du avec les racailles de ban­lieue qui s’appellent tout à fait autrement. Un témoignage neu­tre donc et, bien sûr, cash­er à défaut d’être hallal. »

Une présen­ta­tion faussée de la réal­ité qui rejoint la ten­dance actuelle de nos médias : faire le lien entre les casseurs de dimanche soir et les opposants au « mariage pour tous ».

Les faits sim­i­laires ne se comptent plus sur les doigts d’une main. En juin 2012, un arti­cle de Serge Le Luy­er dans Le Monde avait rem­placé un prénom d’origine arabe par celui de « Vladimir » pour un homi­cide com­mis con­tre un col­légien de 13 ans à Rennes. Cette petite manip­u­la­tion avait valu à son auteur un Bobard d’Argent pour « l’art de faire d’une pierre deux coups : on cache l’origine musul­mane du meur­tri­er, on dia­bolise le prénom du « méchant » prési­dent Poutine. »

Dessin : © Mila­dy de Win­ter pour l’Ojim