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Billard à trois bandes entre Copé, Le Point et Le Figaro

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5 mars 2014

Temps de lecture : 4 minutes
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Billard à trois bandes entre Copé, Le Point et Le Figaro

Temps de lecture : 4 minutes

Le Point tire sur Copé, Copé tire sur les médias, Goldnadel tire sur Le Point, Le Point tire sur Le Figaro, Le Figaro tire sur Copé… Étrange billard à trois bandes, ou comment une simple affaire sème la zizanie au sein de la presse de « droite ».

Tout a com­mencé avec l’édition du Point du jeu­di 27 févri­er. L’hebdomadaire y accu­sait Jean-François Copé, patron de l’UMP, d’avoir favorisé l’agence Byg­mallion, dirigée par deux de ses proches, en lui « sur­fac­turant » des con­trats « hors appel d’offre ». Dans la foulée, Copé dénonçait « un coup mon­té de manière absol­u­ment igno­ble » auquel il décidait de répon­dre par « la voix des tri­bunaux ». Il accu­sait égale­ment Franz-Olivi­er Gies­bert, ancien PDG du Point, d’être à l’origine de ces accu­sa­tions et de vouloir le « détru­ire ». Con­tin­u­ant sur sa lancée, Jean-François Copé en prof­i­tait pour accuser l’ensemble des médias de vouloir sa peau…

Dans une tri­bune pub­liée sur le FigaroVox le lun­di 3 mars, la nou­velle plate-forme de débat du Figaro.fr, Me Giles-William Gold­nadel, avo­cat de Patrick Buis­son, et acces­soire­ment secré­taire nation­al à l’UMP, dénonçait les méth­odes du Point. « Les jour­nal­istes accusa­teurs se sont con­tentés de rap­porter des ragots de com­mu­ni­cants con­cur­rents qui con­firmeraient la “sur­fac­tura­tion” alléguée. Cer­tains éman­eraient du PS… », écrivait-il. Et de con­clure en sig­nifi­ant qu’il en voulait « moins aux jour­nal­istes du Point, qu’à une par­tie de la presse qui a embrayé allè­gre­ment par suiv­isme, oppor­tunisme, cor­po­ratisme et pourquoi non, sadisme inconscient ».

Le jour-même, Le Point con­tre-attaquait en pub­liant un arti­cle titré : « L’av­o­cat de Buis­son défend Copé dans “Le Figaro” ! » L’hebdomadaire se van­tait que ses révéla­tions soient « une inépuis­able source d’in­spi­ra­tion pour la presse ». Dénonçant le choix de Me Gold­nadel pour traiter ce dossier, Le Point écrivait : « Pour étay­er une telle accu­sa­tion, il fal­lait choisir un juriste de poids totale­ment impar­tial. Par­mi les 56 000 avo­cats exerçant en France (dont 23 000 à Paris), Le Figaro s’est finale­ment résigné à deman­der les lumières de Gilles-William Gold­nadel, con­seil de Patrick Buis­son… » Sauf que Le Figaro n’a pas « choisi » Gold­nadel, sa tri­bune étant pub­liée dans le cadre de ses chroniques heb­do­madaires sur le FigaroVox.

Mais le mag­a­zine con­tin­ue sa plaidoirie : « Incroy­able, mais vrai ! Un avo­cat qui, il y a trois semaines, avait annon­cé haut et fort (sans join­dre pour l’in­stant le geste à la parole) que son client déposerait plainte con­tre Le Point à la suite de nos révéla­tions sur ce con­seiller de l’om­bre de l’ex-prési­dent Sarkozy, qui enreg­is­trait les con­ver­sa­tions sen­si­bles qu’il a eues avec lui à l’Élysée. Un mod­èle d’analyse juridique, on s’en doute… » 

Un peu plus tôt dans l’après-midi, Éti­enne Ger­nelle, le nou­veau patron du Point, s’en était déjà pris à son con­cur­rent favori. Inter­rogé sur Canal+ dans « La Nou­velle Édi­tion » sur les aides de l’État touchée par son heb­do­madaire, il fai­sait aus­sitôt le par­al­lèle : « Il y a une aide à la poste de 4,6 mil­lions d’eu­ros. On est le jour­nal qui en touche le moins. Le Figaro qui défend beau­coup Jean-François Copé touche le triple. » Invité plus tard à réa­gir sur les fameuses unes « FOGi­en­nes » sur les francs-maçons, Ger­nelle rebondis­sait : « Ça fait très très longtemps qu’on a pas fait ça dans Le Point, c’est le Figaro Mag­a­zine qui l’a fait la semaine dernière. »

Con­nivent avec Copé, Le Figaro ? Dans son dernier édi­to­r­i­al, Yves Thréard a, sem­ble-t-il, voulu démon­tr­er le con­traire en cri­ti­quant la con­férence de presse de Jean-François Copé. Selon lui, le patron de l’UMP a com­mis une « erreur tac­tique » en pro­posant de ren­dre les comptes des médias trans­par­ents, moquant « des mots par­fois exagérés et des propo­si­tions qui traduisent plus une fébrile impro­vi­sa­tion qu’une mûre réflex­ion ». « Hors de tout réflexe cor­po­ratiste, quelle entre­prise privée peut accepter qu’on aille fouiller dans ses options stratégiques, ses choix compt­a­bles ? », a inter­rogé le directeur adjoint de la rédac­tion du Figaro. Et de con­clure : « On a con­nu le prési­dent de l’UMP plus libéral, et plus soucieux de la défense de la lib­erté d’expression… »

Une cri­tique suff­isante pour puremedias.com qui titre ce mar­di : « “Le Figaro” prend ses dis­tances avec Jean-François Copé ». La boucle est bouclée ?

Lire notre portrait d’Yves Thréard, un réac’ dans son genre

Crédit pho­to : ghis­lain­mary et jan­lauter­bach­er via Flickr (cc)